Elections turques. Mustafa Kemal est revenu
Mustafa Kemal Ataturk. Les bases de la république moderne et laïque sont toujours fortes

Les municipales turques qui ont eu lieu dimanche 31 mars ont été une catastrophe pour le parti islamiste l’AKP du président Recep Tayyep Erdogan. Le peuple turc laïc a repris les choses en main. Le fondateur de la Turquie moderne Mustafa Kemal ne peut pas être déboulonné facilement.

Reconnaissant que son alliance "n'a pas obtenu le résultat escompté,  »Erdogan a réalisé que « le peuple turc a envoyé ses messages aux politiciens par le biais des urnes ». Pour lui, les résultats "seront un tournant pour le Parti de la justice et du développement ». Il a permis: "Nous analyserons les résultats des élections municipales et réexaminerons notre parcours ».

Chez les gagnants, c’est une autre ambiance. Le président du Parti républicain du peuple (CHP), Özgür Özel, a salué les bons résultats obtenus par les candidats du parti, soulignant que "ces résultats attestent que le CHP va mener une nouvelle politique dans le pays".

"Les électeurs ont décidé aujourd'hui de changer l'image de la Turquie. Le peuple a décidé d'équilibrer le pouvoir au niveau local et a également transmis un message important sur la manière de gérer notre pays", a poursuivi Özgür Özel depuis le siège de son parti à Ankara.

Qu’est-ce qui a mal tourné pour les islamistes? Principalement la situation économique du pays. L’inflation dépasse 67% et la monnaie nationale s'effondre chaque jour face au dollar. D’autres éléments ont également pesé dans la balance en faveur de l’opposition. Le kémalisme n’a pas disparu du pays, malgré la longue durée et le tapage des islamistes.

Selon certains analystes, si le taux de participation a dépassé 78%, c’est surtout grâce aux électeurs de l’opposition laïque. Les électeurs de l’AKP d’Erdogan ont préféré ne pas se déranger parce que déçus du bilan du président et du parti dans les villes et les régions. 

Des observateurs ont expliqué cette débâcle par les "erreurs flagrantes" commises par l'AKP lors de ces élections, notamment le choix de candidats locaux qui ne bénéficient pas d'une popularité suffisante et la concentration pendant la campagne électorale sur de grands projets entrepris par la Turquie, sans accorder suffisamment d'attention aux problèmes quotidiens auxquels sont confrontés les électeurs.

D’autres expliquent que le sujet de la « cause palestinienne » n’est plus une carte gagnante des élections en Turquie. Le peuple qui a été sévèrement touché par la crise économique voudrait qu’on pense d’abord à lui.  

Avec AFP