Raimbault, la nouvelle révélation de la pop française
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Interview réalisée par Kawtar Firdaous

Auteur, compositeur et interprète français, Sébastien Raimbault est un passionné de la musique pop française. Adolescent, il apprend à jouer de la guitare de façon autodidacte, et à l’âge de 14 ans, il commence déjà à faire des reprises d’artistes connus. Avec sa pop teintée de sons acoustiques et électros, et sa voix particulière et chaleureuse, il revisite les chansons d'artistes connus tels que Stromae, Bruno Mars, Adele, Rihanna ou Maroon 5. Ancien lauréat de Studio 2M, il enchaîne les singles aux textes profonds et touchants. Adopté à l’âge de 3 mois, cet amoureux de Stromae dit être « un écorché vif qui vit sur scène en exprimant ce qu’il ressent ». A 31 ans, Raimbault, de son nom d’artiste, voit son univers musical mûrir, inspiré dit-il, par la pop internationale. Cet amoureux des textes français veille cependant à « garder un côté fun pour donner le sourire aux gens ». Rencontre avec un artiste qui rêve d’un bel avenir, un peu à l’image des grandes stars de la pop française et internationale.

L’Observateur du Maroc. Vous vivez au Maroc depuis 2008, pourquoi avoir choisi de vous installer à Casablanca ?

Sébastien Raimbault Je ne connaissais pas du tout le Maroc. Je suis arrivé ici avec un contrat de travail. Depuis, je suis enseignant d’éducation physique et sportive dans une école privée à Casa. C’est mon métier de base, et la musique, c’est avant tout une passion.

D’où vous vient cette passion pour la musique ?

J’ai toujours écouté de la variété française et la musique pop française. Je suis guitariste à la base, et ce, depuis mes 14 ans. Je suis autodidacte, je n’ai jamais pris de cours de solfège. J’aime rester dans l’instantané. Aujourd’hui, je m’essaie également au piano. J’ai toujours chanté des reprises mais je m’intéresse également à la composition. Cela fait quatre ans que j’écris et que je compose mes propres chansons.

En 2010, vous êtes finaliste à Studio 2M, quel souvenir en gardez-vous ?

Au départ, je ne connaissais pas du tout cette émission et ça m’est tombé dessus à un peu par hasard. Je suis arrivé sans aucune prétention, j’ai tapé dans l’oeil du jury, qui était à l’époque Christie Carreau et Malek et je me suis retrouvé finaliste de Casa. C’est une très bonne expérience de plateau télé, l’atmosphère était particulière, il y avait des milliers de téléspectateurs. On est comme dans un rêve, tout le monde s’occupe de vous, les maquilleuses, les coiffeurs, on est aux petits soins pendant la durée de l’émission. Mon passage à Studio 2M n’était qu’une étape pour moi. Ça m’a donné confiance en moi et depuis, je continue de travailler ma voix avec la coach de l’émission, Christie Carreau. Ça m’a permis également de m’intégrer dans la culture marocaine, de rencontrer beaucoup d’artistes marocains et surtout de me faire connaître dans le milieu de la musique au Maroc.

Vous êtes connu au Maroc ?

En 2011, mon premier single Marhba, diffusé sur 2M a cartonné. J’avais écrit sur l’accueil des marocains. Dans ce pays, je me sens un peu chez moi, les gens sont très accueillants et ils m’ont vite adopté. En France, les gens sont plus individualistes, chacun pense à son petit bout de pain. Ici, les gens qui ont le moins donnent le plus. D’ailleurs, dans la chanson, je le dis : « ce qui est à moi est à toi ».

Vous êtes surtout connu pour vos covers sur les réseaux sociaux ?

Je continue toujours pour le plaisir, de faire des reprises. Les recherches d’interprétation sont plus un travail personnel. Ces covers m’aident beaucoup pour l’album que je suis en train de préparer. Cela dit, pour avancer, il faut que je me détache des reprises.

Vous avez sorti plusieurs singles sur internet, c’est plus facile de se faire connaître sur les réseaux sociaux lorsqu’on débute dans ce domaine ?

Il y a beaucoup de gens qui me suivent sur les réseaux sociaux, Facebook et Youtube, et je tiens à les remercier parce c’est grâce à eux que je fais tout ça. Il y a près de 5000 personnes qui m’encouragent sur ma page personnelle. Depuis quatre ans, le travail commence à émerger. Pour se faire connaître, internet est un super outil. Aujourd’hui, avec le piratage, l’industrie du disque se casse la figure. Je n’ai pas sorti de single mécanique, mais j’ai écris des chansons comme « La vie, c’est pour maintenant » qui a été diffusée sur les ondes des radios et des télés. J’ai également écrit « Il reste tout de toi », en hommage à une personne proche qui nous a quittés il y a un an et demie et les ventes ont été versées à une association caritative aui aide les enfants privés de famille. Aujourd’hui, je fais de la co-production aussi et je collabore avec le producteur canadien Stéphan Lukacic, installé au Maroc depuis 15 ans.

Vous êtes aussi un mordu de la scène ?

La scène accroche énormément. Je chante depuis très longtemps dans des concerts et divers spectacles en France et au Maroc. Je suis déjà semi-professionnel. Cet été, lors de la tournée en or 2013, j’ai fait des premières parties de grandes scènes en France, notamment à Lille, Marseille, Bordeaux,… ça m’a permis de rencontrer Sheryfa Luna, Tal,..

Les sujets qui vous tiennent à coeur ?

Les émotions, la rue, la vie de tous les jours… Je ne suis pas un chanteur philosophe, ou un poète. J’écris des textes très simples et accessibles, des choses que les jeunes et les plus âgés peuvent comprendre et assimiler. J’ai été adopté à l’âge de 3 mois, j’ai perdu mon père adoptif à 12 ans et j’ai dû m’occuper très jeune de ma mère malade. Je suis un écorché vif qui vit sur scène en exprimant ce que je ressens. Cela dit, j’aime bien garder ce côté fun pour donner le sourire aux gens et ne pas toujours dire que tout va mal. C’est pour cette raison aussi que j’adore les textes de Stromae.

Ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?

C’est de transmettre aux gens et de partager avec le public. Quand on chante sur scène, on s’aperçoit qu’on a beaucoup de points communs avec les gens et pour moi, c’est toucher les gens avec les mots, avec ma voix, avec mon univers ; les faire rire, pleurer, les mettre en colère. De nos jours, l’être humain perd de plus en plus ces émotions parce qu’il a peur d’être jugé. Or, les émotions font partie de nous et j’ai l’impression qu’on se crée tous des carapaces pour ne pas montrer ce qu’on ressent.

Ce qui est le plus dur dans ce métier ?

C’est d’être sur scène car pour y arriver, il faut se battre comme un chien. Ce que j’aime le moins, c’est un peu l’envers du décor. Le milieu musical, et artistique en général est un peu particulier. Tout le monde veut gagner de l’argent mais moi actuellement, ce n’est pas l’argent qui m’intéresse, c’est la musique au sens propre, c’est transmettre, c’est faire voyager les gens. Je refuse de jouer avec les émotions des gens.

La politique, ça vous intéresse ?

Oui, comme tout citoyen. Je regarde les infos, je me documente. Ce qui se passe en France actuellement n’est pas très joli. Je ne suis pas pessimiste de nature mais je ne vois pas d’issue pour la France. Je n’arrive pas à me situer politiquement. Je pense que plusieurs valeurs se perdent, comme les valeurs propres au travail et à l’éducation. Si on veut réussir dans n’importe quel milieu, rien n’est simple. Les valeurs de la persistance et de croire en soi volent en éclat. Aujourd’hui, on a tendance à baisser les bras rapidement et on ne fait plus d’effort parce qu’on est en permanence entouré de technologies qui nous simplifient la vie. Il y a un chômage grandissant et une politique qui me fait peur, comme la montée du Front national en France. Je trouve leurs nouvelles méthodes inacceptables et j’estime que c’est atroce de fermer les frontières et de contrôler au maximum l’immigration. La France a toujours été un pays d’accueil et tout le monde a droit d’asile. Je pense à la petite lycéenne kosovarde Leonarda qui a été renvoyée dans son pays, je trouve cela inadmissible et aberrant. Au Maroc, l’histoire du baiser de Nador m’a beaucoup choqué surtout qu’il s’agit d’ados. Je suis conscient et je respecte qu’au niveau religieux, il soit interdit de manifester des baisers dans la rue et qu’il faut une certaine décence, mais c’est une expérience de vie et quand on aime quelqu’un, on le dit. C’est condamnable mais il ne faut pas perdre de vue l’essentiel, les meurtres, les viols, les séquestrations, le trafic de drogue, la prostitution, … Il y a plusieurs affaires qui ne sont pas jugées aussi rapidement que cette affaire.

Vos projets d’avenir ?

J’espère sortir mon premier album l’année prochaine. Ça va être plutôt pop avec des sons éléctros et des paroles françaises. Dans mes textes, j’écris sur ce qui m’entoure, sur mes émotions du moment, ça peut être la joie, la tristesse, un ras-le-bol de la mauvaise foi des gens, de l’hypocrisie… Je parle de thèmes assez généraux et j’essaie d’exprimer ce que je ressens.