20 août. Un discours fondateur

Tout dans le discours royal prononcé à l’occasion du 60ème anniversaire de la révolution du Roi et du peuple est marqué du sceau de la nouveauté et de l’inédit.

Tant sur le plan du fond que sur celui de la forme nous trouvons des éléments substantiels qui démontrent que la communication royale a franchi un nouveau stade de performance et se déploie, désormais, d’une manière directe et explicite avec un niveau de langage accessible au plus grand nombre.

Une langue fleurie qui n’hésite ni à convoquer des éléments de vie personnelle, ni des souvenirs historiques, ni des émotions qui par le passé étaient tues ou mises au second plan.

Ce choix de communication n’est à l’évidence pas fortuit.

Sur le plan personnel, la volonté, aujourd’hui, de communiquer différemment et d’atteindre autrement par un langage simple le coeur et l’esprit des gens est certainement à mettre en rapport avec l’anniversaire du Souverain qui fête ses 50 ans.

Un âge de maturité et de raison, un âge d’accumulation d’expériences qui autorise une appréciation plus émotionnelle voire plus paternelle des choses et êtres.

Quand le souverain convoque son enfance, sa scolarité, son parcours universitaire, il donne à son propos tranchant sur les problèmes de l’éducation nationale, et des échecs auxquels elle aboutit, une densité jamais égalée dans la description de ce naufrage national.

Le vécu personnel, la responsabilité de père, l’engagement du citoyen viennent ici relayer la détermination du Chef de l’Etat qui pousse sans mangement, et par jalousie patriotique, le gouvernement à assumer, une fois pour toutes, sa part de responsabilité, en particulier, dans ce domaine.

Par ailleurs, le niveau de langage choisi par le Souverain dans ce discours, historique à tous égards, donne sur le plan politique une charge puissante.

La proximité du langage, son accessibilité, et la rhétorique qu’il construit donnent un relief particulier à l’indignation que l’on ressent fortement au sujet de l’impossibilité, à ce jour, de réformer utilement notre système éducatif et de le faire renouer avec le succès et la réussite.

Une image à elle seule montre à la fois la puissance du verbe déployée et l’ampleur de cet échec quand certaines filières universitaires sont assimilées à des « usines à chômeurs ».

SM le Roi a choisi, sans conteste, le parti du discours de la vérité dans un domaine où les Marocains souffrent dans la chair de leur chair, c’est-à-dire leurs enfants et où la société marocaine expérimente tous les drames liés à l’absence d’espoir personnel, de perspectives professionnelles ou d’activités économiques dignes.

Plus précisément, au niveau de la gestion gouvernementale actuelle du secteur de l’éducation la sanction est sans appel.

Il faut d’urgence se réinscrire dans la continuité des stratégies élaborées par les prédécesseurs, qui ont nécessité des efforts, notamment financiers, considérables, et arrêter de déconstruire, chaque 5 années, ce qui a été fait précédemment.

La Nation a besoin de capitaliser sur toutes ses expériences gouvernementales dans la continuité et non pas perdre son énergie et ses ressources chaque cinq années à tout recommencer sans résultats tangibles.

Dans les démocraties avancées les alternances politiques au pouvoir n’ont jamais signifié une déconstruction méthodique de ce qu’on faut les prédécesseurs.

C’est une question de cohérence de l’action de l’Etat et un enjeu de sa continuité.

Le gouvernement du Maroc, dans le sens de la gestion du pays, ne peut se satisfaire continuellement, et en dehors des choix cruciaux et des temps forts que prévoit la démocratie, pour ce qui concerne les besoins fondamentaux des citoyens et des défis majeurs de la Nation, d’une surenchère politicienne absurde ou d’une surexcitation idéologique permanente et sans objet.

MAP

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