Covid-19. « 2020 est la pire des années pour les artistes de rue »

Après des mois à l’agonie en raison de la pandémie du Covid-19, les artistes de rue peinent à joindre les deux bouts. A peine la tête sortie de l’eau après le déconfinement, les voilà pénalisés à nouveau suite à l’annulation des festivals phares de Street Art au Maroc : « Sbagha Bagha » à Casablanca et « Jidar, toiles de rue » à Rabat !

 

 

L’annonce de l’annulation cette semaine des deux festivals phares de Street Art par l'association organisatrice d'éducation culturelle et artistique l'EAC-L'Boulvart «Au vu des mesures d’urgence prises par le Maroc pour faire face à la pandémie de la Covid-19 », a eu l’effet d’une douche froide chez les artistes de rue marocains qui comptaient réaliser des peintures murales lors de ces deux messes du Street art au Maroc.

 

« Je ne comprends pas ces décisions qui sont prises à la dernière minute, je suis consterné et j’avoue que tout cela me dépasse », s’insurge l’artiste peintre Driss Benwahoud, alias « Daz », qui se dit plutôt « mitigé » par rapport au covid à présent. « Généralement, nous les artistes de rues, on travaille avec des masques ultra résistants dotés de gros filtres. De plus, nous travaillons seuls dans un espace ouvert, donc, je ne vois pas comment est-ce qu’on pourrait contaminer quelqu’un d’autre ou constituer un danger pour qui que ce soit ! »

 

Pertes financières

 

 

Mohamed Touirs alias Ed Oner devait lui, participer au festival Jidar à Rabat. L’annulation de l’événement constitue une grande perte pour lui. « Jidar et Sbagha était les seuls bouffées d’oxygène, pour nous, les street artistes, nous confie-t-il. Je devais animer des ateliers de Graffiti avec des jeunes au festival Sbagha mais là, tous les jeunes avec qui je devais travailler sont consternés… », affirme l’artiste peintre qui rappelle le manque à gagner pour les artistes pendant cette crise sanitaire : « pendant les mois de confinement, toutes mes commandes avaient été annulées ou reportées, je n’ai rien vendu pendant 3 mois. Généralement une peinture murale (un mur de 4 m sur 2,5m) peut être facturé jusqu’à 5000 DH…donc, vous pouvez imaginer les pertes encourues ! ».

 

 

Matériel onéreux et problèmes cutanés

 

Ayant beaucoup souffert, financièrement et psychiquement parlant, pendant les mois de confinement, les artistes de rue évoquent également le problème de l’utilisation de gel hydro-alcoolique à outrance. « Au début, je mettais du gel plusieurs fois par jour, du coup, la peau de mes mains a brûlé et mêmes mes avant-bras me font mal, et j’ai beaucoup de mal à travailler, nous explique Daz. « Le comble, c’est que même la pommade « Dermoval » que j’utilisais pour me soulager est en rupture de stock, c’est dire le nombre de personnes souffrant de problèmes cutanés suite à l’utilisation abusive du gel ! »

 

L’artiste qui devait organiser la plus grande exposition de Street art en Afrique, -sur une surface de 10 000 m2 et qui a été reportée à 2021-, parle aussi de la cherté des produits utilisés et de la difficulté de se les procurer pendant le confinement : « les prix des bombes est exorbitant, une seule bombe est vendue à 75 DH alors qu’en Europe, elle se vend à 2 euros ! ». Pour lui, s’il a pu s’en sortir pendant cette crise sanitaire, c’est grâce aux ventes de ses toiles exposées en juillet dernier dans une Galerie à Casablanca, et aussi grâce à autre activité qu’il exerce à côté.

 

Quel danger peut constituer un artiste seul face à un mur ?

 

Pour Mehdi Anassi, alias Machima « Les festivals de street art qu’on a annulé  devraient être les moins touchés par la crise, car il n’y a pas de staff pour peindre un mur. C’est généralement un artiste seul face à un mur, et des fois, accompagné, par quelqu’un en bas…c’est dommage cette interdiction… », s’indigne l’artiste qui rappelle que plusieurs festivals à l’international (Londres, Australie, Espagne, Portugal, France…) qui pouvaient les inviter, ont réadapté leur programmation et n’ont fait appel qu’à des artistes locaux. « Avec l’annulation de ces festivals au Maroc, je peux dire que c’est la pire des années chez les street artistes ! », conclut-il.

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