« La région RSK est le deuxième contributeur du PIB du Maroc »

ENTRETIEN AVEC Abdellah Abbad,

Président de la Chambre de Commerce d’industrie et des services de Rabat-Salé-Kénitra

La Région La région Rabat-Salé-Kenitra est en pleine mutation, avec en toile de fond une dynamique économique importante. Or, dans cet élan, la CCIS joue un rôle moteur, nous dit Abdalah Abbad. Dans l’entretien accordé à L’Observateur du Maroc et d’Afrique, le président de la CCIS s’arrête aussi sur l’attractivité de la région, ses atouts et les chantiers en cours et à venir.

L’Observateur du Maroc et d’Afrique:

Comment la région Rabat-Salé-Kénitra participe-t-elle au développement du pays ?

Abdellah Abbad : Avec une superficie de 18.383 km, la région compte 3 préfectures et 4 provinces. En matière de création de richesses, elle est classée deuxième avec un PIUB de 62 MMDH (2016), soit 16% du PIB global.

C’est aussi la deuxième région la plus peuplée du Maroc après Casablanca-Settat (recensement 2014), elle est fortement urbanisée. La CCIS-RSK met l’élément humain au centre de son modèle de développement, incarnant ses valeurs de partage, de solidarité, d’équité, de durabilité et de diversité. Elle mise sur la culture, l’éducation, l’économie, la qualité urbaine et la préservation de l’environnement. Dans ce sens le Plan de Développement de la Région (PDR), conçu par le conseil de la région Rabat Salé Kenitra compte 9 chantiers dont 3 visent essentiellement la croissance du territoire à travers le soutien de l’innovation des filières économiques, le renforcement de l’attractivité pour les investisseurs et  le développement de l’entrepreneuriat.

Au titre de l’année 2019, la Région RSK a enregistré 93.822 créations, tous secteurs confondus pour les personnes morales et 143.894 pour les personnes physiques (Source OMPIC).

Ces dernières années, plusieurs chantiers ont été lancés dans la région, dont la future Agropole de Kenitra, la corniche de Rabat, l’aménagement de la vallée du Bouregreg, le Parc industriel Intégré Atlantic Free Zone, le Pôle urbain LGV Kénitra, et le Parc industriel Ain Johra, tous ces projets structurants améliorent l’attractivité pour les investissements étrangers et change sa vocation économique avec la montée en puissance du secteur industriel.

L’attractivité de la région était due à son caractère administratif et politique en tant que capitale du Maroc, et à sa vocation universitaire. Néanmoins, depuis quelques années, la région attire plus d’investissements, y compris étrangers, dans le tourisme. En tant que chambre de commerce quel pourrait être votre rôle dans cette évolution ?

ILa CCIS-RSK ne peut qu’adhérer à cette nouvelle donne. Effectivement la région RSK draine de plus en plus d’investissements de par sa position stratégique, elle se trouve au carrefour de 3 axes autoroutiers elle est à 1h30 de l’aéroport Mohammed V, à 02h30 de Tanger Med et à 3h de vol de la majorité des capitales européennes, sans oublier ses infrastructures d’accueil (elle abrite plusieurs zones industrielles et zone franche ainsi qu’un Technopark dédié aux nouveaux métiers du monde).

De ce fait, la CCIS-RSK les doit d’être au même diapason que la majorité des chambres européennes et de jouer pleinement son rôle de levier stratégique de l’économie régionale, d’accompagnement des entreprises, d’assistance des investisseurs étrangers, et ce à travers la mise à disposition d’informations stratégiques sur les secteurs clés de l’économie régionale, des opportunités d’investissements, des facilités accordées (dans la charte de l’investissement), et de jouer également un rôle de médiation et d’orientation vis-à-vis les différents intervenants dans le processus d’investissement. Toutes ces actions s’inscrivent dans la politique du Royaume dans le cadre de la régionalisation avancée.

La région est connue pour une inégalité entre ses différentes composantes. Existe-t-il une réflexion sur les moyens d’atténuer la différence de développant entre les différentes sous-régions ?

La région connaît, en effet, de grandes disparités sur le plan spatial, aussi bien au niveau de la répartition démographique que du développement. Alors que la bande littorale est fortement peuplée et urbanisée, l’arrière-pays est plus rural et moins peuplé. Sur le plan régional, les disparités sont énormes entre les territoires urbains et les zones rurales en termes de richesses, de niveaux d’équipements et d’infrastructures, de niveaux de services urbains à la population (eaux, assainissement…).

Par ailleurs, pour contrer ces disparités et booster l’investissement et la création d’emplois et de richesse dans les différentes sous régions, il faut entamer une réflexion régionale globale sur les meilleurs moyens qui croisent les idées des différentes institutions régionales concernées tout en créant des synergies pour un plan d’actions commun ;et activer la mise en œuvre du Plan de Développement Régionale qui s’articule autour de 3 axes stratégiques (permettre à chacun de bénéficier des mêmes chances de réussite et de qualité de vie, construire un développement équilibré sur l’ensemble du territoire régional, et libérer les énergies et le potentiel de croissance du territoire).

Dans ce cadre la CCIS-RSK envisage d’accroitre sa représentation au niveau de toutes les préfectures et provinces de la région Rabat-Salé-Kénitra.

Le milieu des affaires est-il satisfait des conditions d’investissement et d’exercice dans la région ?

Dorénavant les entreprises régionales ne peuvent qu’être satisfaites, après l’adoption du projet de loi 47.18 relative à la réforme des Centres Régionaux d’Investissement et création des Commissions Régionales Unifiées d’investissement, qui viennent accompagner les efforts soutenus et déployés par Sa Majesté le Roi Mohammed VI que dieu le glorifie, en vue de promouvoir l’investissement et soutenir l’entreprise.Cette nouvelle formule stipule la mise en place de conseils d’administrations présidés par les walis des régions et parmi les membres du conseil d’administration siègent les CCIS

Comment la CCIS soutient-elle les commerçants et les industriels ?

La CCIS est un grand réseau qui a une force de lobyying auprès des instances publiques au niveau régional et national. Elle assiste et encadre les associations professionnelles de la région (domiciliation, sensibilisation, appui, accompagnement, conseil, formation…).

De même la CCIS-RSK dispose de cadres administratifs de qualité, qui sont à la disposition du Président et de l’Assemblée Générale et veillent à mettre en œuvre les orientations stratégiques de la CCIS-RSK.

Pensez-vous que les infrastructures sont suffisantes pour assurer un bon environnement aux entreprises ?

A ce sujet beaucoup de choses restent à faire notamment en matière de zones industrielles, zones d’activités économiques, zones franches et plateformes logistique….

Je ne manquerai pas de dire que la CCIS-RSK s’est engagée à ce niveau sur des projets de réhabilitation de zones industrielles ( Takkadoum, Tabriquet, Hay Errahma…) sans oublier la réalisation d’autres unités d’accueil comme celle de la zone d’activités de Tamesna (projet) et qui ont pour finalité de mettre à la disposition des entreprises de la région les conditions favorables pour réussir leurs projets

Fiscalité, réglementations diverses, comment la CCIS défend les intérêts de ses membres auprès des instances législatives et gouvernementales ?

La CCIS-RSK mène une veille juridique et réglementaire sur tous les sujets notamment la fiscalité et les lois liées au commerce, l’industrie, et les services.

La chambre compte à son actif 15 commissions permanentes qui coiffent tous les secteurs d’activités majoritaires et c’est à travers ces commissions que sont débattues et discutées les différentes lois et réglementations qui touchent aux secteurs du commerce, de l’industrie et des services donnant lieu à des recommandations qui après validation sont adressées aux instances concernées (chambre des conseillers…).

La chambre dispose également de représentants au sein des conseils préfectoraux et commissions spéciales (je cite la commission des appels fiscaux). La chambre siège au sein de conseils d’administration de différents établissements et donne son avis pour la prise décision.

Sur, le volet formation, quelle est la contribution de la CCIS ? Comment concilie-t-elle entre l’offre et les besoins des entreprises ?

La CCIS-RSK dispose de plusieurs structures existantes et d’autres projetées : Institut de Commerce et de Gestion de Rabat (ICOGER), Centre de Perfectionnement Technique à Kenitra (CPT Kenitra), CPT à Temara (projet), l’Ecole Supérieure de Commerce de Kénitra (Projet).

La CCIS-RSK envisage de lancer une compagne de perfectionnement et amélioration des compétences à différents niveaux au profit des commerçants de la région, en vue d’améliorer leur conditions de vie et instaurer l’égalité des chances entre professionnels.

Le programme de formation comprend aussi l’apprentissage des langues français, anglais et espagnole afin de permettre aux ressortissants de s’ouvrir sur les marchés africain et européen.

Dans ce cadre des partenariats sont déjà signés ou en projets respectivement avec la France, l’Allemagne et le Canada.