Pas de démocratie sans démocrates
Lahcen Haddad

Le dernier Conseil national du mouvement populaire a tourné au pugilat. Lahcen Haddad, membre du bureau politique et candidat au secrétariat général face à Laensar, a fait l’objet d’attaques personnelles qui l’ont poussé à quitter la réunion. Certains ont même demandé sa démission du gouvernement parce qu’il a osé défier celui qui est secrétaire général depuis 26 ans. Au PPS, Nabil Benabdellah, fort du soutien de la majorité du comité central traite ses adversaires de schizophrènes. Auparavant, l’Istiqlal a connu la contestation de l’élection de Chabat par ses adversaires qui ont même introduit une plainte en justice. Driss Lachgar et Zaidi sont en rupture absolue depuis le 9e congrès, le second contestant la victoire du premier. Dans tous les partis, on parle de trucages, d’achats de voix, de perte d’indépendance, de clientélisme. Nous sommes, pourtant, face aux quatre partis les plus anciens de la scène politique et qui ont toujours fait référence à la démocratie dans leurs congrès.

[caption id="attachment_11640" width="150"] Nabil Benabdallah[/caption]

Ils ont appelé à voter pour la constitution du premier juillet 2011. Celle-ci était censée faire entrer le Maroc dans le club des démocraties avancées. Il est difficile de croire qu’avec des structures partisanes incapables d’organiser des élections internes, transparentes, honnêtes, dont les résultats sont inattaquables et donc acceptés par tous, on puisse construire des institutions crédibles. Notons plusieurs faits. D’abord ces joutes électorales n’ont pas pour soubassement des divergences profondes, des projets différenciés, à part le cas du PPS où la participation au gouvernement est contestée, mais juste des luttes de personnes. Ensuite, les accusations portées sont les mêmes que celles dont se gargarisaient, par le passé, ces mêmes partis à l’encontre des élections nationales. Or, ces quatre partis ont salué les élections du 25 novembre 2011. La constitution accorde un rôle primordial aux partis politiques, qu’ils soient dans la majorité ou au sein de l’opposition. La mise à niveau des partis, leur mise en conformité avec les aspirateurs démocratiques du peuple marocain, commence par la démocratisation de leur fonctionnement. Ils ne peuvent jouer leur rôle constitutionnel, l’encadrement des populations, en donnant une image aussi médiocre. Les jeunes en particulier ne sont point attirés par des structures sclérosées, sans débat d’idées où les confrontations sont de plus en plus violentes autour d’ambitions personnelles.

[caption id="attachment_11641" width="150"] Driss Lachgar[/caption]

Le discours sur les institutions démocratiques n’est pas crédible quand ceux qui le portent violent aussi allègrement les règles de la démocratie, même les règles de base, c"est-à-dire le respect des urnes. Dès lors, il ne faut pas s’étonner de la pauvreté du débat public et de la défiance vis-à-vis des institutions représentatives. On ne construit pas une démocratie sans respecter les valeurs qui la fondent ❚