SANTÉ PUBLIQUE Les dossiers chauds de la rentrée
El Hossein El Ouardi ministre de la Santu00e9.

TENSION Polémique autour des prix des médicaments, alerte au risque d’industrialisation dans le secteur pharmaceutique, cris de colère contre l’ouverture du capital des cliniques au privé… Pour éviter des complications…sociales, le ministre de la Santé est appelé à agir...et vite.

La décision est prise. Les prix d’un millier de médicaments seront bientôt revus à la baisse. « Je m’étais déjà mis d’accord sur cette mesure avec Abdelkader Amara, lorsqu’il était en charge de l’industrie, et avec Najib Boulif, quand ce dernier tenait le département des Affaires Générales », confie El Hossein El Ouardi à L’Observateur du Maroc. Sauf que le changement opéré au sein du gouvernement en a retardé l’application. Sans perdre du temps, le ministre de la Santé annonce qu’il va se réunir avec My Hafid Elalamy, nouveau ministre de l’Industrie et Mohamed El Ouafa, qui est désormais à la tête des Affaires générales, pour réentériner la décision. La réaction commune de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (AMIP), Maroc Innovation Santé (MIS) et l’Association marocaine des médicaments génériques (AMMG) n’y changera donc rien. Pour rappel, ces organisations s’étaient attaquées au projet de décret élaboré par le ministère de la Santé instituant un nouveau mode de calcul des prix des médicaments. Pour El Ouardi, les concertations avec tous les professionnels concernés ont duré près de 20 mois et la plupart des points repris dans le décret ont fait l’unanimité.

Conclusion : rien n’arrêtera le processus. El Ouardi à fond pour la préférence nationale « Je suis un fervent défenseur de la préférence nationale », répond le ministre de la Santé à l’évocation de la requête qui lui a été présentée, et plusieurs fois rappelée, par le président de Sothema concernant la protection de l’industrie locale face à certains importateurs. Pour rappel, cette société avait saisi le département de la santé de cas de dumping qui auraient été opérés dans l’importation de l’insuline par Novo Nordisk. « Je n’ai pas reçu le rapport définitif. Quand ce sera fait, je déciderai en conséquence », assure El Ouardi. A noter que la commission ministérielle ayant étudié ce cas a conclu que « des éléments de preuve présentés dans la plainte déposée par Sothema sont suffisants pour justifier l’ouverture d’une enquête antidumping sur les importations d’insuline originaires du Danemark ». En tout cas, le ministre de la Santé souhaite inscrire cette question de « préférence nationale » dans le texte global élaboré par le gouvernement et qui est, selon lui, fin prêt. « L’objectif, de ce texte, rappelle-t-il, est la protection de toute l’industrie nationale, en prenant en compte les règles édictées par l’OMC. » En attendant, le risque de désindustrialisation devient sérieux. Sur ce registre, Maghreb Steel doit faire réfléchir tous les responsables concernés. Des cliniques SA ou SARL « Il faut oser ! », répète El Ouardi en abordant l’épineuse question de l’ouverture du capital des cliniques privées au privé et donc à des investisseurs qui ne sont pas médecins. Et le ministre ose à ce propos crier des vérités qui fâchent. « Parmi les cliniques privées qui opèrent déjà, certaines sont détenues par des non-médecins », clame-t-il. Et d’ajouter : « Elles exercent déjà sous le statut, non formalisé, de SA et de SARL. Je ne vais donc rien faire d’autre qu’adapter la loi 10-94 à la réalité ». En invitant les cliniques privées à sortir du flou où elles baignent actuellement, El Ouardi promet de les faire profiter de la commande publique estimée à 2 milliards de DH qui pourrait être mobilisée dans le cadre du Ramed. Là encore, pas question pour lui de faire marche-arrière.