Osain del Monte : Les ambassadeurs de la Rumba cubaine à Essaouira !

Puisant dans les racines de l’héritage africain, le jeune percussionniste cubain Adonis « panter » Caldéron et son groupe cubain Osain Del Monte ont réussi une fusion explosive avec le Maâlem Hassam Boussou en ouverture de la dernière édition du Festival Gnaoua d’Essaouira. La formation réputée pour inventer et défendre chaque jour l’identité cubaine d’hier et de demain a aussi présenté son projet musical autour de l’art et de la musique afro-cubaine au Borj, dans une ambiance plus intimiste. La maîtrise et la force entraînante des musiciens et danseurs nous ont fait découvrir un univers éblouissant de magie : la musique populaire cubaine et internationale, qui a gardé l’authenticité de cette musique ancestrale.

Longtemps directeur du groupe « Yoruba Andabo », Adonis « panter » Caldéron est un véritable prodige de la percussion afro-cubaine. En 2012, il crée son propre groupe : Osain Del Monte, réunissant la jeune génération montante de chanteurs, danseurs et percussionnistes de la Havane. En défendant sur les plus grandes scènes de la Havane les musiques issues de rites sacrés les plus « afro » de la tradition cubaine (santeria, pablo, abacua, ivesa, rumba, columbia…), ils deviennent en quelques mois les ambassadeurs de l’identité afro-cubaine dans le pays. Venu du monde entier, des spectateurs aussi prestigieux que Madonna ou les Rolling Stones se pressent pour ne pas rater leur spectacle incomparable. Les groupes salsa les plus importants du moment (Habana de Primera, Los Van-van, El Nino y la Verdad, Elio Revé…) les invitent à participer à leurs albums.

Ça vous fait quoi de vous produire pour la 1ère fois dans un pays africain comme le Maroc ?

Oui, c’est la première fois et j’espère que ce n’est pas la dernière. Je suis ravi et je ressens beaucoup de joie, c’est comme une sorte de fête musicale, … j’ai joué dans plusieurs endroits dans le monde, je trouve que ce festival a une super sélection qu’on ne retrouve pas partout.

Comment avez-vous vécu la fusion avec le Maâlem Hassan Boussou ?

Je croyais que ça allait être difficile pour réussir cette fusion, parce que je n’avais aucune connaissance de la musique gnaouie. Mais quand on a commencé à répéter ensemble,  j’ai senti et compris qu’il s’agissait de musique ancestrale, traditionnelle. Quand on s’est vu et rencontré, on a ressenti la même chose, on a tout de suite compris qu’on allait se matcher et que la fusion allait fonctionner.

On a fait deux répétitions, j’ai écouté un peu ce qu’il jouait, comme je ne connaissais pas du tout, et après, karim Ziad m’a expliqué un peu les codes, et ça a été facile. On s’est tout de suite compris au niveau rythmique.

Est-ce que vous connaissiez un peu le festival de Gnaoua avant ?

Non, pas du tout, je viens de le découvrir. Ce lieu est juste merveilleux et très inspirant.

Vous avez eu le temps de visiter un peu la média ?

Oui, c’est génial, ça a un cachet un peu colonial…médiéval… historique

Vous avez aussi présenté lors d’un autre concert plus intimiste votre projet musical. De quoi s’agit-il ?

On a joué la musique cubaine, la Rumba qui a la particularité d’être une musique profane qu’on joue pendant les fêtes. C’est une musique pour se divertir, elle est à notre image, nous, les Cubains. C’est un genre métissé qui fusionne le son, le Chen Gui et les rythmes cubains. La première partie, on a joué la partie Folklore, plus religieuse, avec des représentations d’Orishas, des Gwa, avec plusieurs personnages qui défilent : comme celui de la fille en rouge qui ouvre et ferme le concert, le « Chango » qui symbolise le Dieu du Tonnerre, à la fois fort et coquin, ou alors la représentation de la femme, douce, sensuelle, …. ce sont en fait les descendants de la religion afro-cubaine Yoruba, il y avait aussi la représentation d’un autre personnage dans son costume de toile et qui fait référence au petit diable.

Constitué il y a 7 ans, votre formation regroupe de jeunes percussionnistes qui mixent des rythmes ancestraux avec des sonorités modernes. Est-ce que ce genre de musique est en perdition ?

Non, c’est toujours vivant, j’ai un fils de 12 ans qui joue comme nous. C’est un don de famille, on est des héritiers de ce genre de musique. Cela fait longtemps qu’on joue avec ces musiciens, ils sont très doués, on avait déjà joué dans un petit groupe, il y a même un documentaire qui nous a été dédié…J’ai commencé dans ce domaine très jeune et j’ai travaillé avec les maîtres, c’est la même philosophie que les Gnaoua, ça se transmet de génération en génération ; c’est une tradition familiale et c’est toujours très vivant à Cuba. Je transmets ma vision des choses, ce que je ressens et c’est comme ça que je le fais.

Votre groupe est célèbre au niveau national et international. Qu’est ce qui vous distingue des autres formations ?

Constituer ce groupe a été le rêve de ma vie, j’ai eu la chance d’intégrer de bons musiciens avec moi. J’ai déjà joué avec d’autres groupes mais là, c’est différent. Vous savez, j’ai été repéré par pleins de gens à Cuba et à l’extérieur, et je crois que ce qui les intéresse c’est que ma musique est authentique et vivante et mon jeu est vrai. La Rumba est une musique super actuelle, les percussions résonnent pendant les fêtes, dans les barrios, les quartiers, …, On a la chance de faire et de vivre de ce qu’on aime, on est de grands passionnés et les gens sentent que notre jeu est vrai et authentique !