Cannabis: Après la légalisation, on attend une amnistie générale
Beaucoup d'agriculteurs de cannabis sont toujours en fuite et attendent une amnistie

A la vielle de la promulgation de la loi sur les usages légaux du cannabis, une grande question se pose : Qu’en est-il des agriculteurs condamnés dans le passé à cause du kif ? Les appels à une amnistie générale se multiplient au niveau local comme au parlement.     



Ils sont près de 40.000 à se retrancher sur les hauteurs du Rif et dans ses recoins les plus inaccessibles, depuis de longues années, pour fuir des condamnations prononcées à leur encontre à cause de la culture du cannabis.

Lourd héritage

« De simples agriculteurs qui ont ouvert leurs yeux en trouvant leurs parents et leurs grands parents pratiquer cette culture. Ils ont hérité de cette activité comme l’on hérite ailleurs d’une entreprise ou d’un commerce. Condamnés à la prison, ils ont préféré fuir », explique auparavant Hassan Al Achhab, agriculteur du kif à Khmiss Louta dans la province de Chefchouen. Au lendemain de l’annonce de la légalisation de l’usage du cannabis, l’un des premiers espoirs exprimés par les producteurs que nous avons contactés dans la région de Chefchouen, était l’amnistie pour leurs voisins, cousins et proches pourchassés par la justice.

« L’une de nos premières réclamations en tant que coordination était l’amnistie générale pour tous les agriculteurs condamnés à cause de la culture du cannabis », explique Abdellah Jout, l’un des membres de la Coordination des zones d’origine du cannabis fraichement créée. D’après ce dernier, pour accompagner le projet de loi n°13-21, la Coordination des zones d'origine du cannabis a rencontré les différents partis représentés au parlement et le président de la commission de l’Intérieur pour leur exposer son mémorandum. « Nous avons appris alors que dans le cadre de cette loi, une amnistie est déjà envisagée. Mais nous n’en savons pas davantage », précise Jout, en notant qu’en plus de l’amnistie générale, la Coordination a élaboré un mémorandum incluant plusieurs remarques et suggestions.

Amnistie et compagnie

Le porte parole de la Coordination évoque en premier la délimitation des régions concernées par la légalisation et les activités des coopératives. « Les provinces de Chefchouen et Al Houceima sont historiquement les régions productrices du kif. Il est donc logique que la légalisation délimite cette culture à ces zones précises. Il y a une grande inquiétude par rapport à ce point dans le milieu des agriculteurs », explique Jout. Concernant les coopératives, à la Coordination on trouve que le rôle de celles-ci a été trop réduit dans le projet de loi. Ce dernier stipule qu’elles devraient opérer uniquement dans la collecte et la distribution aux entreprises. « Nous estimons que les coopératives ont leur rôle à jouer dans la transformation du produit et sa valorisation pour pouvoir participer activement au développement local», argumente notre interlocuteur.

« Une réclamation qui verse dans le sens d’une vision plus globale visant le développement de la région en général que ça soit dans le domaine de l’enseignement, de la santé, des infrastructures ou du tourisme vert. Nous pensons que l’Agence du Kif devrait être domiciliée au nord pour être au plus près des agriculteurs et des coopératives », explique le représentant de la Coordination. Un autre membre de la Coordination, Mohammed Kharchiche, défend l’usage récréatif du cannabis. « Comme c’est le cas dans les pays ayant légalisé le cannabis, son usage récréatif devrait être autorisé pour éviter que ce marché noir ne tombe entres les mains des gangs et des barons de la drogue», argumente-t-il.