Mohamed Rachdi. Des lettres, des mots et des toupies…

Matérialiser le virtuel, tel est le dessin de Mohamed Rachdi dans sa nouvelle exposition « Fragments de la bibliothèque de Majnoun », fondée sur des emprunts et des interférences de spatialités et de temporalités qui lui sont chers. Du 09 octobre au 06 novembre 2020 à la Galerie Shart à Casablanca.

 

 

Surfant entre deux vagues, réelle et virtuelle, Mohamed Rachdi a su faire des réseaux sociaux un véritable laboratoire de création. L’artiste puise ainsi des créations des autres pour faire pousser les siennes, extrait des éléments textuels de différents horizons pour sculpter ses propres propositions plastiques et poétiques, des propositions artistiques qui s’offrent toujours comme autant de portions d’un pays qui défie toute topologie géographique.

 

La bibliothèque plastique

 

 

Le concept de la bibliothèque plastique met en évidence la dimension formelle du livre d’où l’artiste extrait diverses figures et notamment des lettres avec lesquelles il construit ses propres mots.

Il fusionne plusieurs moyens d’expression pour engendrer une nouvelle forme de création, entre littérature et arts visuels. Composée de gravures, de bas-reliefs, de sculptures, et d’une installation l’exposition propose une lecture transversale de l’œuvre de Mohamed Rachdi où la lettre est un révélateur d’espaces plastiques, poétiques et esthétiques tout à fait singuliers.

Usant d’une diversité d’ouvrages imprimés, d’une pluralité de textes de multiples provenances et de différents registres d’écritures aux typographies variées faisant la part belle au latin et à l’arabe, Mohamed Rachdi cultive des interférences de références en affirmant son identité plurielle, celle d’un artiste, penseur et acteur libre et ouvert à la multitude de la culture humaine.

Tel un jeu de société, Rachdi distribue quotidiennement sur Facebook des mots, des images, des vidéos, des thématiques liées au couple, à la danse et bien d’autres. Il a aussi distribué une douzaine de mots récurrents dans son activité créatrice à un réseau d’ami(e)s auteurs, dont le cinéaste Hicham Lasri, le philosophe Adil Haji, le dramaturge Driss Ksikes, la danseuse Meryem Jazouli, le peintre Youssef Wahboun ou l’historienne de l’art Elisabeth Chambon.

En résulte des textes constituant un « jeu des douze mots » (couple, plaisir, désir, bibliothèque, plaisir, danse, toupie, fiction, champ, oasis, ruine, engagement et mot) où il « investit physiquement le corps du livre pour sculpter ses propres mots dans la texture de ceux des autres ».

 

La « danse mystique » de la toupie

 

Autre élément majeur du travail créatif de Mohamed Rachdi, la toupie dansante qui prend des formes diverses matérialisant la circulation de l’énergie.

Une toupie qui évoque selon l’artiste « la danse mystique…des derviches tourneurs », et de leur quête éternelle de « s’anéantir dans l’union avec le bien-aimé ».

 

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