BERD : Contraction de l’économie marocaine de 2% en 2020 et reprise possible de 4% en 2021
Regional Economic Prospects de la BERD

La crise causée par la pandémie du nouveau coronavirus ne durerait pas longtemps, à en croire la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Mais attention à certains freins !

Dans la dernière édition de Regional Economic Prospects de la BERD, l'institution financière européenne prévoit une contraction de l'économie marocaine de 2%, mais annonce une reprise de 4 % en 2021. Le ralentissement annoncé est expliqué par la nette diminution du tourisme, l'effet des mesures destinées à contenir la propagation de la pandémie, les récoltes probablement mauvaises, la récession en Europe et la baisse des prix des matières premières.

En revanche, le retour de croissance prédit est justifié par l’essor de secteurs non agricoles, en particulier l’industrie minière, principalement en raison de l’impact négatif de la pandémie de coronavirus sur la production de phosphate en Chine. Le Maroc, rappelle la BED, est le deuxième producteur mondial de phosphate. Il pourrait dont en tirer parti, selon ce rapport européen qui trace les perspectives économiques dans ses régions d’opérations.

Ce n'est pas tout, les prévisions étant par nature des indications incertaines, la BERD les nuance en évoquant certains facteurs de risque qui pourraient freiner la croissance au Maroc. L"institution cite comme freins probables : la montée du mécontentement social, une reprise plus lente que prévue dans les pays européens partenaires ou encore la vulnérabilité persistante de la production agricole, en raison de conditions météorologiques défavorables et de l’évolution des prix.

Environnement régional

Selon la BERD, dans la région méridionale et orientale du bassin méditerranéen, l’impact négatif du coronavirus devrait se manifester dans le tourisme (grand moteur de la croissance dans toutes les économies de la région en 2019), et par un recul de la demande intérieure du fait des mesures de confinement, une diminution de la demande des principaux partenaires commerciaux et un ralentissement des flux d’investissement direct étranger.

En moyenne, les économies de la région devraient connaître une contraction de 0,8 % en 2020 avant de rebondir pour atteindre une croissance de 4,8 % en 2021.

En ce qui concerne les autres économies de la région, la Jordanie, le Liban et la Tunisie devraient aussi subir un tassement de leur croissance cette année. L’Égypte, en revanche, affichera selon les projections un faible taux de croissance de 0,5 %.

Le Liban, déjà plongé dans la récession en 2018 et en 2019, sera sans doute confronté à un recul brutal de 11 % en 2020.

À travers toutes les régions de la BERD, les économies pourraient se contracter de 3,5 % en moyenne cette année, sous l’effet du coronavirus, une reprise de 4,8 % étant possible en 2021.

Incertitudes sans précédent

La dernière édition de Regional Economic Prospects prévient cependant que ces projections sont sujettes à des « incertitudes sans précédent ».

Le scénario central de la BERD se fonde sur la perspective d’une détente progressive des mesures intérieures appliquées pour contenir le virus et un retour à la normale au second semestre de l’année. Il suppose un impact limité de la crise sur l’évolution à long terme des résultats économiques, mais des effets économiques, politiques et sociaux importants à plus long terme. Il est prévu que la reprise suive une courbe en U, avec un redémarrage de la croissance à la fin du troisième trimestre.

« Si la distanciation sociale reste en vigueur beaucoup plus longtemps que prévu, la récession pourrait être bien plus profonde et il faudra des années avant de retrouver les niveaux de production par habitant de 2019 », peut-on lire dans le rapport.

Dans l’ensemble des régions d’opérations de la BERD, les mesures de confinement ont eu un impact sur l’offre et la demande intérieures. Parmi les chocs externes figurent une chute brutale des prix des matières premières, qui pèse sur les exportateurs de ces marchandises, des perturbations dans les chaînes de valeur mondiales, un effondrement du tourisme et un recul des envois de fonds des expatriés.

La BERD investit dans des économies émergentes de l’Europe centrale et orientale jusqu’en Asie centrale, au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Presque tous les pays d’opérations de la BERD devraient connaître une contraction de leur activité économique cette année, à quelques rares exception près, dont l’Ouzbékistan et Turkménistan, en Asie centrale, ainsi que l’Égypte.

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Regional Economic Prospects de la BERD

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