Artistes en crise : Houcine Benyaz interpelle le ministre de la Culture

Houcine Benyaz est l’un de ces comédiens qui contrairement à ce que beaucoup croient, ne roulent pas sur l’or. Déjà il s’en sortait à peine. Mais avec le covid-19, le coup a été encore plus dur. Rencontre sans tabous.

Par Mounia Kabiri Kettani (vidéo Ismail Kahlaoui)

Ce n’est pas un secret de polichinelle, hormis quelques uns, les artistes comédiens doivent cravacher dur pour joindre les deux bouts . Malgré sa popularité ici et ailleurs, Houcine Benyaz alias « Baz », nous confie qu’il est encore difficile de vivre de son art au Maroc. «On prend de l'importance dans les yeux des gens au fil du temps, ce qui est fantastique pour nous, comédiens. Mais je pensais qu'à ce stade de ma carrière et de ma vie, j'aurais moins à stresser».

Confinement stressant

Le stress, il l’a vécu encore plus durant ce confinement. Lui qui est habitué à être libre comme un oiseau, s’est retrouvé du jour au lendemain emprisonné entre quatre murs. «Les premiers jours du confinement étaient très durs pour moi. Mais, je me suis adapté par la suite et mis en place tout un programme pour pouvoir résister », explique t-il. Sa découverte majeure lors de cette période : ce qu’assumait sa femme durant ses absences. «Cette période m’a permis de comprendre réellement le rôle que joue la femme. Et j’ai découvert que la mienne faisait un travail colossal sans jamais se plaindre.  Je tiens à la remercier.  Sans elle, je ne sais ce que j’aurai pu faire », témoigne t-il.

Difficultés financières

Nul ne peut ignorer l’impact de la crise du covid-19 sur le secteur de l’art au Maroc. Mais beaucoup ignorent ce qu’endurent certains artistes durant période. Ils sont en arrêt de travail, n’ont pas de salaire fixe et ne bénéficient d’aucun type de subventions. Le voyage de «Baz » dure depuis près de 40 ans, et on pourrait s"attendre à ce que le comédien ait la chance de vivre confortablement de son art, pourtant il est toujours en proie à de grosses difficultés financières. «Après avoir épuisé toutes mes économies, j’ai survécu les jours qui suivent grâce à l’entraide familiale et les quelques centaines de dirhams envoyés par mes enfants, eux aussi, en difficulté », nous confie t-il. «On s’attendait à ce que le ministère de la culture réagisse. On attend toujours et l’attente a trop duré. Déjà les artistes subissaient avant le confinement. Mais, là, la situation est pire », martèle t-il

Disparition forcée

Avant le confinement, Houcine Benyaz ne vivait que grâce à quelques spectacles au Maroc et tournées à l’étranger. « Cela fait quatre ans que je suis « confiné » de la télévision marocaine. », regrette t-il. Cela le met en colère et le rend triste. Raisons de disparition : le problème de cahiers de charges imposés à la télévision marocaine. « Ces cahiers exigent des conditions draconiennes auxquels ne peuvent répondre que quelques sociétés de production au Maroc. Et ces dernières ne recrutent qu’un certain nombre limité de comédiens et leur donnent des cachets dérisoires pour engranger plus de gains. Ils évitent alors les comédiens professionnels », affirme Benyaz qui lance un appel au ministre de tutelle et aux présidents de chaines nationales de revoir tout le système et d’exiger à ces sociétés de production de faire appel à ces comédiens pro, contraints de rester chez eux sans travail, et donc sans source de revenus.