Libre cours
Naim KAMAL

La dernière, en fait l’avant dernière parce qu’il n’y aura jamais de dernière en France. Dominique de Villepin, ancien premier ministre de Jacques Chirac et auparavant son ministre des Affaires étrangères (entre autres) est revenu en septembre au Quai d’Orsay y travailler une journée, une seule. Pour cent mille euros. Environ un million cent cinquante mille DH. La vérité est un peu plus compliquée que ça puisqu’il s’agissait de compléter un nombre de journées travaillées aux Affaires étrangères qui est sa maison d’origine pour qu’il puisse prétendre à une retraite prévoyant un bonus de cette valeur. Un privilège que n’aurait jamais obtenu un ouvrier de l’industrie automobile dans la banlieue parisienne. L’égalité alignée aux côtés de fraternité et liberté n’est qu’une devise semblable aux promesses qui n’engagent que ceux qui y croient. Face aux turpitudes politico-juridico-financières que vit l’Hexagone ces derniers temps, et tout le temps d’ailleurs, un responsable français a voulu mettre De La Fontaine au diapason de la devise française en déclarant : « selon que vous serez puissant ou misérable, la justice est la même pour tous. » Eh bien non, il faut remettre le fabuleux auteur des fables sur ses pieds : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ».

Dans cette chronique, De Villepin n’est qu’une victime collatérale qu’un impudent journal britannique, The Telegraph, a placé au mauvais endroit au mauvais moment, lui qui a réussi à se faire oublier de tous et même de Nicolas Sarkozy qui voulait le pendre à un crochet de boucher. Un bémol pour ce natif du Maroc. Il est moins atteint que l’ancien président français qui croule sous les affaires, avérées ou pas. Au fait, c’était ça mon point de départ, la douce France qui s’offre en spectacle. Des détournements de fonds de campagne, des évasions fiscales et des financements occultes. Des intrigues d’alcôves comme le carpaccio de bœuf du Bistrot Romain, de mauvais goût mais en veux-tu en voilà. Et une justice qui tangue, à bâbord quand c’est le socialiste qui est à l’Elysée, à tribord quand c’est le capitaliste Sarkozy qui était aux commandes. Sous la droite c’est Eric Woerth qui enfume à l’Oréal sa Liliane Betancourt, sous la gauche c’est Jérôme Cahuzac qui passe à la caisse suisse. Un ancien président placé sur écoute dictaphonique par son propre conseiller et téléphonique par les juges, et une actuelle garde des seaux qui jure ses grands dieux ne rien en savoir dans un brouhaha médiatique où plus personne n’entend plus personne. Mais qu’arrive-t-il à la France va-t-en guerre en Ukraine cependant qu’elle se transforme en grande foire où l’empoigne l’emporte sur l’art ?

Accroche : La douce France qui s’offre en spectacle. Des détournements de fonds de campagne, des évasions fiscales et des financements occultes. Des intrigues d’alcôves comme le carpaccio de bœuf du Bistrot Romain, en veux-tu en voilà. Et une justice qui tangue, entre bâbord et tribord.