Libre cours
Naim KAMAL

Mohamed Elhini, magistrat du tribunal administratif de Rabat, a été convoqué devant l’Inspection générale du ministère de la Justice.

Selon le ministère, cette convocation « fait suite à une plainte de l’un des grands magistrats exerçant au ministère de la Justice et des Libertés après la publication par l’intéressé d’un article sur internet (…) contenant des accusations contre son collègue qui était par le passé son chef hiérarchique ».

Le juge, lui, a une version légèrement différente.

Tous ses tracas lui viennent du verdict favorable aux diplômés chômeurs contre le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane qui a toujours refusé d’entériner l’accord entre les diplômés chômeurs et son prédécesseur Abbas El Fassi qui, sous la pression du 20 février, leur avait accordé le droit d’accéder à la fonction publique sans concours.

Cet accord a pour référence historique la date de sa signature, l’accord du 20 juillet.

Les diplômés chômeurs le brandissent pareil que le mouvement national arbore le manifeste du 11 janvier pour l’indépendance du Maroc.

Arrachée de haute lutte tout comme l’accord du 20 juillet.

Pour l’obtenir, il leur a fallu des années de sit-in dans les principales artères de Rabat et d’occupation des édifices publics portés par la frayeur qu’a donnée le présumé printemps arabe à Abbas El Fassi.

Ce n’est pas maintenant Abdelilah Benkirane et sa grosse gueule qui allait, une fois porté à la tête du gouvernement, leur retirer leur titre de gloire.

Un accord est un accord et le juge Elhini par équité ou par témérité leur a donné raison.

Si maintenant la justice n’est plus aux ordres du gouvernement c’est que c’est un scandale.

Sous ta robe soit juge et tais-toi ! Mais peut-être qu’on fait un mauvais procès au gouvernement.

Peut-être que sur sa lancée, le juge Elhini ne s’est plus reconnu de limite et s’est mis dans la tête de défier toute la hiérarchie alors qu’en justice comme partout d’ailleurs mais plus qu’ailleurs, l’ordre et la discipline sont le secret de polichinelles d’une Cour qui selon que vous êtes puissants ou misérables vous rendra blanc ou noir.

Le juge Elhini ne l’ignorait certainement pas, mais il s’est éventuellement mis dans la tête de se faire le Robin des Bois de ces diplômés va-nu-pieds qui ne savent que battre le pavé.

Si on avait créé à leur intention une carte Safar Flyer comme la Royal Air Maroc l’a fait pour ses passagers, vous imaginez le nombre de points qu’ils auraient engrangé.

Mais peut-être qu’on juge mal le gouvernement, mais sans doute que Benkirane a la loi pour lui - tous égaux devant l’emploi -, mais probablement que Mohamed Elhini en fait trop ; mais qui l’opinion publique va-t-elle croire, le petit juge ou le chef du gouvernement ?