STING « C’est un honneur de me produire dans les pays arabes ».

'Cinq ans après son concert mémorable à Mawazine, Sting s’est à nouveau produit sur la scène de l’OLM Souissi, reprenant ses plus grands tubes devant des dizaines de milliers de fans.' 

A 63 ans, Sting n’a pas pris une ride malgré son nouveau look. Avec ses grands classiques de The Police et ses hits les plus célèbres, le chanteur, musicien et compositeur britannique a enflammé la foule qui a repris en choeur ses morceaux les plus connus, comme Roxanne, Every breath you take, Englishman in New York, Message in a bottle, Walking on the moon ou Desert Rose… Un voyage dans le passé, au grand bonheur des plus nostalgiques.

L’Observateur du Maroc et d’Afrique. C’est la deuxième fois que vous vous produisez à Mawazine. Quel souvenir gardezvous de votre premier passage en 2010 ?

Sting. Cela m’a fait très plaisir, on a passé un très momen t avec les 80 musiciens de l’Orchestre philarmonique royal. De plus, il y avait des membres de la famille royale qui se sont déplacés pour me voir... En Angleterre, c’est rare que des personnalités royales viennent à mes concerts.

Concernant votre dernier album, vous avez dit que votre chanson préférée était « The last Ship ». Que représente cette chanson pour vous ?

The last Ship, c’est le titre de mon dernier album mais aussi la chanson que j’ai écrite à propos de ma ville natale, Wallsend, près de New Castle. C’est assez personnel, vous savez, je viens du nord de l’Angleterre et ma ville es t très célèbre pour la cons truction des grands navires, donc, c’est une chanson à propos de la construction de navires et je voulais aussi raconter l’histoire de la célébration de la classe ouvrière des chantiers navaux de Newcastle. C’est un message universel qu’on peut partager partout dans le monde.

Et par rapport au new look ?

Vous aimez ma barbe ? (rires). C’était dans le jeu de la comédie musicale, vous savez, mon album a été adapté à Broadway, et comme la barbe fait réagir les gens plus, je l’ai gardé. J’ai aussi aimé me balader incognito dans les rues de New York, sans que les gens puissent me reconnaître immédiatement, c’était très libérateur que les gens ne me regardent pas.

En tant que compositeur, quel conseil pouvez-vous donner concernant l’écriture des chansons ?

C’est très difficile pour moi de donner un conseil utile à ce propos parce que même si j’ai réussi à le faire toute ma vie, ça reste toujours un mystère pour moi, surtout d’où ça émane. C’est quelque chose qui me dépasse, je ne comprends pas comment ça fonctionne mais je suis toujours reconnaissant quand ça m’arrive. Quand je finis une chanson, je suis content mais je m’inquiète déjà pour celle qui va suivre !

Comment s’est faite la rencontre avec Cheb Mami pour « Desert Rose » et pourquoi avoir choisi le rai pour cette chanson ?

Je faisais un enregistrement en 1999 à Paris, je sortais chaque nuit, j’écoutais de la musique nord-africaine et de la musique rai. Et j’ai trouvé cela très excitant, un son différent, une sensibilité différente avec de la dance music. Puis, j’ai rencontré Cheb Mami et je lui ai demandé s’il voulait chanter sur une chanson que j’avais déjà, sans lui dire de quoi il s’agissait, il l’a écouté, et deux semaines plus tard, il est revenu vers moi avec quelques paroles. Je lui ai dit que j’aimais cela et puis je lui ai demandé: « de quoi p arle tes paroles ? », il m’a répondu que c’était sur l’absence, le manque, la langueur. Je lui ai rétorqué : « C’est remarquable parce que c’est exactement ce que je chante en anglais dans Desert Rose ». En fait, la musique a traduit le même sens pour nous deux et ce fut un énorme succès à travers le monde. Je me suis alors senti très fier d’apporter la musique nord-africaine à des gens qui peut être ne l’ont jamais écoutée auparavant…Ce soir je vais la chanter et je vous prie de pardonner d’avance mon accent.

Vous avez expérimenté différents styles musicaux, comptez-vous intégrer une nouvelle fois une musicalité arabe, nord-africaine pour vos projets futurs?

J’ai toujours été attiré par la Word music, mon oreille est ouverte. Quand je voyage quelque part, j’écoute la musique locale, j’écoute la Pop music, la dance music, je suis toujours ouvert aux autres influences musicales, la musique est un langage commun que nous partageons. C’est la devise de la musique.

Vous vous produisez souvent à Dubai, Beïrut,…Que pensez-vous de votre expérience dans le monde arabe et africain ?

J’ai toujours été très excité de jouer dans le monde arabe, j’ai joué en Egypte il y a quelques années, en Tunisie, au Liban, je pense que c’est une culture excitante, j’ai un grand respect pour l’histoire et la culture arabes, j’ai une idée sur leur art, leur musique et leur philosophie…c’est un grand honneur de se produire dans ces pays.

Vous avez joué en Egypte il y a plus de 7 ans. Pourquoi vous n’êtes plus revenu ?

J’aimerais bien y retourner, c’est juste une question de timing. Et vu le contexte politique actuel, ça dépend si on supporte le changement ou pas, si on supporte la liberté… En fait, chaque performance est un acte politique, on ne peut pas juste jouer comme ça. J’aimerais bien y retourner mais j’attends que ça soit un peu plus stable.

Est-ce que ça signifie que vous refuserez de jouer dans certains pays ?

En tant que musicien, je ne supporte pas nécessairement le régime politique d’un pays donné. Je joue pour les gens.

Est-ce que la pratique du yoga vous aide à rester en forme et à performer sur scène ?

J’ai 63 ans et les gens se demandent comment est ce que je peux être en forme. En fait, c’est 50% discipline et 50% vanité ✱