En janvier et février les Douanes marocaines ont collecté 1,7 milliard de dirhams de taxe intérieure à la consommation (la si bien nommée TIC) sur le tabac manufacturé. 

Autrement dit, le gouvernement fait son beurre avec un produit « qui tue ». Parce qu’on a écrit, en grand et bien visible, « FUMER TUE » sur le paquet pour montrer que les autorités du pays ont le souci de la santé des citoyens. 

C’est humain. Ce qui l’est moins, par contre, c’est de taper sur les fumeurs chaque fois que le budget est en difficulté. 

On ne peut tout de même pas s’attaquer au pain, au sucre, au thé! On sait ce que cela peut engendrer comme migraines. 

Par contre, les fumeurs n’oseront jamais protester. Ils ont déjà un pied dans la tombe et franchement, on ne va pas se casser la tête pour eux. D’ailleurs, on va les presser encore plus jusqu’à ce qu’ils lâchent tout le jus.

Pour l’année 2024, il doivent cracher 12,5 milliards de dirhams. Pas un centime de moins. On compte sur leur sacrifice patriotique. Ils se consument pour enrichir le trésor de leur pays. Des saints.

Réfléchissons une seconde. Fumer tue, dit l’Etat. Bien sûr que c’est bien, on prévient les citoyens d’un danger mortel, et c’est une des missions régaliennes de l’Etat.

La météo prévient quand il y a une tempête, une grosse chaleur, de fortes pluies… L’objectif est de sauver des vies. Jusqu’ici on est d’accord. Supposons la chose suivante: l’Etat sait qu’il va y avoir un ouragan mais il ne prévient pas les populations potentiellement touchées.

C’est grave et quelqu’un devra rendre des comptes. « Fumer tue » c’est comme les bulletins météo: faites attention, risque de grêle par exemple.

Mais qu’est ce qui se passe après? En cas d’intempérie, l’Etat fait intervenir ses moyens pour aider les citoyens à s’en sortir. Et pour les fumeurs? Rien, attention « Fumer tue, débrouillez-vous! ».

L’Etat va sauver des gens qui ne lui ont pas donné un centime et abandonne ceux qui lui donnent 12 milliards de dirhams par an. Avouez qu’il y a injustice.