Marie-Pauline Mollaret « Un film réussi est celui qu’on a envie de faire aimer à d’autres spectateurs »

 

Membre du jury de présélection de l’édition Courts Compét’ 2018 de la 17e édition du FICAM (Festival International de Cinéma d’Animation de Meknès), la journaliste et critique de films française qui fait également partie du comité de sélection des courts métrages pour la Semaine de la Critique à Cannes revient avec nous sur les critères de présélection d’un film d’animation et les secrets de sa réussite.

En tant que membre du jury, quels sont pour vous les critères de présélection pour cette compétition ?

Je ne parlerais pas vraiment de critères stricts. L’idée générale est de proposer une compétition qui soit un reflet de la production internationale de courts métrages. Nous cherchons donc des films de styles et de genres différents (comédie, documentaire, fantastique, expérimental...), utilisant des techniques variées. Il peut s’agir de films drôles ou profonds, singuliers ou très classiques, exigeants ou légers. Le principal est que chaque film sélectionné apporte quelque chose à celui qui le regarde, que ce soit une émotion, un plaisir esthétique ou une réflexion.

Quel sont, selon vous, les ingrédients pour la réussite d’un film d’animation ?

Comme pour le cinéma en prise de vues réelles, et l’art en général, il n’y a pas de recette miracle pour qu’un film fonctionne. Je dirais que c’est plutôt une question d’alchimie. Évidemment il faut un bon scénario, quelque chose à dire ou à transmettre, mais rien de vraiment quantifiable. Certains films techniquement parfaits laissent indifférents, et d’autres plus maladroits vont atteindre leur but. Peut-être que si l’on prend les choses autrement, on peut dire qu’un film réussi est un film qu’on a envie de partager et de faire aimer à d’autres spectateurs.

L’édition 2018 consacre un hommage particulier à la Femme dans le cinéma d’animation. Pourquoi ce choix à votre avis ? Et quelle place occupe la femme aujourd’hui dans le cinéma d’animation ?

C’est un choix qui me semble très judicieux, car le cinéma d’animation est un univers plutôt mixte dans lequel les femmes ont toute leur place. Dans le court métrage en particulier, on assiste depuis plusieurs années à l’émergence d’une génération de réalisatrices qui proposent des œuvres captivantes et singulières. Elles abordent tous les sujets, bien sûr, mais certaines s’emparent justement de questions intimes, de situations vécues, ou interrogent la place de la femme dans la société. Comme les hommes, elles font entendre une voix plurielle et diverse.

Est-ce que le fait qu’il y ait une réalisatrice femme -Céline Sciamma-, en tant que présidente du Jury de la Compétition internationale du court-métrage d’animation fait la différence ?

C’est toujours une bonne nouvelle de voir une femme présider un jury, car c’est encore trop souvent une fonction réservée aux hommes. Symboliquement, c’est même primordial. Et puis, Céline Sciamma est scénariste et réalisatrice : sa présence au FICAM rappelle s’il en était besoin que ces professions peuvent être exercées au plus haut niveau par des femmes. J’espère qu’elle donnera ainsi confiance à toutes celles qui ont envie de devenir réalisatrices à leur tour. En revanche, pour ce qui du palmarès, je ne crois pas que le fait d’être une femme fasse une différence notable. Au moment de choisir les meilleurs films, c’est la personnalité, l’expérience, le regard des jurés, hommes ou femmes, qui comptent. Pas leurs chromosomes.

Comment voyez-vous l’évolution du cinéma d’animation au Maroc et en Afrique ?

Je suis bien sûr très intéressée par le cinéma d’animation au Maroc et en Afrique en général. L’animation, peut-être plus encore que les autres formes de cinéma, est universelle, et on s’en rend compte lorsqu’on regarde les films produits. Les techniques, les thématiques, les émotions sont les mêmes, et surtout s’adressent à tous. Je suis impatiente de découvrir au fil du temps de plus en plus de films réalisés sur le continent.