Hamza Filali: « Je suis pour le rire intelligent qui fait réfléchir »

ENTRETIEN REALISÉ PAR KAWTAR FIRDAOUS

Hadi Hyati, le premier one man show de Hamza Filali a été un véritable triomphe. Connu pour ses nombreux passages à la télévision, notamment dans « Msalkhir », «men dar l’dar» ou « Jari ya jari », l’humoriste qui s’est produit vendredi dernier au Mégarama de Casablanca a fait salle comble. Pendant une heure et demie, il nous raconte une tranche de sa vie, avec un humour qui s’apparente à de l’autodérision.

Subtilement mis en scène, « Hadi Hyati -dont le texte a été co-écrit avec Abdelali Lamhar, co-auteur de la série culte « L’Couple »- n’est pas juste un stand up, nous confie t-il, mais un véritable show avec de vraies chorégraphies », où on voit l’humoriste danser, chanter et jouer de la musique. Un spectacle abouti qui révèle un artiste complet, ambitieux et extrêmement intelligent. Rencontre avec un mordu de la scène qui tient à faire rire sans jamais froisser qui que ce soit.

Hadi Hyati, le premier one man show de Hamza Filali a été un véritable triomphe. Connu pour ses nombreux passages à la télévision, notamment dans « Msalkhir », «men dar l’dar» ou « Jari ya jari », l’humoriste qui s’est produit vendredi dernier au Mégarama de Casablanca a fait salle comble. Pendant une heure et demie, il nous raconte une tranche de sa vie, avec un humour qui s’apparente à de l’autodérision.

Subtilement mis en scène, « Hadi Hyati -dont le texte a été co-écrit avec Abdelali Lamhar, co-auteur de la série culte « L’Couple »- n’est pas juste un stand up, nous confie t-il, mais un véritable show avec de vraies chorégraphies », où on voit l’humoriste danser, chanter et jouer de la musique. Un spectacle abouti qui révèle un artiste complet, ambitieux et extrêmement intelligent. Rencontre avec un mordu de la scène qui tient à faire rire sans jamais froisser qui que ce soit.

L’Observateur du Maroc. Vous êtes diplômé en Communication, pourtant, vous avez choisi l’humour comme métier, est ce que ce n’était pas un peu risqué ?

Hamza Filali Le fait d’être humoriste, c’est un rêve pour moi. Au Maroc, les familles ne sont pas très motivées pour que leur enfant soit humoriste. D’ailleurs, personne ne le perçoit ici comme un vrai métier. Alors, j’ai obtenu mon diplôme pour faire plaisir à mes parents, puis, j’ai décidé de prendre le risque, de foncer et de faire ce que j’aime pour y arriver. Aujourd’hui, c’est mon métier à plein temps.

Vous arrivez à vivre de votre métier ?

Oui. Cela dit, pour être un vrai artiste et être créatif, il ne faut pas faire cela pour de l’argent mais par amour, surtout au Maroc. Il suffit de savoir gérer sa vie.

J’imagine que votre passion pour l’humour remonte à très longtemps ?

Depuis ma naissance. Ce n’est pas une passion, c’est un don. À la maison, j’étais l’humoriste qui faisait rire la famille, je créais l’ambiance et beaucoup de gens me disaient qu’il fallait faire du théâtre. J’ai donc fait un peu de scène et de théâtre au collège et au lycée pour accroître ce don. C’est une passion innée, un zest de don et beaucoup de travail.

Votre première série sur le web s’appelait aussi Hadi Hyati, tout comme votre spectacle ?

J’ai fait ce choix parce qu’à l’époque, ça m’avait porté chance. J’étais stewart aux Emirats, puis, j’ai travaillé pour une entreprise marocaine d’aviation et j’ai tout plaqué pour réaliser mon rêve. Avec un ami à moi, Ali Berrada, on a bossé sur le concept, puis on a lancé le teaser sur internet qui a fait un buzz énorme avec 100 000 vues en deux jours. C’était la 1e mini série sur internet et les gens voulaient en savoir plus, alors on a tourné deux autres épisodes, avec Amir Rouani qui est le réalisateur de L’couple, on a présenté le projet à Médi1 tv et ils ont accroché.

Internet vous a finalement rendu service ?

Bien sûr. Internet rend service à beaucoup de jeunes et c’est une très grande chance pour ma génération. Les jeunes ont l’opportunité de s’exprimer et de montrer leur talent. C’est une grande leçon pour beaucoup d’autres personnes.

Votre spectacle est un peu autobiographique ?

C’est une sorte de miroir. Les gens vont croire que c’est ma biographie, alors que c’est une biographie de tous les marocains. Ce sont des anecdotes que les marocains n’ont pas le temps de remarquer, je me suis inspiré de mon entourage, qui reflète en fait, le quotidien de 90% des marocains, c’est un spectacle où chaque marocain va se voir. Je parle de ma formation en tant que stewart aux Emirats, je raconte des anecdotes. Je parle aussi de beaucoup de sujets qui me touchent comme le racisme que je ne tolère pas. J’ai vécu avec plusieurs classes sociales (Derb Seltan, Maârif, Emirats,…), c’est un vrai choc de cultures et tout le monde aura sa part du gâteau.

Le spectacle débute avec une danse élaborée et une chorégraphie impressionnante…

C’est la 1ère fois qu’on trouve dans un stand up marocain une danse avec des chorégraphes professionnels. C’est beaucoup de travail et ça nous a pris deux ans pour monter le spectacle (écriture, réécriture, coaching, répétitions, mises en scène,…). En fait, ce n’est pas seulement du stand up, c’est un show, où je danse, je chante et je joue même du jambi. Mon but, c’est d’éblouir les gens, et de leur montrer un produit nouveau avec une bonne réalisation, je ne veux pas que les gens s’ennuient.

C’est quoi le plus dur pour vous?

Tout est dur, rien n’est facile. Il faut donner à chaque chose son importance et ne rien négliger. Il faut travailler sur la gestuelle, le texte, le message qu’on veut faire passer. Il faut oser dire des choses qui font rire sans pour autant choquer les gens. Je n’ai pas fait un spectacle pour casser ou froisser qui que ce soit, mais tout le monde va pouvoir s’y retrouver. Il faut être pertinent, travailler sur chaque mot, chaque phrase tout en donnant de l’importance à ce qui se passe autour de nous.

Est ce que c’est difficile de faire rire?

Il faut juste rendre les gens à l’aise et les pousser à vous faire confiance. Les marocains ont tendance et ont besoin de rire, on a beaucoup de stress et de pression, on a besoin d’évacuer ce stress pour se faire du bien.

Comment faîtes-vous justement pour évacuer le stress?

Il faut juste se concentrer et croire en ce qu’on fait, faire confiance à Dieu et en notre don. Sinon, je me bagarre avec ma femme pour évacuer le stress (rire).

Votre passage à la télé vous a donné plus confiance en vous?

La télé est une carte de visite, pour rester visible chez les gens et s’inviter dans leur maison. La télé m’a rendu énormément service, mais mon rêve a toujours été la scène. Si vous n’êtes pas visible, les gens vous oublient.

Les thèmes qui vous inspirent?

Tout ce qui se passe autour de moi m’inspire et peut faire rire les gens. Mon quotidien, la vie des gens, leur façon de vivre, les quartiers populaires, aisés,… Ma vie elle-même est une anecdote.

Votre objectif est de faire rire les gens ou de passer un message donné ?

Moi, je suis pour le rire intelligent. On n’est pas un clown sur scène, on est un artiste qui a des principes et qui sait ce qu’il dit, qui a vécu beaucoup de choses, et qui veut partager cela avec son public. Il faut dire des choses qui font rire les gens mais en même temps, qui les font réfléchir.

Le dernier spectacle de Hassan El Fad est aussi une autobiographie. Vous pensez que ce genre de style est plus porteur ?

Il y a des styles d’humour comme l’humour noir ou l’humour politique mais moi, j’ai opté pour l’autodérision. Je parle de ma vie mais en même temps, je parle de la vie de beaucoup de marocains. Lorsqu’on parle de sa propre vie dans un spectacle, le message passe plus vite et plus facilement. Le plus bel humour est celui où les gens se voient. Il faut être intelligent pour faire ce genre d’humour, ce n’est pas facile de faire passer le message subtilement, avec des vannes.