Le « Musée Villa Harris » ouvre ses portes à Tanger

 

Abandonnée pendant vingt ans, la légendaire villa Harris construite par le britannique et correspondant du Times Walter Burton Harris à la fin du XIXe siècle, renait de ses cendres et devient Musée Villa Harris. Autrefois témoin d’un passé fastueux dans un Tanger alors en ébullition et au cœur des enjeux internationaux, elle est désormais témoin d’un riche héritage culturel et patrimonial légué aux générations futures.

 

 

 

Imaginée et construite à la fin du XIXe siècle par le britannique Walter Burton Harris, journaliste - envoyé spécial du journal The Times, la bâtisse historique siège face à la Méditerranée, mère de nombreuses civilisations. La villa a résisté au temps, aux guerres et aux occupations pour devenir aujourd’hui un lieu d’échanges et de culture qui abrite deux siècles d’histoire de l’art au Maroc.

Autrefois résidence de rencontres internationales, de loisirs et de villégiature, Villa Harris s’est réinventée en un lieu culturel qui met aussi en avant l’influence artistique du monde méditerranéen et le dialogue permanent entre les deux rives.

 

 

Le Musée Villa Harris vient ainsi compléter l’offre muséale de Tanger, ville au carrefour de l’Europe et de l’Afrique. « Fidèle à son objectif de doter chaque ville d’un musée, la Fondation Nationale des musées enrichit le paysage culturel de Tanger par un nouvel espace muséal qui prend racine à Villa Harris », explique Mehdi Qotbi Président de la Fondation Nationale des Musées. « La collection singulière d’œuvres d’art exposées au musée est issue d’une donation offerte par El Khalil Belguench qui a tenu à ce qu’elle soit partagée avec les tangérois. Le parcours de l’exposition reflète l’identité singulière de la Villa Harris, les œuvres sélectionnées offrent la possibilité de saisir l’influence qu’ont exercées à la fois les couleurs, les lumières et les senteurs de Tanger et du Maroc ».

 

 

Couleurs, paysages et traditions à l’honneur

 

 

 

L’exposition inaugurale met en lumière les couleurs, les paysages, les traditions et les scènes de vie qui ont fasciné toute une pléiade de peintres occidentaux après le premier et unique voyage d’Eugène Delacroix au Maroc. Des tableaux d’artistes majeurs du début du XXe siècle, tels que Frank Tapiro, Jacques Majorelle, Claudio Bravo ou encore Edy-Legrand se confrontent aux œuvres des premières générations d’artistes marocains qui ont façonné la modernité artistique du Royaume, de Ben Ali R’bati et Mohamed Sarghini à Jilali Gharbaoui, Fatima Hassan, Mohamed Hamri et Farid Belkahia, entre autres.

Un nouvel espace pédagogique dédié à la jeunesse accompagne l’exposition, avec une borne interactive et une bibliothèque qui permettront d’approfondir la compréhension des oeuvres et des artistes exposés.

A l’extérieur du musée, un jardin exotique et tout aussi historique, agrémenté de plantes rares, de sculptures et de statues, appelle à l’évasion.

Villa Harris, musée de Tanger a vu le jour grâce à une étroite collaboration de la Fondation Nationale des Musées avec la Wilaya de Tanger, l’Agence pour la promotion et le développement du Nord et le Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports qui ont permis la rénovation de ce bâtiment en conservant son cachet authentique.

Le fonds artistique de ce nouveau musée a été offert à la FNM, à titre de donation, par un mécène marocain. En dotant Tanger de son premier musée d’art moderne, la FNM place ainsi la ville du détroit parmi les destinations culturelles incontournables au Maroc.

 

 

Une icône de Tanger « entre deux mondes »

 

 

 

 

Véritable bijou architectural, la villa Harris témoigne d’une période historique importante. Elle a été construite à la fin du XIXème siècle à Tanger par Walter Burton Harris (1866-1933), envoyé du journal londonien « The Times ». Ce dernier choisit le site pittoresque du quartier de Malabata pour élever sa résidence au centre d’un domaine de 9 hectares où il y cultive plantes et espèces rares.

Arrivé avec une délégation officielle britannique au début du XIXe siècle, Harris y observe les crises diplomatiques internationales en marge de la conférence d’Algésiras et de la visite de Guillaume II à Tanger. Il est le témoin de l’entrée en vigueur des deux protectorats français et espagnol au Maroc.

Dans sa demeure, Walter Harris reçoit l’élite du monde politique et intellectuel : diplomates, puissants, décideurs, religieux et espions aussi. Il en fait le siège de discussions des grands événements, d’alliances et de négociations…

Mais suite à des dettes de jeu, Walter Burton Harris est contraint de se séparer de son petit paradis qu’il cède au propriétaire espagnol du Casino Onfre Zapata.

La belle demeure et son parc sont, par la suite, transformés en Casino-Parc, jusqu’à l’occupation de Tanger par les troupes espagnoles lors de la seconde guerre mondiale.

Dans les années 60, le domaine est racheté par le Club Méditerranée qui aménage un de ses villages de vacances autour de la Villa Harris.

En 1992, le Club Méditerranée quitte Tanger, laissant le domaine intact et inhabité. Abandonné pendant vingt ans, le bâtiment se dégrade rapidement.

La Villa Harris, espace patrimonial emblématique de l’exceptionnelle et riche histoire de Tanger, a été reconstruite et réhabilitée en 2017 par l’Agence pour la promotion et le développement du Nord dans le cadre du projet Tanger Métropole.

 

 

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