Peter Pham : «Ban Ki-moon complique la tâche à ses successeurs»
J. Peter Pham Directeur du Centre de l'Afrique au sein de lu2019Atlantic Council.

Les dérapages verbaux du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, lors de sa tournée dans la région, «compromettent» le rôle du secrétariat général de l'ONU en tant que «médiateur neutre et acceptable en vue de la résolution de la question du Sahara», a déclaré à la MAP Peter Pham, Directeur de l'Africa Center, relevant du prestigieux think tank, Atlantic Council.
 «On ne peut que spéculer sur les raisons ayant poussé le SG de l'ONU à faire des commentaires qui sont en fait contradictoires et qui compromettent la neutralité consubstantielle à sa position», a expliqué Pham, en faisant observer que ces dérapages verbaux «mettent à mal la capacité du secrétariat général de l'ONU à servir de médiateur neutre et acceptable».

Dans ses contradictions, Ban Ki-moon a parlé de «tragédie humaine, tout en ignorant en même temps les droits des populations séquestrées dans les camps de Tindouf, conformément aux conventions internationales et autres instruments des droits de l'Homme», a précisé cet expert des questions africaines.

Dans la même veine, poursuit Pham, «son appel en faveur d'une conférence des contributeurs à l'aide humanitaire aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf s'est fait sans pour autant évoquer les préoccupations de ces mêmes contributeurs, comme ce fut le cas au plus haut niveau de l'Union européenne, au sujet du recensement des populations séquestrées dans les camps de Tindouf, au sud-ouest de l'Algérie, et de la nécessité de diligenter une enquête sur la corruption affectant le détournement de l'aide humanitaire».

Selon un rapport de l'Office européen de lutte anti-fraude (OLAF), l'Algérie et le polisario procèdent depuis 1991 au détournement d'une grande partie de l'aide humanitaire internationale destinée aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf, rappelle-t-on.

Peter Pham a relevé, d'autre part, que les dérapages verbaux de Ban Ki-moon contrastent également avec ce qu'il avait dit et redit par le passé, en qualifiant les camps de Tindouf de «bombe à retardement» et en y pointant du doigt le danger de la menace extrémiste, notant que le SG de l'ONU pêche ici «par un manque de vision pour agir sur ces constats faits par lui même».

«Au lieu d'œuvrer à consolider son legs à la tête de l'ONU, Ban Ki-moon crée ainsi d'autres problèmes et complique la tâche à ses successeurs», conclut M. Pham.