Fès Royaume de Simorgh

Rares sont les festivals où l’on peut voir réunis et surtout unis par une musique qui parle à l’âme des Palestiniens, des Israéliens, des Iraniens, des Américains… En somme, des femmes et des hommes, des jeunes et des moins jeunes, qui n’ont d’autres quêtes que celle de l’élévation. Dans la capitale spirituelle du Royaume, durant les 9 jours que dure le Festival des musiques sacrées, une véritable communion s’opère grâce à la magie de la musique. On en oublie presque le conflit du Proche Orient, la guerre fratricide en Irak ou encore en Syrie, la crise et tous les déboires du monde. À Fès, tout invite à une fraternité fusionnelle. Fraternité entre les hommes, fraternité entre les religions, fraternité entre les cultures. L’envol a été pris dès le lever de rideau. Sous une majestueuse pleine lune qui aurait suffi, à elle seule, pour éclairer la scène de Bab Makina, a été donné le spectacle inaugural : « Conférences des oiseaux : Lorsque les cultures voyagent ». Inspirée du conte mystique de l’auteur persan Farid Ud-Din Attar, cette création originale de la Fondation Esprit de Fès a été conçue et dirigée par Layla Skali et Faouzi Skali. Sa mise en scène a été assurée par le Français Thierry Poquet. Et c’est par la voix mélodieuse de l’artiste Libanaise Abeer Nehmé, et par des chanteurs africain, juif, asiatique… que les oiseaux ont conté leur histoire. Ceux-ci ont effectué un long voyage, en 7 étapes, où ils ont connu des moments de paix et d’autres de grande souffrance pour se chercher une reine : Simorgh. À la fin de leur long périple, ils ont découvert que chacun d’eux a parcouru des plaines et des montages, des nuits, des jours et des saisons, pour enfin découvrir qu’il est luimême la reine qu’il est venu chercher. Ce spectacle a été longuement applaudi par la Princesse Lalla Salma et les nombreux spectateurs présents ce soir-là à Bab Makina. Le 20e festival de Fès était donc déclaré ouvert de la plus belle des manières ❚

 

MOMENTS FORTS

Le Festival de Fès des musiques sacrées du monde a rendu, le 15 juin, un vibrant hommage à Nelson Mandela avec un concert inédit donné par les célèbres artistes sénégalais Youssou N'dour et sud-africain, Johnny Clegg. Ce dernier a émerveillé le public en chantant « Asimbonanga » qui signifie en zoulou « Nous ne l'avons pas vu ». Un tube à succès planétaire contre l'apartheid. Celui qu’on surnomme le Zoulou blanc a confié au publi que Nelson Mandela représente beaucoup pour lui. Youssou N'dour a lui aussi fait sensation en chantant l'espoir et la souffrance de l’Afrique. Grand moment de la soirée : le concert commun donné par les deux artistes. Autre spectacle qui restera dans les annales de ce Festival, celui donné, le 21 juin également à Bab Makina, par Kadem Saher. Devant quelque 11.000 spectateurs, le chanteur irakien a été égal à lui-même en donnant un autre air aux « Conférences des oiseaux ». Le long de cet événement artistico-spirituel, le public a eu droit à des registres musicaux variés allant des sonorités méditerranéennes de Roberto Alagna (France-14 juin), à celles africaines avec Rokia Traoré (Mali-14 juin), en passant par des musiques latino-américaines avec Luzmila Carpio (Bolivie-15juin) ou encore américaines avec Buddy Guy Legend (USA-21juin)

 

Simorgh

Quand Simorg, enlevant son voile Révéla son visage, tel l’éclatant soleil Elle jeta sur la Terre des ombres par milliers Et des oiseaux parurent, sans ombre, à chaque souffle Celui qui sait de qui il est l’ombre portée Se trouve libéré, qu’il vive ou bien qu’il meure Si tu n’as pas les yeux pour voir Simorgh C’est que ton coeur n’est pas poli comme un miroir Ce miroir, c’est le coeur, regarde dans ton coeur Peut-être y verras-tu enfin briller Sa face

 

Clôture en Apothéose

Venue pour la première fois au Maroc en compagnie de la troupe mythique de l'Amérique noire «Hot8 Brass Band », Buddy Guy Legend, a émerveillé le public, le 21 juin sur la place Bab El Makina, en clôture de cette 20e édition du festival de Fès des musiques sacrées du monde. La légende du Chicago blues a interprété ses grands succès, en déambulant pendant un long moment au milieu du public. Pour rappel, comme chaque année, en plus de la musique, le débat avait aussi toute sa place dans ce Festival. Des intellectuels de renom, des politiques et des diplomates ont discuté en long, en large et en travers de mondialisation, de cultures et d’identités en transition, de diversité, de politique selon Nelson Mandela… Rendez-vous est pris l’année prochaine pour de nouveaux débats, mais surtout pour des sacrées musiques !