Israël : La droite israélienne dans la nasse
Mireille DUTEIL

Benyamin Netanyahou s’est piégé lui-même. Voilà plus de dix ans que le Premier ministre israélien, refusant toute paix avec les Palestiniens, flirte avec l’extrême-droite. Son premier souci était de se constituer une majorité politique pour rester au pouvoir et mettre en oeuvre une politique d’annexion à petits pas de la Cisjordanie qui rendrait tout Etat palestinien impossible. Il a atteint son but. Mais Benyamin Netanyahou n’est plus maître du jeu. Il est prisonnier des mouvements extrémistes qu’il a laissé prospérer. Le supplice de l’adolescent palestinien de 16 ans, Mohamad Abou Hdreir brûlé vif après avoir été frappé à la tête, en représailles à l’assassinat de trois jeunes Israéliens enlevés près d’une colonie d’Hébron, est le signe le plus évident du pourrissement d’une situation qu’il a laissé prospérer. Il y eut d’abord l’encouragement à l’implantation de nouvelles colonies. Chaque geste de l’Autorité palestinienne jugé contraire à Israël, telle la demande d’adhésion aux organisations internationales des Nations Unies, est immédiatement suivi par la construction de plusieurs centaines de logements dans les colonies. C’est majoritairement parmi ces nouveaux colons que se trouvent les extrémistes, souvent très religieux. D’où la multiplication des attaques contre les paysans palestiniens de Cisjordanie, empêchés, de rejoindre leurs champs, de ramasser les olives (des milliers d’oliviers ont été détruits), blessés à coups de pierres, voire, dans les cas les plus graves, heureusement assez rares, tués à coup de fusil ou battus. Près de 500000 Israéliens vivent désormais en Cisjordanie et dans les quartiers Est de Jérusalem et de sa périphérie, territoires palestiniens aux yeux de la communauté internationale. L’armée israélienne s’est toujours gardé de sévir et d’arrêter les colons qui s’attaquaient aux paysans palestiniens. Des soldats assistent même l’arme au pied à ces attaques. Pas un colon n’est arrêté et jugé. Le gouvernement ne s’est jamais opposé, non plus, à l’enseignement de rabbins ultra orthodoxes loubavitch, tel Yitzhak Ginsburg, qui enseigne dans une colonie du nord de la Cisjordanie, les fondements d’une société raciste dans laquelle le meurtre d’un juif est punissable mais pas celui d’un Arabe. Rien d’étonnant à ce que le laxisme officiel soit ressenti comme une légitimation de leurs actions par les mouvements d’extrême-droite. Les réseaux de juifs extrémistes se sont multipliés. L’un d’eux, Tag Mehir (« le prix à payer », sous-entendu par les Palestiniens), est apparu en 2008. Sa spécialité ? L’attaque de Palestiniens, les déprédations de leurs biens, les graffitis sur les mosquées. Ils n’ont jamais été arrêtés sans être rapidement relâchés. Les assassins du jeune Abou Hdreir viendraient du Tag Mehir et six d’entre eux viennent d’être interpellés. Benyamin Netanyahu réalise qu’il est allé trop loin. Les radicaux de Tag Mehir s’attaquent aussi aux Palestiniens de nationalité israélienne, les « Arabes israéliens », musulmans et chrétiens, qui vivent du côté israélien de la frontière. Ils veulent les voir partir. Dans cette escalade mortifère de la violence, ces derniers jours, des jeunes des bourgades « arabes israéliennes » se sont révoltées contre la police israélienne. Une situation sans issue dont la nouvelle guerre de Gaza ne permettra pas de sortir ❚