Maroc-Israël : Premiers pas vers des projets communs porteurs

 

 Aussitôt après l’officialisation de la reprise des relations maroco-israéliennes, des réflexions communes ont été lancées sur les premiers projets communs potentiels. Très attendues, les concrétisations pionnières serviront d’exemples à suivre…

 

Mohammed Zainabi

 

Comme le stipule la Déclaration Conjointe ayant officialisé, le 22 décembre dernier, la reprise des relations entre le Maroc et Israël, les deux pays se sont engagés à promouvoir une coopération économique bilatérale dynamique et innovante. Commerce, finance et investissement, innovation et technologie, aviation civile et tourisme ont été nommément cités pour la concrétisation de la dynamique enclenchée, tout comme les secteurs de l’eau, l’agriculture et la sécurité alimentaire, en plus de l’énergie et les télécommunications.

Un peu plus d’un mois après cette grande annonce, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et des Marocains résidant à l’étranger s’est entretenu, au téléphone, avec le Conseiller à la sécurité Nationale d’Israël. Entre Nasser Bourita et Meir Ben Shabbat, il a été surtout question de la mise en place des groupes de travail pour que des accords sectoriels soient conclus.

Pour faire vite, même si la Covid-19 complique les déplacements, une délégation marocaine arrive ce mardi 9 février à Tel-Aviv pour l’officialisation de l’ouverture du bureau de liaison marocain en Israël. De même, une délégation officielle israélienne est attendue dans les prochains jours au Maroc.

Dans la même perspective, Nasser Bourita s’est entretenu pour la première fois, le 2 février,  avec son homologue israélien. Gabi Ashkenazi a qualifié, dans un tweet, sa première conversation avec Bourita de chaleureuse et amicale. « Nous avons convenu de travailler ensemble pour mettre en œuvre rapidement les accords entre le Maroc et Israël », a révélé le responsable israélien.

 

C’est clair que du côté marocain comme du côté israélien, une ferme volonté est affichée pour voir les premiers projets communs sortir de terre. Ceux-ci sont très attendus par la communauté des affaires. Ils serviront à briser la glace dans le business, surtout que des secteurs prioritaires ont été déjà repérés.

Industries

Responsables marocains et israéliens comptent ériger le développement de projets industriels communs en locomotive du partenariat win-win Maroc-Israël. Une première short-list des industries prioritaires a été déjà établie.

Moins d’une semaine après l’officialisation de la reprise des relations entre le Maroc et Israël, le ministre marocain de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique et le ministre israélien de l’Économie et de l’industrie se sont entretenus par visioconférence. A cette occasion, Amir Peretz avait vite brisé la glace en abordant à Moulay Hafid Elalamy en « darija » (dialecte marocain).

En entrant dans le vif du sujet, les deux responsables ont identifié plusieurs secteurs industriels à fort potentiel de partenariat. Il s’agit notamment du textile, de l’agro-industrie, de la recherche et développement (R&D) appliquée à l’industrie, des technologies vertes et de l’industrie des énergies renouvelables, précise le ministère dans un communiqué.

Un groupe de travail conjoint a été ensuite mis en place, comme convenu avec les deux responsables. Objectif : élaborer un plan d’action dans les secteurs identifiés.

Pour accélérer le processus de concrétisation, Peretz et Elalamy ont repris contact, le 20 février.

Les deux ministres ont alors fait le point sur l’état d’avancement des travaux de l’équipe mise en place. D’autres réunions sont prévues pour faire avancer le partenariat industriel bilatéral. Verra-t-on une premier unité industrielle maroco-israélienne voir le jour ?

Des sources proches du dossier affirment à L’Observateur du Maroc que la concrétisation de tels projets a besoin de temps, mais que tout est fait pour encourager des initiatives privées communes.

Tourisme

L’ouverture d’une liaison directe entre le Maroc et Israël est un premier pas vers le développement du tourisme entre les deux pays.

Le 21 janvier. Le jour même où Benyamin Netanyahu annonçait la fermeture de l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, le Maroc et Israël actaient un accord permettant d’effectuer des vols directs entre les deux pays. L’annonce concernant cet accord a été faite par le ministère israélien des Affaires étrangères israélien sur Facebook. « Le voyage ne prendra que cinq heures », avait-il précisé. On apprendra ensuite que l’accord permettra des vols directs entre Israël et tous les aéroports internationaux du Maroc, sans restrictions sur le nombre de compagnies et la taille des vols par semaine.

Pour rappel, au lendemain de l’annonce des reprises des relations maroco-israéliennes, la ministre du Tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale avait annoncé que des liaisons aériennes régulières entre le Maroc et Israël allaient être établies dans un délai de trois mois.

S’eprimant, le 23 décembre dernier lors de la 23e édition des «Mardis du Tourisme», Nadia Fettah Alaoui a précisé, par la même occasion, que la communauté judéo-marocaine qui visite le Maroc se situe entre 40.000 et 50.000 visiteurs par an. Pour booster ces chiffres, la ministre a annoncé qu’une étude a été mise en place pour comprendre et étudier le marché israélien, en mobilisant des opérateurs relevant des deux pays pour mieux identifier les spécificités et les prérequis des deux marchés. «Nous travaillons également, dans ce sens, avec des associations pour pouvoir former et préparer plus de guides touristiques», a-t-elle ajouté.

Rappelons, que dans le même sens, un mémorandum d’entente a été signé, le 22 décembre dernier, lors de la visite de la délégation américano-israélienne de haut niveau, dans le domaine de l’Aviation civile par Zakaria Belghazi, Directeur Général de l’Aviation civile au ministre du Tourisme, de l’Artisanat, du Transport aérien et de l’Economie sociale et Joel Feldschuh, Directeur de l’Agence de l’Aviation civile. Ce document porte engagement pour la conclusion d’un Accord sur les services aériens.

Agriculture

Le marché israélien est très prometteur pour les exportateurs marocains de fruits et légumes. Des études sont en cours pour identifier les besoins. Les producteurs eux,  sont intéressés par les technologies agricoles israéliennes. 

«Le marché israélien nous intéresse énormément. Il pourrait constituer dans les années à venir une part considérable dans nos exportations de fruits et légumes », assure à L’Observateur du Maroc le président de la fédération Interprofessionnelle Marocaine de production et d’exportation des Fruits et Légumes (FIFEL), Lahoucine Aderdour. Il ajoute que «des études sont en cours pour identifier les besoins sur le marché israélien et mesurer le potentiel de développement des échanges ».

De leur côté les producteurs agricoles seraient intéressés par les technologies israéliennes  liées au secteur agricole. En effet, Israël a su depuis longtemps développer une agriculture au fort substrat technologique et faire en sorte que ses agriculteurs profitent des innovations de ses centres de recherche. Les agronomes israéliens pratiquent des méthodes innovantes d’irrigation au goutte-à-goutte, sont à la pointe de la biotechnologie agricole, de la désinfection des sols par solarisation et du traitement intensif des effluents industriels pour l’irrigation. Le pays possède 50% du marché total de l’irrigation dans le monde. «Ces avancées technologiques sont très intéressantes pour le secteur agricole au Maroc.une collaboration dans ce domaine permettra aux producteurs d’augmenter leur productivité et la qualité de l’offre », estime Lahoucine Aderdour qui nous confie que des contacts seront établis prochainement avec des entreprises israéliennes pour dresser un cadre de coopération sur ce volet.

Startups

La Chambre de commerce France-Israël (CCIIF), s’active pour pousser à la naissance de projets triangulaires Maroc-Israël-France. C’est l’un des principaux objectifs qu’elle veut atteindre à travers la Commission Israël-Maroc qu’elle a lancée, le 1er février, en présence d’ambassadeurs, des ex-ministres, des industriels, des consultants et des experts, comme le rapporte IsraelValley.com.

Dans cette perspective, la CCIIF a initié l’incubateur « IsraMaroc » devant permettre à de jeunes entrepreneurs marocains et israéliens de développer des startups. Il est prévu qu’il soit lancé le 10 mars 2021 à Tel-Aviv dans les locaux de l’Urban Place (espace de coworking) en présence de 60 entrepreneurs et hommes d’affaires. Les startups sélectionnées seront incubées à titre gracieux durant 6 mois. L’annonce des premiers lauréats se fera le 25 mai 2021 en présence de personnalités de premier plan du monde des affaires. Les secteurs de la Santé, de l’énergie, et « Tech for Good » seront privilégiés.

 

LIRE AUSSI