MARDI: Le match retour
Vincent HERVOUET

La qualification que l’équipe de France de football arrache aux Ukrainiens tombe à pic. Les Français ne s’aiment guère en ce moment, une défaite aurait encore aiguisé leurs blessures d’amour propre. A l’issue du match au stade de Saint Denis, François Hollande confie son soulagement. On le comprend. Une note confidentielle qui fait la synthèse des rapports mensuels des préfets a fuité dans les médias. On y lit que « face à l’accumulation des mauvaises nouvelles, il règne un climat douloureux, un sentiment d’accablement qui empêche de se projeter dans un avenir meilleur. C’est sur ce terreau que prospèrent les ferments d’une éventuelle explosion sociale. Partout sur le territoire, les préfets dressent le même constat d’une société en proie à la crispation, à l’exaspération et à la colère ». La révolte des bonnets rouges en Bretagne ne serait que le signe avant-coureur d’une explosion sociale qui menace. Le pouvoir sait à quoi s’en tenir. On le sent totalement désarmé. Sa légitimité est désormais en cause.

Le chômage augmente et tous les courants de la mondialisation jouent contre lui. Plus profondément, la boite à outils de François Hollande n’est pas adaptée à une crise qui est morale, politique, autant qu’économique. Le Président sait qu’à la fin de l’année, l’échec du gouvernement sur le front économique sera éclatant et les promesses d’amélioration conjoncturelle reportée à 2015 dans un climat de défiance générale. Seul espoir, un sursaut politique à gauche après la victoire attendue du Front National aux élections européennes et municipales. En appelant à la résistance face à l’extrême droite, il pourrait trouver un ballon d’oxygène et l’occasion d’un remaniement. C’est la stratégie du pire. Un peu comme l’équipe de France qui devait infliger un score de 3 buts à 0 aux Ukrainiens pour retrouver la ferveur des supporters et le droit de continuer à jouer au Brésil