Urbanisme. La destruction du patrimoine se poursuit

La nouvelle retentit comme un coup de tonnerre. La démolition du café mythique Maure à Rabat a soulevé l’indignation des habitants et des associations engagées pour la préservation du patrimoine historique du pays.

 

Après la destruction de la Villa Art Déco Mauvillier à Casablanca, voici un autre lieu historique de la ville de Rabat qui vient d’être démoli.

Perché sur les contreforts de la Casbah des Oudayas, le café légendaire Maure de Rabat qui tombait en ruine, vient d’être rasé pour être réhabilité et reconstruit à l’identique. Si de nouvelles améliorations sont prévues, l’endroit mythique, réputé pour son thé à la menthe, ses pâtisseries traditionnelles et la vue imprenable qu’il offre sur la vallée du Bouregreg et les fortifications de salé, devrait préserver son cachet authentique typiquement andalou, caractérisé par ses zelliges vert et blanc, et ses encorbellements en bois de cèdre.

 

 

Sur les réseaux sociaux, les réactions à la vue du chantier ne se sont pas fait attendre. «  C’est un traumatisme pour tous les rbatis et les amoureux de cet endroit exceptionnel et chargé d’histoire, s’indigne Amine Boushaba, vice-président de Casamémoire. Il y a des règles à respecter dans toute restauration d’un bâtiment, or ce que nous voyons là, c’est un espace qui a été complètement rasé et qui sera reconstruit avec des matériaux nouveaux. Il faudra atteindre encore 100 ans pour qu’il acquière cette magnifique patine qu’il avait ? En plus, gardera-t-il cette âme populaire qui le rendait si précieux où deviendra-t-il un endroit réservé aux touristes et aux plus nantis ?

 

Manque de communication

 

Le vice-président de Casamémoire précise que le choc des rbatis concerne également le manque de communication. « Pour un espace aussi emblématique de la ville, il aurait fallu une vaste campagne de communication et d’explication à l’intention des citoyens bien avant les travaux. Les rbatis sont en train d’assister comme des spectateurs impuissants à la défiguration de leur ville à l'instar du projet de la gare du centre-ville, autre bijoux architectural dénaturé par un projet disproportionné ».

 

 

La ville de Rabat n’est pas la seule concernée par la destruction de ses bâtiments historiques. Il y un mois, les habitants de Casablanca ont été choqués d’apprendre la démolition de la Villa Mauvillier, une construction Art Déco datant des années 30. « Il y a quelque chose de paradoxale avec une ville qui fait la promotion de son patrimoine d’un côté et qui distribue à tour de bras des autorisations de démolition de ce même patrimoine. La démolition de la villa Mauvillier, c’est un désastre ! Il faut cependant applaudir la création d’une commission d’inspection qui a abouti au limogeage du gouverneur de Casa-Anfa, Rachid Afirat, relevé de ses fonctions pour mauvaise gestion du dossier de préservation du patrimoine historique et architectural de la ville, tient à préciser Amine Boushaba. C’est un avertissement très important pour ceux qui privilégient la promotion immobilière à outrance au dépend de l’identité exceptionnelle de la ville », conclu-il.

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