PAM . Arrêtez ce massacre et revenez aux fondamentaux!
Fatima Zahra Mansouri, une des têtes du PAM. Une gouvernance dénuée de sens

Le PAM fait l’actualité en ce moment et ce n’est pas nécessairement positif. Néanmoins, ce n’est pas l’affaire du dirigeant limogé qui pose problème, en tout cas elle n’est pas la seule. C’est le mode de gouvernance qui interroge sur sa viabilité à un moment où la politique est devenue une technologie de haute précision.

Commençons d’abord avec une certitude. L’histoire politique du Maroc ne peut pas être racontée sans une mention spéciale pour le Parti Authenticité et Modernité, le PAM. Ses initiales sont devenues d’ailleurs très célèbres, dépassant même celles de partis plus anciens, et il y a des raisons à cela.

En premier lieu, le moment précis où ce parti a vu le jour. Le Maroc se trouvait dans une situation de coma politique avec des partis qui n’arrivaient plus à se renouveler et qui de ce fait laissaient le champ libre à des formations populistes qui ont su exploiter les passions des Marocains pour arriver à leurs fins.

Deuxièmement, le projet de ce parti était clair et bien compréhensible par la majorité des Marocains. Réunissant des compétences de plusieurs sensibilités, il posait les bases d’une nouvelle réflexion sur l’avenir du pays, obligé de se moderniser. Le PAM a su proposer aux Marocains une voie pour cette modernisation sans toutefois qu’ils y perdent leur âme. D’où évidemment son nom, authenticité et modernité.

Vient ensuite, en troisième lieu, la qualité des animateurs du parti qui tranchaient de manière catégorique avec celle des autres personnalités politiques avec leur discours éculé et monotone. Les Marocains ont commencé à entendre un autre discours voir de nouveau visages, la vie politique s’était beaucoup rafraîchie. Une nouvelle ère pouvait commencer. Et elle coïncidait avec la vision royale pour un Maroc moderne, bien ancré dans son histoire et dans son patrimoine culturel et civilisationnel.

Tout cela est bien, les Marocains ont suivi et le PAM a pu prendre sa place parmi les trois partis de tête. Il a donc réussi, certes, mais comme l’ambition de tout parti est de diriger le gouvernement, il lui reste tout de même un sacré bout de chemin.

Se pose alors la question fondamentale suivante: le PAM pourra-t-il réaliser ses objectifs avec sa configuration actuelle? Et là, il y a un sérieux débat. Qu’est-ce que nous avons actuellement? Un parti sans tête, ou plutôt avec trois têtes dont l’une vient de tomber pour des raisons éthiques. Est-on sûr qu’un parti peut être dirigé de la sorte? Négatif.

Pourquoi? Pour la simple raison que cette formule donne à penser que le parti n’est pas uni. S’il n’arrive pas à se gouverner lui-même, comment pourrait-il gouverner le pays? On le sait, en politique, le mode de gestion d’un parti détermine le mode de gouvernance appliquée au pays entier.

Bien sûr, le parti a démontré qu’il ne transigeait pas avec les questions éthiques. C’est une bonne chose, mais qui peut, tout aussi bien, se retourner conte lui. On peut se demander comment a-t-on pu laisser une personne compromise accéder à la direction du parti et par conséquent est-on sûr que cela ne se reproduirait jamais.

Qui va prendre la responsabilité de cette situation? Ce n’est pas clair du moment que nous n’avons pas un responsable unique à la tête du parti. Les responsabilités vont être diluées ce qui ne permet pas de résoudre les questions vitales du parti.

Il aurait été pourtant plus judicieux et salutaire pour le parti de lui donner un dirigeant unique, responsable devant le Conseil national et devant les citoyens qui lui ont accordé leur confiance. Ce serait à lui de terminer les objectifs du parti et les moyens pour les atteindre. Il sera jugé sur un bilan réel et objectif.

Là oui, ce dirigeant aura une motivation pour bien armer le parti pour faire face aux échéances futures. s’il est jeune ce sera un bonus, puisqu’aujourd’hui’, la jeunesse est le capital le plus important du pays.

Il se trouve que le parti est très bien doté en compétences jeunes, hautement instruites et surtout profondément investies dans la modernité technologique, politique, culturelle, sociale, sportive...

Les prochaines élections législatives vont être très serrées et les prétendants sont nombreux. Commet le PAM pourra-t-il gagner la bataille? On ne pourra pas répondre par contre on sait comment il risque de la perdre. Sans une direction rigoureuse et une gouvernance efficace, il ne pourra pas espérer aller plus loin.

Il est peut-être temps de revoir les structures et arrêter de perdre du temps avec des considérations qui ont plus l’air d’être tribales que politiques. Un parti se dirige comme une entreprise, il y a un leader qui mobilise des collaborateurs tous animés par le même désir de gagner. Remarquons au passage que la majorité des grands patrons des firmes multinationales sont jeunes.

Puisque le parti a déjà un leader aux commandes qui s’appelle Mohamed Mehdi Bensaïd pourquoi ne pas arrêter le massacre et lui donner la responsabilité entière? Il est investi à 100% dans sa mission politique et a assez d’ambition pour le parti et pour le Maroc pour lui faire confiance. En plus, c’est un démocrate, le parti ne risque pas de sombrer dans la dictature interne comme certains partis qui ont été d’ailleurs lourdement sanctionnés lors des élections précédentes.

Les Marocains n’aiment pas les choses compliquées. Le PAM le sait certainement.