Taux directeur de Bank Al-Maghrib : Stabilité ou réduction?
La réunion du 25 juin de Bank Al-Maghrib sera décisive pour son taux directeur.

La réunion du 25 juin de Bank Al-Maghrib sera décisive pour déterminer son taux directeur. À l'échelle mondiale, la tendance est à la stabilisation ou à la baisse. Quelle stratégie la banque centrale devrait-elle adopter, et quels seraient les impacts économiques dans chacun de ces scénarios ? Analyse.

Les prévisions des investisseurs marocains, issues d'une enquête d'Attijari Global Research (AGR) auprès de 35 acteurs clés du marché financier, indiquent une forte probabilité de stabilité du taux directeur de Bank Al-Maghrib lors de sa prochaine réunion de politique monétaire le 25 juin. Sur la base des réponses obtenues, la probabilité de maintien du taux est de 93%, contre seulement 7% pour une éventuelle réduction de 25 points de base. Aucune perspective d'augmentation n'a été envisagée », précise le centre de recherche dans une note détaillée.

Badr Zaher Alazrak, économiste à la FSJES de Mohammedia, partage cet avis. Selon lui, les banques centrales à travers le monde tendent soit à réduire, soit à stabiliser leurs taux directeurs. Il précise ainsi que le Maroc devrait suivre cette tendance, privilégiant une diminution des taux dans un contexte mondial visant à réajuster l'économie et à stimuler la demande par des financements accessibles.

Stabiliser ou réduire?

En début d'année 2024, Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir inchangé son taux directeur à 3%, estimant que ce niveau est approprié pour ancrer les anticipations d'inflation et soutenir un retour à des niveaux conformes à l'objectif de stabilité des prix. Alazrak observe que « les taux d'intérêt, qu'ils concernent les crédits à la consommation ou les investissements, sont influencés par le taux directeur des banques centrales, utilisé pour maîtriser l'inflation. Aujourd'hui, avec la baisse et la stabilisation de l'inflation dans de nombreux pays, ce mécanisme est moins crucial. »

Il ajoute que « l'objectif est désormais de stabiliser les taux d'intérêt ainsi que les prix des biens et services. » L'économiste met en garde contre « l'inflation négative, synonyme d'une forte réduction de la demande mondiale, susceptible d'entraîner des faillites d'entreprises, une réduction de la croissance économique, une diminution de l'emploi et une augmentation du chômage. » Il estime que la banque centrale se trouve à un carrefour où elle peut soit maintenir les taux actuels, soit entamer une baisse progressive des taux d'intérêt.

Défis à relever

Alazrak affirme qu’actuellement, le marché marocain connaît un ralentissement de la demande et un besoin accru de liquidités, tant pour les investissements d'entreprise que pour les prêts aux particuliers et aux ménages. Il ajoute que les entreprises marocaines ont besoin d'accéder à des financements à des taux abordables. Plus de 20 000 nouvelles sociétés ont été créées selon le dernier rapport du HCP. « Ces entreprises récentes nécessitent naturellement des financements pour développer leurs investissements et leurs activités, représentant ainsi une opportunité positive pour notre économie », explique-t-il. « Surtout dans leurs premières années d'existence, de nombreuses nouvelles entreprises font face à d'énormes défis pour survivre. L'accès à des financements abordables est crucial pour éviter les défaillances, en particulier dans des secteurs comme l'immobilier qui dépendent fortement des prêts immobiliers. »

Dynamiser l'économie

L’économiste relève que « les taux d'intérêt élevés et les garanties importantes exigées pour les prêts constituent des obstacles majeurs. Une réduction du taux directeur est justifiée pour dynamiser l'économie. »

En résumé, Alazrak reste convaincu que Bank Al-Maghrib se trouve à un moment clé, avec deux options principales : s'inspirer des États-Unis en maintenant la stabilité en attendant l'évolution du marché mondial, notamment américain, à court terme, ou emboîter le pas à l'Europe qui a opté pour une baisse de ses taux d'intérêt pour stimuler l'économie intérieure, étant donné la maîtrise progressive de l'inflation. Il insiste par ailleurs sur la nécessité de prendre en compte le marché intérieur, la demande interne et les considérations de développement national.