« M’Woopy », le premier single de Meezo L-Fadly

Avec son style funky en darija, l’artiste marocain Hamza El Fadly alias Meezo L Fadly insuffle une nouvelle dynamique à la scène marocaine. 

Son premier single "M’Wooppy” sorti le 31 janvier dernier cartonne et plait grâce à sa fraîcheur, son rythme énergétique et son style décalé. Agé de 30 ans, le chanteur auteur compositeur ose une composition audacieuse mélangeant rythmiques funky, pop et rock avec des paroles légères et accessibles au plus grand nombre. Installé à Paris, l’artiste autodidacte propose un nouveau concept avec « m’wooppy » qui veut dire décalé et drôle, un peu fou et loufoque, à son image. Rencontre avec un mordu de la musique qui a déjà roulé sa bosse en collaborant, en tant que vocaliste, avec des Dj producteurs français tels que HellEktrik, Laurent Pautrat, Antoine Clamaran, Jeremy DeKoste et fait ses premières scènes à Paris telles que le Réservoir ou le Bizz’Art.

L’observateur du Maroc et d’Afrique: Meezo, c’est votre nom de scène ?

Oui, depuis tout petit, ma grand-mère m’appelait Hmizou, qui est devenu Meezo.

Et que signifie « m’woopy » ?

à la base, c’était une version anglaise, « Be woopy » -comme Be happy-, mais vu que je voulais marocaniser un peu ma musique, j’ai essayé de transformer le mot à l’image d’un adjectif marocain, comme quelqu’un de mssetti (fou), mwedder (paumé)… C’est un état d’esprit, le fait d’aimer un truc de manière très folle, et positive. Je voulais sortir un truc à moi qui me correspond, c’est une sorte d’extase.

Du funky en arabe darija, c’est tout nouveau au Maroc.

Oui, totalement. D’ailleurs, c’est un style qu’on pourrait très bien exporter à l’étranger puisqu’il y a pas mal d’artistes dans le monde qui ont réussi au niveau international à travers leur langue natale. Je voulais innover, faire un nouveau truc. J’ai toujours eu des influences funky, soul, pop, à l’image de Michael Jackson, Prince, …alors je me suis dit : pourquoi pas darija et arabe en générale ? C’est un risque pour moi, mais j’aime prendre le risque. J’y crois profondément.

Au-delà du rythme, le succès du single est dû également aux paroles.

J’ai essayé d’être le plus simple possible, je n’ai pas cherché à faire des trucs de poésie, des trucs profonds. La bonne formule était de sortir des trucs en darija, comme si on parlait à un proche ou à un ami, là, je raconte au public une histoire qui est dôle. D’ailleurs, ce n’est pas très compliqué à chanter et la chanson peut parfaitement être écoutée par des occidentaux.

Qu’est ce qui vous attire dans le funk ?

C’est un peu les Jackson 5, Steevie Wonder,… c’est un truc qui donne de la pêche, et moi, je pense que ça manquait un peu au Maroc, surtout avec des paroles en darija.

Ce qui vous inspire ?

Mon vécu, mon entourage.

Qu’est ce qui vous fait triper ?

J’aime la musique, le funk, le groove, ma femme,… dès qu’il y a un mélange : guitare, basse, batterie, ça me fait triper, ça me rend fou. D’ailleurs, quand je préparais mon Master à Dijon, on m’appelait Ipod, tellement je marche en chantonnant. C’est là aussi où j’ai rencontré pas mal de gens qui m’ont donné ma chance de monter sur scène, j’ai même réussi à être reconnu dans cette ville en tant qu’artiste. J’ai fait pas de concerts (reprises de blues…) dans les clubs, des bars…

Vous avez plaqué une carrière en management pour vous consacrer à la musique. Pensez-vous pouvoir vivre de votre art ?

C’est un risque, un challenge. Mais j’ai toujours dit qu’il vaut mieux se tromper que passer à côté de la chose ! Cela dit, je me donne un an pour voir si ça va marcher. De plus, en France, je suis adhérent à la SACEM, (Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de musique), un organisme qui protège les droits des artistes, et qui consiste à être payé à chaque diffusion, à la radio, télé, club,…et dans plusieurs pays. Le Maroc fera parti de ces pays en 2016 je pense, mes titres ont été playlistés au Maroc, même si je ne suis pas très connu. J’essaie aussi de m’impliquer politiquement, pour que les artistes puissent toucher leurs droits au Maroc. Tout ce qui existe ici, c’est la scène, les radios servent à te faire connaître, alors, il faut viser les scènes, les plateaux télés, mais il y a toujours des artistes qui n’y parviennent pas. Quand on voit le « Maghreb Music Awards », les artistes sont récompensés mais c’est juste un prix symbolique, il n’y ni aide ni encouragement financiers ! Moi, je suis plus dans l’optique de vendre pour produire, il faut vraiment songer à récompenser les artistes, de manière très honnête et sérieuse.

Si vous n’étiez pas musicien ?

Je serais comédien. J’ai toujours été impressionné par le cinéma et les films d’horreur et de Sciences Fiction. J’ai eu la chance de jouer dans un court métrage en France, lors du « Festival 48 hours film project ». J’ai trouvé cela super intéressant et je vois que le cinéma au Maroc, ça avance pal mal. J’ai toujours été impressionné par les rôles de méchants, à la Jack Nicholson. Je ne dirais pas non à un rôle dans le cinéma.

Vos projets ?

Pour l’instant, je ne suis pas trop dans l’optique de lancer un album. Je compte faire single par single, histoire de me faire connaître. Au Maroc, les albums, ça ne marche pas trop, mais je compte faire un album dans un ou deux ans. Je vais sortir des trucs très différents, parce que mon univers est très riche musicalement, il y a une certaine mixité entre le rock, funk, soul, pop, …Il y a un titre que je prépare qui est très rock et oriental à la fois ✱