Étude : les Marocaines de plus en plus fécondes
Les Marocaines, plus jeunes au premier mariage et plus fécondes,

Le taux de fécondité au Maroc continue sur sa tendance haussière des dernières années. Une récente étude de Policy Center For The New South (PCNS) analyse cette évolution et ses implications démographiques.

Sous le thème " L’évolution récente de la fécondité au Maroc : Changement dans la continuité ", le Policy Center For The New South (PCNS) vient de publier les résultats d'une étude signée par le chercheur Aziz Ajbilou Karim El Aynaoui. Une analyse des données concernant le taux de fécondité au Maroc, son évolution durant ces dernières années avec une projection sur l'évolution attendue à court et moyen terme en tenant compte du contexte économique et social.

Légère évolution

Dans une note explicative, le Policy Center For The New South (PCNS) nous apprend que cette étude a été réalisée en se basant sur les données des recensements et des enquêtes réalisées par le Haut-commissariat au plan (HCP), le ministère de la Santé, et l’Observatoire national du développement humain (ONDH). En se penchant sur les changements de la fécondité au Maroc depuis 2010, cette nouvelle étude révèle une "légère reprise" après une période de stagnation.

Cette tendance reste plus accrue en milieu urbain. Les citadines marocaines ont enregistré un taux de 2,2 enfants par femme en 2019 contre 1,8 enfant en 2010. La fécondité des femmes des zones rurales a cependant continué de baisser jusqu’à 2014 pour atteindre 2,5 enfants par femme. Une légère reprise est toutefois enregistré en 2019 avec un taux de fécondité de 2,7 enfants par femme.

Plus fécondes et plus jeunes au premier mariage, c'est ce que nous apprend la même étude. D'après ses auteurs, cette reprise de la fécondité a été doublée d’une baisse de l’âge au premier mariage chez les femmes. Un fait observé aussi bien chez les femmes instruites que chez les moins instruites, chez les citadines comme chez les femmes issues du milieu rural. L'étude dévoile un taux de prévalence contraceptive qui avoisine les 70 %. Selon ces données, cette baisse de l’âge au premier mariage a ostensiblement influencé le comportement procréateur des couples marocains en faveur d’une légère hausse de leur fécondité.

Plus jeunes au premier mariage

L'étude évoque par ailleurs les difficultés à intégrer le marché du travail pour les femmes comme facteur favorisant cette évolution malgré une scolarisation plus développée. Explication ? " Ce qui est surprenant, c’est que cette reprise de la fécondité se fait parallèlement à une expansion de la scolarisation chez les filles. Une expansion qui se heurte, en revanche, aux freins liés à l’accès des femmes à l'emploi en dehors de la sphère familiale. Cette situation pourrait être à l’origine de la baisse de l’âge au premier mariage et, par conséquent, de la reprise observée en matière de fécondité", analysent les auteurs de l'étude.

Si de 1960 à 2010, le Maroc a présenté un schéma " classique " de baisse de fécondité, il a marqué toutefois à partir de 2010, une certaine reprise. En chiffres, l’indice synthétique de fécondité indique une légère hausse du nombre d’enfants chez les femmes marocaines en passant de 2,2 par femme, lors de l’enquête de 2009, à 2,4 enfants par femme lors de l’enquête sur la santé et la famille réalisée par le ministère de la Santé en 2018, puis à 2,3 en 2019, selon l’enquête panel des ménages réalisée par l’Observatoire national du développement humain. Une tendance haussière qui s'inscrit désormais dans la continuité ? Les auteurs de l'étude estiment qu'il est encore tôt pour se prononcer clairement sur le caractère permanent ou temporaire de cette évolution qui ne signifie pas forcément un retour à une forte fécondité.

" Il est certain que les normes sociales et culturelles de l’institution familiale marocaine d’aujourd’hui, de même que les conditions économiques et sociales des couples, sont loin d’être favorables à une forte fécondité", notent les auteurs de l'étude. Selon PCNS, les résultats du recensement de la population et de l’habitat prévu en 2024, combinés à des recherches qualitatives sur le comportement procréateur des femmes marocaines, pourraient aider à bien comprendre cette nouvelle tendance de la fécondité au Maroc et tirer une conclusion claire sur ses motivations et son ampleur.