Enquête HCP : Plus de 40% des 15-29 ans marocains veulent émigrer
Les jeunes cu00e9libataires (40,4%), divorcu00e9es (34,7%) et su00e9paru00e9es (75,7%) se placent en tu00eate des candidats u00e0 lu2019u00e9migration.

 

Le rêve d’un ailleurs meilleur est-il dominant chez les Maroc? Il ne fait aucun doute que chez les jeunes, la réponse est claire, selon la dernière enquête du HCP sur la question de l’émigration. Pour les moins jeunes, les constats sont nuancés.

 

Moins du quart (23,3%) de la population non-migrante déclare avoir l’intention d’émigrer. C’est la déduction globale du HCP des résultats de son enquête nationale sur la migration internationale 2018-2019.

Quand on décortique les détails, on constate que l’envie d’émigrer est plus pressantes chez les jeunes. 40,3% des 15-29 ans veulent tenter leur chance ailleurs, alors que le taux ne dépasse pas 10,3% pour les 45-59 ans. Les jeunes célibataires (40,4%), divorcées (34,7%) et séparées (75,7%) se placent en tête des candidats à l’émigration. Ce taux baisse à 12,7% pour les mariés.

L’intention d’émigrer varie aussi, de manière significative, entre les deux sexes, relève le HCP. Elle est supérieure chez les hommes avec 28,6% contre 17,7 % chez les femmes.

Selon le type de ménages, les hommes appartenant à des ménages avec migrants ont une intention d’émigrer supérieure à ceux appartenant à des ménages sans migrants, 37,8% contre 28,4%.

Autre variation importante celle concernant les ruraux dont 26,5% veulent aller voir ailleurs contre 21,6% pour les citadins. Cette proportion plus élevée est le fait principalement des hommes ruraux qui ont exprimé un fort désir de partir avec 32,5% contre 26% pour les hommes urbains, précisent les auteurs de l’enquête.

Lien entre éducation/formation et émigration

Le HCP note qye l’éducation a un effet important sur l’intention d’émigrer. Elle augmente régulièrement jusqu’à la fin du secondaire. Alors qu’elle est de 12,4% seulement pour ceux qui n’ont pas reçu d’éducation, elle double (24, 6%) pour ceux qui ont le niveau du primaire et monte jusqu’à 30,5% pour le secondaire qualifiant. Elle baisse ensuite pour le supérieur (20,7%). Elle est la plus élevée pour ceux qui ont reçu une formation professionnelle (40,6%). La différence selon le type de ménage est perceptible notamment pour ceux ayant atteint la fin du secondaire ou bénéficié de la formation professionnelle, où l’intention d’émigrer est plus élevée dans les ménages non migrants que dans les ménages migrants, respectivement 30,7% contre 24,9% et 40,7% contre 36,7%.

Bien sûr, moins on est occupé, plus on désire prendre la poudre d’escampette. Ce désir taraude l’esprit de plus de la moitié des chômeurs (50,9%), et les hommes plus que les femmes (60,4% contre 40,7%).

L’Oriental fief incontesté des candidats à l’émigration

Selon l’enquête du HCP, la répartition régionale de l’intention d’émigrer montre que certaines régions sont bien au dessus de la moyenne nationale (23,3%) alors que d’autres sont bien en dessous.

La région de l’Oriental vient en tête avec 41,1%, suivie de celle de Tanger-Tétouan-Al Hoceima avec 30,8%, les régions du Sud, de Drâa-Tafilalet et de Marrakech-Safi avec 26 à 27%. La région de Rabat-Salé-Kénitra se situe au niveau de la moyenne nationale avec 23,8%. Les autres régions sont en dessous de la moyenne: Fès-Meknès avec 21,5%, Casablanca-Settat et Béni Mellal-Khénifra avec environ 18% et la région de Souss-Massa avec l’intention d’émigrer la plus faible, 10,5%.

Le rêve européen

Le continent de prédilection des migrants potentiels reste principalement l’Europe qui arrive en tête comme destination probable avec 81,1% des personnes interrogées, constate le HCP. Ses enquêtent souligne que ce taux écrasant correspond à la concentration actuelle des MRE dans les pays européens avec quelque 85%.

Les anciens pays européens d"immigration ont un léger avantage sur les nouveaux, respectivement 42,3% et 38,8%. Les trois premiers pays indiqués sont ceux où la communauté marocaine est la plus importante, dans l’ordre, la France, l’Espagne et l’Italie. Les facteurs qui semblent expliquer ces préférences sont tout d’abord les raisons historiques et culturelles, l’existence de réseaux familiaux ou des connaissances dans ces pays.

Les autres régions sont l’Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) avec 9,2%. En revanche, les pays arabes, très attirants il y a une dizaine d’années, n’ont plus la côte (seulement 2,9% des migrants potentiels).

Les enquêtes notent enfin que la préférence pour la destination Amérique du Nord est plus prisée par les migrants potentiels de la région du Grand Casablanca (23,7%), ainsi que ceux qui ont un niveau d’éducation supérieur.