Samia Akariou. « J’aime sortir de ma zone de confort »
Samia Akarioui. © Copyright Mekki Kadiri

Après le triomphe de « YaKout et Anbar », l’actrice et metteur en scène Samia Akriou revient en force avec la série « Bab L’Bhar », le premier thriller marocain où elle interprète une femme souffrant d’un cancer et dont elle a co-écrit le scénario avec Jawad Lahlou.

Comment est née l’idée de « Bab L’Bhar » ?

L’idée du scénario est inspirée de ces résidences huppées, fermées et isolées du monde extérieur, où les gens cherchent le bonheur, la sécurité et la paix, à l’extérieur des villes. Mais leur beau rêve vire au cauchemar lorsqu’on kidnappe leurs enfants et qu’ils réalisent qu’ils ne sont pas finalement à l’abri des agressions.

La série critique également la nouvelle forme d’urbanisation de nos villes modernes, qui avec ses résidences fermées creuse l’écart entre les classes sociales. Nous avons mis en scène une catégorie socio-professionnelle qu’on ne retrouve pas généralement à la télévision marocaine, la classe moyenne, tout en la confrontant à une catégorie sociale plus démunie -des villageois dépossédés de leur terre- et qui subit cette urbanisation galopante des villes.

Elle traite également de la nature et la véracité des liens qui unissent les personnes, en l’occurrence d’un même voisinage. En fait, c’est un thriller social et je pense qu’il est important de parler de ce genre de thématique, il ne faut pas se limiter aux sujets vus et revus comme les romances et les trahisons !

Samia Akariou. Bab L'Bhar. © Copyright Mekki Kadiri


Quel est le message que vous vouliez véhiculer ?

Il y a un d’abord un message d’enfermement. Les gens qui croient que le bonheur est de vivre enfermés dans des résidences privées et qui pensent être protégés et hors d’atteinte, parce qu’ils ont la sécurité, se trompe car ils vivent dans une bulle mais tôt ou tard, cette dernière finit par exploser. Et dans ce sens, la série est une belle leçon sur le vivre ensemble.

Lorsqu’on vit enfermé, on se déshumanise petit à petit et on éprouve du mépris pour ceux qui ne font partie de notre catégorie sociale et qu’on finit par marginaliser. Ce qui nous rend humain, c’est justement ce lien social, et c’est cela ce que les gens refusent de comprendre.

Samia Akariou.© Copyright Mekki Kadiri


Vous incarnez le rôle d’une architecte brillante qui voit sa vie basculer lorsqu’on lui diagnostique un cancer. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce rôle ?

Je joue le rôle d’une femme architecte très ambitieuse qui saisit toutes les occasions pour s’imposer dans la société, une travailleuse acharnée qui voit sa vie bouleversée du jour au lendemain lorsqu’elle découvre qu’elle a le cancer.

Pour moi, c’était un rêve de parler de la thématique du cancer qui touche les femmes, car je fais partie de l’Association « Les amis du ruban rose », j’ai plusieurs amies malades, et donc, je suis plus sensible à leurs douleurs. C’est comme une sorte de cauchemar qui nous hante, je voulais rendre hommage à ces femmes.



C’était facile pour vous d’incarner ce rôle ?

Non, je ne suis pas sortie indemne de ce rôle qui m’a beaucoup affecté et il m’a fallu un grand travail sur moi-même pour m’en remettre. Le tournage était éprouvant et certaines scènes étaient très longues et assez difficiles à jouer. C’est un personnage qui m’a touché au plus profond de moi-même et j’avoue qu’il m’a habité pendant pas mal de temps.

Généralement, quand je finis le tournage d’un film ou une série, je me défais rapidement du personnage mais pour ce rôle, il m’a fallu du temps pour passer à autre chose. Déjà pendant le tournage, j’attirais la compassion des gens lorsqu’ils me voyaient maquillée avec le crâne rasé. De plus, le tournage était pénible car il a duré pratiquement une année avec l’interruption à cause du Covid.

L’écriture c’est important pour vous ?

Oui, ça fait longtemps que j’écris. C’est une passion chez moi. C’est important d’écrire, parce que j’aime ce que je fais et on n’est jamais bien servi que par soi-même aussi. On se crée aussi les occasions pour travailler, pour ne pas être dépendant des autres.

Samia Akariou dans Bab L'Bhar. © Copyright Mekki Kadiri


Comment préparez-vous vos rôles ?

La préparation comme déjà pendant la création et à l’écriture du scénario, surtout lorsque je crée les dialogues. Le personnage m’habite dès le départ, et tous mes personnages, je les considère comme mes bébés.

Sur le plateau de tournage, j’adore observer, j’observe beaucoup, je fais attention aux détails, et à l’environnement dans lequel évolue mon personnage. Puis, il y a aussi le réalisateur qui nous guide pour mener à bien notre aventure.

Préférez-vous qu'un réalisateur soit directif ou plutôt qu’il vous laisse une part de liberté ?

J’aime les réalisateurs qui savent exactement ce qu’ils veulent parce que trop d’improvisation dessert parfois la situation. J’aime qu’on me guide pour les choses que je n’ai pas l’habitude de faire. J’aime bien qu’il me lance des défis, des challenges, et qu’il me pousse à sortir de ma zone de confort, et à me dépasser.

Samia Akariou en compagnie du réalisateur Chaouki El Ofir et de l'acteur Rhany Kabbadj. CR. Mekki Kadiri


Qu’est-ce que vous aimez dans le travail de Chawqi El Ofir ?

Chawki est un partenaire et un frère, avec qui je m’entend à merveille. On est très complices dans ce qu’on accompli, et c’est lui qui en premier lieu nous fait les premiers retours avec le producteur sur nos rendus. On crée ensemble, c’est quelqu’un qui adore échanger et surtout rêver et moi, j’adore les gens qui rêvent et qui partagent avec toi le même rêve.

Y-a-t-il d’autres réalisateurs avec lesquels vous souhaitez travailler ?

J’aime bien le travail de Ali Mejboud, j’ai toujours voulu travailler avec lui parce que c’est un grand passionné et j’avoue que j’étais ravie de tourner avec lui une bande annonce pour un projet. J’ai apprécié son style, sa méthode et sa manière de me titiller en me poussant à sortir de ma zone de confort et à essayer des choses que je n’avais pas l’habitude de faire avant.