« Pour le retour de l’Etat dans le giron économique »

Qui est Magaye Gaye?

Magaye GAYE est Titulaire d’un DESS en Analyse et Evaluation de projets de développement dans le tiers monde de l’Université de Rennes 1 en France. Il a enseigné pendant 2 ans en France avant d’exercer pendant une quinzaine d’années dans les organisations sousrégionales africaines de financement du développement : Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) et Fonds Africain de Garantie et de Coopération Economique (FAGACE) à des niveaux stratégiques élevés. Il a eu à gérer au niveau de la BOAD un portefeuille d’engagement de plus de 500 milliards de FCFA. Magaye GAYE est titulaire de deux distinctions honorifiques: la médaille de la reconnaissance centrafricaine et la carte compétence et talents délivrée par les autorités françaises.

L’Observateur du Maroc et d’Afrique: Comment jugez-vous la scène politique sénégalaise?

MAGAYE GAYE : La scène politique sénégalaise est marquée par une grande vitalité démocratique et par la présence de beaucoup de formations politiques, environ plus de deux cents trente répertoriés. Cela fait beaucoup, du point de vue de beaucoup d’analystes politiques, en tenant compte de la taille de la population du pays estimée à 13 millions d habitants. Cette situation amène aujourd’hui les Autorités à enclencher des réflexions visant à trouver les meilleures manières de rationaliser la scène politique sénégalaise. De manière analytique, l’activité politique semble concentrée autour de 5 grands partis au nombre desquels le Parti Socialiste, le Parti Démocratique Sénégalais, l’Alliance des Forces du Progrès, Rewmi et l’Alliance Pour la République, d’où l’actuel Président de la République est issu. Même si les idéologies libérales, socialistes et communistes constituent à des degrés divers le soubassement de beaucoup de partis politiques sénégalais, force est de constater que le landerneau politique local est organisé autour d’ambitions de positionnement et de promotion personnels qui laissent peu de place à la conception de programmes de sociétés structurés. De larges coalitions hétéroclites sont en général constituées au moment des élections.

Vous promouvez une troisième voie, en quoi consiste ce concept?

Le parti la troisième voie ambitionne de regrouper tous les sénégalais de bonne volonté, convaincus que notre Pays a raté son décollage économico-social plus de 50 ans après l’indépendance et persuadés que le chemin que nous continuons d’emprunter ne mène nulle part. Nous ambitionnons de tourner la page des solutions expérimentées depuis 1960 et d’imaginer des remèdes novateurs pour sortir notre pays de ses difficultés. Dans le respect bien entendu de nos valeurs culturelles et religieuses. Nous voulons bâtir un Sénégal adorateur de Dieu, respectueux et respecté, prospère et solidaire, libre et juste. Au plan économique, notre plan de développement repose principalement sur le retour de l’Etat dans le giron économique. Plus d’Etat et mieux d’Etat. Un Etat stratège, économe et conscient de ses responsabilités sociales qui met l’accent sur le traitement social du chômage en arrêtant les gaspillages de ressources publiques et en redimensionnant des institutions inefficaces et budgétivores. Le vrai problème de nos pays en matière d’emplois n’est pas lié à des impératifs de croissance mais à des considérations de justice sociale et de répartition. C’est pourquoi nous ambitionnons de consacrer 10% du budget de notre pays à l’emploi. Les autres piliers de notre stratégie économique sont : l’ouverture plus marquée de notre pays au marché de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le développement d’activités de substitution aux importations, la protection du marché local par des mesures de contingentement notamment, la mise en oeuvre d’une politique d’aménagement du territoire vertueuse, par la délocalisation des Ministères économiques dans les capitales régionales du pays. Les réformes de structure quant à elles sont au nombre de 5 et concernent la réforme de l’école, en y intégrant notamment l’enseignement religieux, la réforme des institutions par notamment la diminution du nombre de députés de 150 à 100 et la suppression du Conseil Economique social et Environnemental. A ces 2 chantiers s’ajoutent l’amélioration du climat des affaires, l’identification et la valorisation des découvertes et inventions des Sénégalais et la promotion de la création d’une monnaie dans l’espace CEDEAO en lieu et place d’un franc CFA, fortement arrimé à l’euro et qui gène beaucoup nos exportations. Enfin notre programme a identifié les groupes les plus dynamiques au Sénégal sur lesquels les politiques économiques vont reposer principalement. Il s’agit de l’armée, formée par des Experts chevronnés, disciplinés, mais paradoxalement jamais utilisée de manière efficiente depuis les indépendances, les Groupements de femmes, les Emigrés et les Congrégations religieuses dont la parfaite organisation devrait être mise à profit pour les besoins du développement.

Comment le monde politique et le citoyen ont accueilli votre proposition?

Très bien si je m’en réfère aux nombreuses demandes d’adhésion et de soutien que nous recevons quotidiennement. Il est vrai que cet engouement est facilité par les différentes invitations que nous recevons des médias sénégalais. Des comités de soutien sont entrain de s’organiser un peu partout sur le territoire national.

Quelle est la place aujourd’hui de votre parti dans la vie politique et quelles sont vos ambitions?

Nous sommes un nouveau parti avec cependant des ambitions fortes pour le Sénégal. Nous voulons être pragmatiques. Notre ambition, en mettant l’accent sur l’arrêt des gaspillages de ressources publiques de la part de l’Etat est de mettre un terme à la sollicitation par notre pays de l’aide financière extérieure. Bien entendu en développant corrélativement un plaidoyer demandant aux pays développés et à des Institutions comme le FMI dont le rôle essentiel consiste à garantir la stabilité financière internationale de prendre des mesures responsables tendant à stopper l’encouragement de la fuite de capitaux illégale vers des paradis fiscaux dont certains sont situés dans ces pays. Aujourd’hui une étude menée par l’Union Africaine montre que l’Afrique perd 50 milliards de dollars chaque année sur ce registre, plus que les 46 milliards de dollars d’Aide publique au développement reçus annuellement.

De manière générale, l’Afrique peut-elle trouver son bonheur dans une troisième voie?

Absolument, si on considère que la troisième voie telle que nous la concevons, c’est plus d’équité et de justice sociale, c’est également repenser le développement économique et social des pays africains en abandonnant les modèles préconisés par les pays occidentaux et les organismes de Breton Wood qui n’ont pas donné les solutions escomptées depuis les Indépendances. Le retour de DIEU dans la vie des Nations constitue aussi de notre point de vue une condition sine qua non à la consolidation de la paix et de la sécurité internationales ✱