Sécurité sanitaire des aliments, le CESE tire la sonnette d’alarme

Le Conseil Economique Social et Environnemental plaide pour une politique publique dédiée à la sécurité sanitaire des aliments axée sur la protection des consommateurs

Selon le CESE même si le système de sécurité sanitaire des aliments permet aux produits marocains d’accéder à des marchés internationaux exigeants, les progrès restent insuffisants. Le constat est alarmant : une multitude d’établissements ne disposant ni d’agréments, ni d’autorisations sanitaires mettent, sur le marché, des produits qui exposent la santé du consommateur à des dangers avérés non maîtrisés. Aussi, l’utilisation des intrants et pesticides dans l’agriculture n’est pas suffisamment maîtrisée au regard des normes en vigueur. Ils présentent ainsi un risque avéré sur la santé et l’environnement et contribuent à la dégradation des ressources en eau et des écosystèmes naturels.

Insuffisances et risques

En gros, « on note l’absence d’une politique publique intégrée de sécurité sanitaire des aliments induisant plusieurs défaillances qui ont trait à la multiplicité des intervenants fonctionnant souvent en silos, au chevauchement des compétences, à la prédominance de l’informel, à la faible traçabilité du marché domestique ainsi qu’au rôle limité des associations de défense des droits des consommateurs », prévient le CESE qui s’est auto-saisi du sujet en vue d’identifier les voies possibles d'amélioration globale de la sécurité sanitaire des aliments (SSA) au Maroc et de proposer des solutions réalistes et viables, adaptées aux contraintes auxquelles font face les professionnels et les autorités compétentes chargées de la gouvernance en la matière. Ces mesures devraient également garantir un appui à la compétitivité de l’économie marocaine et à son intégration à l’économie mondiale et régionale.

Au regard des risques inhérents à la non sécurité des aliments, entre autres, en termes de santé publique, de destruction de valeur économique et de fragilisation des populations qui en vivent, le CESE considère qu’il y a lieu de changer de paradigme, en dotant le pays d’une politique publique de la sécurité sanitaire des denrées alimentaires, permettant d’assurer la santé des citoyens, à travers des recommandations stratégiques et une feuille de route pour accompagner la conduite de changement.

Recommandations clés

Dans l’avis intitulé « Pour une véritable politique publique de sécurité sanitaire des aliments (SSA) axée sur la protection des consommateurs et favorisant une compétitivité durable de l’entreprise au niveau national et international », le CESE préconise trois recommandations stratégiques. Il s’agit de doter le pays d’une politique publique dédiée de sécurité sanitaire des aliments, passer de manière progressive du système actuel à organismes multiples, vers un système intégré, en créant une agence nationale de sécurité sanitaire des aliments, placée auprès du chef de gouvernement qui devra être investie de larges pouvoirs de contrôle, de surveillance et de correction. D’après le CESE, cela pourrait éventuellement passer par une transformation profonde de l’ONSSA en la dotant des compétences et du positionnement requis. Autre recommandation phare : la séparation de l’évaluation des risques de la gestion en instituant un comité scientifique indépendant d’évaluation des risques, dont la principale mission serait de fournir un avis scientifique afin d’assurer l’indépendance, l’impartialité et l’intégrité de l’information relative à la sécurité sanitaire des aliments.

Pour accompagner la conduite du changement

Et afin d’accompagner la conduite de changement, le conseil propose huit recommandations opérationnelles notamment la mise en place des mesures de communication destinées à informer les consommateurs et les acteurs de la chaîne alimentaire, l’amélioration et généralisation des mécanismes de mise à niveau des filières alimentaires, l’amélioration des conditions d’hygiène du secteur alimentaire informel, dans la perspective de l’intégrer à terme dans le secteur formel et la transformation du consommateur en « un conso-acteur ». Le tout avec le renforcement du rôle des fédérations et associations de protection des droits des consommateurs et le développement des possibilités offertes par la digitalisation pour améliorer la SSA et renforcer la recherche & développement. Le CESE appelle aussi à la maîtrise de l’utilisation des intrants, fertilisants et pesticides pour réduire leur impact sur l’environnement et sur la santé des consommateurs