Mawazine 2016-Le Chellah accueille « Les chants mystiques du monde »

'Du 21 au 28 mai 2016 à Rabat'

Pour la 15e édition du festival Mawazine, le Chellah accueillera une programmation qui mêlera les plus grands interprètes du genre, du Maroc à la Mongolie en passant par l’Espagne et l’Iran. Perpétuant ainsi le goût de l’Association Maroc Cultures pour l'expérimentation et la découverte. Des chants mystiques perses à la transe égyptienne, en passant par les chants populaires algériens, les mélodies yiddish d’Europe de l’Est, les tarentelles gitanes d’Europe du Sud, les incantations chamaniques mongoles et les sutras bouddhistes japonais, l’expérience mystique sera au coeur d’une programmation qui mêlera amour de la contemplation et célébration de la béatitude.

Le samedi 21 mai, ce sont les chants mystiques persans qui résonneront dans les jardins à travers la voix d’Alireza Ghorbani. Adepte de Rumi et des contemporains Fereydun Moshiri et Mohammad Reza Shafie Kadkani, Alireza a puisé dans le radif traditionnel et conçu des compositions qui mettent en lumière l’attrait du chant classique persan pour la poésie des grands mystiques. A la clé : une ampleur orchestrale et un chant puissant et nuancé, aux accents souvent bouleversants.

Le dimanche 22 mai, c’est un autre continent, l’Europe, et son versant est, qui seront à l’honneur avec les chants yiddish de Noëmie Waysfeld. Artiste singulière, Noëmi trace sa route en dehors des règles avec l’envie de voyager et une foi artistique proche de la mystique. Considérant le yiddish comme la langue des émotions, l’artiste a développé des compositions qui entretiennent la flamme d’un chant fiévreux, habité, vibrant des joies et peines du monde et tout entier tourné vers un idéal transcendant.

Venus de la grande métropole égyptienne, les Musiciens du Caire porteront lundi 23 mai les musiques et danses de la transe à travers le chant virtuose de Sayed Eman. Initié aux répertoires populaires, aux transes du zâr, à la chanson orientale et aux mélopées sacrées de la mystique musulmane, l’artiste se produira en compagnie d’un oud, d’un violon et de percussions dont les rythmes permettront de gravir, degré par degré, un chemin spirituel qui mène à la joie et à la danse.

Des chants gitans aux chants gnaouas, le Maroc et l’Espagne offriront mardi 24 mai une rencontre-fusion inédite avec Ines Bacán et Majid Bekkas. Figure du cante, la chanteuse sévillane à la voix rauque marquée par les épreuves conviera le public à un voyage  à travers les falsetas antiguas, en compagnie du guitariste Pedro Soler. En écho, la plainte gnaoua du musicien marocain Majid Bekkas portera l’empreinte d’une autre peine séculaire, celle des populations noires réduites en esclavage au Maghreb. Ce joueur de gembri, musicien accompli, apporte une sensibilité unique pour un dialogue entre les deux traditions du sud qui atteindra des sommets d’émotion.

Musique et danse aux vertus curatives, la tarentelle (ou pizzica) est encore pratiquée dans la région italienne des Pouilles où de nombreux artistes, comme Antonio Castrignanò, n’hésitent pas à la moderniser. Mercredi 25 mai, le chanteur et joueur de tambourin mêlera les répertoires typiques de la pizzica à des rythmes de bhangra indien et des séquences de la musique populaire maghrébine dans une création au cours de laquelle percussions et chant dialogueront et s’emballeront dans une excitation croissante jusqu’à la transe.

Jeudi 26 mai, le public découvrira Souffles Quartet, le fruit d’une rencontre spirituelle entre deux hommes épris de liberté artistique dans le respect d’une mystique intemporelle. Enkhjargal Dandarvaanchig, surnommé Epi, donne l’impression d’être un homme-orchestre ; il n’utilise pourtant qu’un luth et sa voix mais la tradition diphonique, qu’il maîtrise comme personne, offre une idée lumineuse de la relation qui unit l’homme, la nature et le divin. Cette dimension à la fois naturelle et surnaturelle sera mise en valeur par le flûtiste et compositeur Henri Tournier, parfait connaisseur des formes musicales baroques et classiques de l’Inde du Nord.

Histoires de fantômes, gestes de guerriers saisis de folie sanguinaire, lamentations de démons errants… C’est tout le Japon féodal, épique et animiste, que Kakushin Nishihara ressuscitera vendredi 27 mai à travers son chant et son satsuma biwa, un luth à cinq cordes pincées. Accompagnée du violoncelliste Gaspar Claus, Kakushin offrira une musique extraordinairement intense, violente, pleine de bruit et de fureur.

Les chants sacrés populaires clôtureront samedi 28 mai la création du Chellah avec la prestation très attendue d’Houria Aïchi. Connue pour ses superbes interprétations des airs traditionnels, celle qui a rendu hommage aux grandes chanteuses d’Algérie avec l’album Renayate, revient aux chants sacrés et aux mélodies de l’ouest algérien, des Aurès, du Sahara et du nord de la Kabylie. De ces chants, elle saisira l’essence mystique à travers une voix plus maîtrisée que jamais.