Algérie : les avocats crient leur ras-le-bol

 

Les avocats algériens se sont mis en grève générale pour 48 heures mercredi. Un mouvement suivi à 100% dans toute l'Algérie, selon des sources concordantes. Principale raison de cette colère: les pressions politiques dont les blouses blanches se disent la cible.

 

 

L'union des barreaux a décidé de cesser toute activité judiciaire en solidarité avec les avocats d'Alger, en grève eux depuis dimanche, pour exiger "le respect des droits de la défense".

"Les avocats sont tenus de respecter les décisions du barreau national", a déclaré à l'AFP Me Abdelouahab Chiter, en précisant que la grève est respectée "à 100% sur tout le territoire".

L'agence de presse officielle APS a fait état du report de tous les procès prévus mercredi.

Selon Me Chiter, avocat et maître de conférence à la faculté de droit de Béjaïa (est), ce mouvement de protestation se déroule dans "un contexte exceptionnel" marqué par "des arrestations arbitraires" et un projet de révision constitutionnelle.

"Le pouvoir en place veut forcer le barreau national à adhérer au projet de nouvelle Constitution" et face à son "refus d'y adhérer, la réponse du pouvoir est de faire pression sur les avocats", a-t-il dit.

Le mouvement de grève a été déclenché par un incident d'audience au cours duquel le bâtonnier de l'ordre des avocats d'Alger a été, selon des avocats, "humilié" par un juge. S'est ensuivi dimanche un sit-in puis un arrêt du travail des robes noires de la capitale.

"En menant des actions contre des opposants, en instrumentalisant la justice, le pouvoir utilise l"appareil judiciaire dans la répression de tous ceux qui se prononcent contre le projet de nouvelle Constitution", a expliqué Me Chiter.

Le pouvoir algérien a été ébranlé par un soulèvement populaire inédit en février 2019, le "Hirak", qui réclame un profond changement du "système". Les manifestations de ce mouvement ont été suspendues depuis mars en raison de la crise sanitaire.