Gestion religieuse et lutte anti-terroriste : Le modèle marocain expliqué à l’ONU
Ahmed Taoufiq

Une réunion de haut niveau du Comité contre le terrorisme (CTC) relevant du Conseil de Sécurité de l'ONU a été tenue, le 30 septembre, au siège des Nations unies à New York. À l’ordre du jour : « Lutte contre l'incitation à commettre des actes terroristes motivés par l'extrémisme et l'intolérance ». Que ce Comité présidé par Raimonda Murmokaité, par ailleurs représentante permanente de la Lituanie à l’ONU, invite à cette occasion le Maroc à exposer son expérience dans ce domaine confirme que le pays est désormais considéré comme un bon exemple à suivre. Devant les membres du Conseil de Sécurité et d'autres Etats membres de l'ONU présents à cette réunion, le ministre des Habous et des affaires islamiques a montré comment le royaume promeut, depuis des siècles et encore plus aujourd’hui, l’islam tolérant pour lutter contre toutes les formes d’extrémisme. Il a également mis en exergue le rôle moteur de l’institution de la « Commanderie des croyants » dans la gestion des affaires religieuses. « En cette matière, la politique du Maroc puise dans la nature même du régime marocain, fondé depuis plus de dix siècles sur le fait que le Chef de l'Etat, aujourd'hui SM le Roi Mohammed VI, prend sa légitimité de sa qualité de Commandeur des croyants », a souligné Ahmed Taoufiq. Et d’ajouter : « On trouve l’attachement aux constantes de la religion sur lesquelles s'accordent unanimement tous les Marocains depuis plus de dix siècles ». Le ministre a précisé qu’en plus de la Commanderie des Croyants, ces fondamentaux sont le dogme « ash'arite », le rite « malékite » et la préservation et la protection de la dimension spirituelle de l'Islam. C’est clair qu’en accédant au trône, le roi Mohammed VI a donné un nouvel élan à l’institution de la Commanderie des croyants. Le souverain a renforcé le rôle du Conseil supérieur des Oulémas, mis fin aux divagations des muftis autoproclamés et endigué l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques. Le ministre a expliqué que la Commanderie des croyants est exclusivement responsable de la protection de la religion et des affaires y afférentes. « La logique de l'allégeance ne laisse guère de place à quelconque projet politique fondé sur la religion », a expliqué Ahmed Taoufiq. La stratégie du pays en matière religieuse est aussi celle de l’ouverture vers les pays africains et d’ailleurs. D’une part, le Maroc a ouvert les portes de ses centres de formation religieuse à des imams de différents pays africains et de l’autre le royaume continue à envoyer ses propres imams dans différents pays à travers le monde. Ce sont autant de courroies de transmissions de l’islam universaliste, qui est celui de la paix, de la tolérance et de la fraternité. C’est ce qui fait aujourd’hui du pays musulman qu’est le Maroc un îlot de sérénité dans un océan de terreur.

[caption id="attachment_13932" width="550"] Mohamed Yassine Mansouri[/caption]

Guerre tous azimuts contre le terrorisme

La « sécurité spirituelle », à elle seule, ne suffit pas. Plus que jamais, couper l’extrémisme religieux à la racine devient une impérieuse nécessité. Les membres du CTC sont les mieux placés pour le savoir. C’est pour cela qu’ils ont voulu en savoir plus sur les efforts fournis par le Maroc concernant la lutte anti-terroriste. C’est Mohamed Yassine Mansouri, en sa qualité de Directeur Général des études et de la documentation (DGED), qui est allé à New York pour leur réitérer le fort engagement du pays contre le fléau du terrorisme sous toutes ses formes. Mansouri a souligné que l'approche du Royaume en matière de lutte anti-terroriste est multidimensionnelle. Outre l'aspect sécuritaire, elle trouve son expression dans une stratégie religieuse et spirituelle aboutie, visant la diffusion d'un Islam qui prône les valeurs de tolérance, d'altérité et du juste milieu en toute chose, ainsi qu'à travers un développement socio-économique inclusif qui place l'individu au coeur de ses préoccupations. Mais l’aspect sécuritaire est essentiel. Preuve en est le nombre de cellules terroristes démantelées dans le royaume (Lire encadré ci-dessous). Autre preuve de l’efficacité des services de sécurité marocains, les informations salvatrices communiquées à d’autres pays, dont de grandes puissances, qui ont permis de tuer dans l’oeuf des projets d’attentats qui se voulaient dévastateurs. Sur ce registre, le DG de la DGED a révélé que les services marocains ont informé les Américains de l’existence du camp de « Khoulden » en Afghanistan qui relevait d’Al Qaïda, ce qui a abouti à sa destruction par les forces de la coalition. Mansouri a aussi dévoilé que des renseignements fournis par le Maroc ont permis à la France, à l’Espagne et à la Belgique de démanteler des structures terroristes affiliées au « Groupe islamique combattant marocain » (Al-jamaa al-islamiya al-moqatila al maghribia). Le travail d’anticipation des services marocains a également fait éviter à la France un autre attentat que voulait perpétrer sur son territoire la cellule terroriste du Tunisien Mohamed Ben El Hadi Messahel, à l’Italie une attaque terroriste contre le métro de Milan et la Basilique San Petronio, principale église de Bologne. D’autres pays comme l’Algérie voisine ou le Danemark ont bénéficié de cette même précieuse aide de la part du Maroc. Mansouri a également déclaré qu’en fournissant des renseignements clés, le pays participe activement à combattre les organisations terroristes en Syrie. Par ailleurs, selon le patron de la DGED, le Maroc a développé une dynamique importante avec ses partenaires africains dans des domaines liés notamment à la formation, au partage de renseignements et à la coopération, ce qui a permis de déjouer un grand nombre de projets terroristes qui visaient de hauts responsables de ses pays amis, ainsi que des intérêts occidentaux. Le responsable marocain a regretté le déficit de coopération intermaghrébine et a réaffirmé que le royaume reste vigilant. Surtout que la menace terroriste émanant de la région Sahélo-Saharienne est aujourd'hui exacerbée par des alliances entre AQMI et le polisario, ainsi que par d"autres groupes terroristes, dont le « MUJAO », « Boko Haram », « Al Chabab Islami » en Somalie et « Ansar Acharia » en Tunisie et en Libye ❚