Le Maroc n’est pas le Japon, mais…

Lorsque le Japon prit la décision irrévocable de s’ouvrir à la modernité, l’empereur Mutsuhito, dit l’éclairé, entreprendra dès lors de mettre en application une série de mesures qui devaient changer à tout jamais la place de son pays dans le monde.

Jusqu’en 1868, date de début de l’ère Meiji, le Japon était un pays particulièrement hermétique à toute influence étrangère, fusse-t-elle bonne ou mauvaise. Cette période de fermeture, qui devait durer plus de deux siècles et que les historiens appelleront Sakoku, correspondait à des temps de paix intérieure certes, mais une paix fragile, otage de la rigidité du système féodal.  

L’une des premières décisions prises par le Mikado pour libérer le pays de l’immobilisme était l’abolition des privilèges des Shoguns. Les nobles samouraïs ont consenti à rendre sabres et domaines. Un consentement responsable qui s’est traduit dans les faits par une concession purement patriotique.

À partir de là, le Japon va accélérer les réformes à plusieurs niveaux. La plus importante, pour ne citer qu’elle, restera sans aucun doute la réforme du système éducatif. L’Etat, qui avait décidé de faire de l’éducation obligatoire une priorité, s’engagera à créer des écoles en grands nombres pour y prodiguer un enseignement de qualité basé sur une philosophie compétitive, et qui permettra l’émergence en quelques décennies seulement d’une nouvelle génération de samouraïs : Mishima, Kurosawa, Honda, Toyota…et la liste est bien longue !

Ce survol de l’histoire de l’une des plus grandes économies de la planète peut s’avérer utile pour qui tente par tous les moyens dont il dispose, de trouver des débuts de réponses aux multiples interrogations que soulève la situation du Maroc en ce moment.

 Le Maroc n’est pas le Japon. Pas celui d’aujourd’hui du moins. Mais force est d’admettre que la situation au pays du soleil levant en 1868, rappelle à bien des égards celle que connaît le Maroc des « intentions pures ». 

Le Japon d’hier rappelle à s’y méprendre -toutes proportions gardées - ce grand pays qu’est le Maroc du 21e siècle. Un grand pays avec un grande histoire, en passe de devenir enfin cette grande nation que beaucoup attendent, et d’autres redoutent, par la multiplication -nous l’avons vu et continuons de le voir- des coups d’éclats diplomatiques et des coups de maitre dans les domaines de l’industrie, des énergies renouvelables et de la recherche de pointe dans des secteurs où personne ne l’attendait, comme l’industrie pharmaceutique…

Le Maroc est actuellement à la recherche de son propre modèle de développement et celui-ci passera inéluctablement par la réforme de l’éducation. Négliger la question de l’éducation n’est plus envisageable au même titre qu’il devient urgent de rompre définitivement avec les archaïsmes ! Les archaïsmes et non les traditions...

Les traditions devant à tout prix être préservées au risque de voir s’amenuiser avant de disparaître une identité acquise contre vents et marées au gré d’une histoire longue et tumultueuse. Tandis que les archaïsmes ne sont que le sauf-conduit qui permet au népotisme et à l’injustice économique (la pire de toutes les injustices), de résister pour durer, encore un peu, quelques temps, quelques siècles…une autre éternité !

L’heure est désormais à la concession ! 

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