La culture comme pilier du développement durable

La semaine économique de la Méditerranée (SEM 2013) a été organisée, du 6 au 9 novembre à Marseille, avec une présence remarquée de quelques hauts responsables et experts marocains. Thématique choisie pour cette septième édition qui a réuni quelque 3.000 participants venus de 26 pays des deux rives: La culture facteur de développement économique en Méditerranée. L’appel à des actions concrètes pour le changement de la culture de coopération est revenu dans le discours de nombreux intervenants, dont le président de la Fondation Anna Lindh. « La région méditerranéenne est capable d'aller plus loin dans le développement à condition de savoir préserver ses acquis et développer des projets fondés sur le principe du vivre-ensemble», a insisté André Azoulay dans son intervention au 9e Rendez-vous de la Médi-terranée organisé à l’occasion (Nous reviendrons la semaine prochaine sur cet événement dans l’événement). La coordination de La semaine économique de la Méditerranée a été assurée par l’Office de Coopération Economique pour la Méditerranée et l’Orient (OCEMO). Après avoir lancé son blog « Paroles libres » dédié aux jeunes méditerranéens, l’Office a initié une réflexion ouverte sur la Culture. Ainsi, artistes, chercheurs, entrepreneurs, experts, journalistes et décideurs politiques ont pu s’exprimer sur le sujet.

Les différentes contributions formulées sous forme de tribunes libres, ont été publiées dans le premier numéro de la série " Cahiers de l’OCEMO ” distribuée à l’ensemble des participants à la SEM 2013. Le rédacteur en chef de l’Observateur du Maroc a été parmi les contributeurs avec cette chronique intitulée « La culture comme pilier du développement durable » : Aux aspects écologique, social et économique nécessaires au développement durable, il faut ajouter la culture. Il en est le quatrième pilier. Une évidence ! Et pourtant, c’est loin d’être une réalité. Ce constat vient d’être (re)établi lors du dernier sommet mondial des dirigeants locaux et régionaux tenu à Rabat du 1er au 4 octobre 2013. Neuf ans après l’adoption de l’Agenda 21 de la culture par plus de 500 villes, gouvernements locaux et organismes du monde entier, la culture reste donc le parent pauvre du processus de développement. C’est d’autant plus grave qu’il est question ici de la culture dans son sens le plus large. Celui qui englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie ainsi que les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. En somme, c’est l’essentiel de ce dont a besoin un citoyen en vue de s’épanouir dans la société. C’est aussi la seule clé qui permet de s’ouvrir sur les autres, sur le monde.

C’est de cette clé dont on a grand besoin en Méditerranée pour que le développement régional durable soit possible. Sans le pilier de la culture, point de dialogue ni de compréhension mutuelle. Sans ce pilier, chacun restera enfermé dans ses préjugés, voire dans sa peur. Dans ces conditions, le terrain deviendra encore plus favorable au développement durable…des extrémismes de tous genres. Il est vrai que de nombreux touristes font l’effort d’aller découvrir des contrées parfois même lointaines. Sauf qu’il arrive rarement qu’un touriste se hasarde à sortir de son circuit préétabli pour une réelle immersion dans la culture locale. Il est vrai aussi que des festivals et des rencontres culturelles sont parfois organisés d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. Mais ces évènements bienvenus, même quand ils sont des plus multiculturels, ne favorisent pas toujours le dialogue des cultures. En ces occasions, les VIP ne se mélangeant pas au reste des spectateurs, les étrangers ne se mélangent pas aux autochtones... Résultat, tout le monde repart, joyeux peut-être, mais sans avoir amélioré sa connaissance des « autres ». Vivement donc de nouveaux espaces, cosmopolites et non élitistes, où peuvent avoir lieu des débats libres et sincères sur les non-dits entre les différentes cultures méditerranéennes. C’est ainsi que pourrait être construit, sur des bases solides, le fameux quatrième pilier.