Libre cours
Naim KAMAL

L’ALERTE ROUGE QU’A CONSTITUÉE pour le Maroc le projet de résolution américaine tendant à étendre la mission de la MINURSO au Sahara à l’observation des droits de l’homme n’est plus qu’un mauvais souvenir. Mais le danger n’est pas derrière nous. C’est un vrai coup de semonce qui devrait continuer à interpeler chaque Marocain. La montée du Roi au créneau, l’offensive diplomatique tous azimuts engagée dans son sillage ont permis de déjouer la manœuvre des adversaires du Maroc. Les différents contacts maroco-américains et particulière- ment l’échange épistolaire puis télé- phonique entre le souverain et l’hôte de la Maison Blanche ont été l’occa- sion de confirmer la nature straté- gique des relations entre Washing- ton et Rabat. Est-ce pour autant une assurance vie garantissant le Maroc contre toute volte- face de la diplo- matie américaine ? SANS RAPPELER L’APHORISME désormais lapalissade de la politique internationale – « Les Etats n’ont pas d’amis mais que des intérêts », il suffit d’un regard dans le rétroviseur pour se souvenir que ce n’est pas la première fois que les Amé- ricains mettent en difficulté cet allié de « toujours » qu’est le Maroc. D’abord Washington n’a jamais vraiment été d’un soutien franc et actif au plan diplomatique même au plus fort de la guerre froide avec le camp de la défunte Union Soviétique alors que Rabat, de L’Angola à l’Afghanistan, se mouillait au sens propre et figuré pour la défense du « Monde libre ». Ensuite, par trois fois au moins, Les Etats-Unis ont mis sérieusement à mal l’intégrité terri- toriale du royaume. UNE PREMIÈRE FOIS, AU DÉBUT des années quatre-vingt, avec un Jimmy Carter refusant de vendre des hélicoptères de combat pendant que le Maroc peinait à contenir la subversion du Poli- sario dont les alliés n’hésitaient pas à armer de missiles SAM. Une deuxième fois en 2003 avec le plan James Baker deux, un revirement qui revenait tout simple- ment à accepter l’amputation du Maroc de son Sahara. Et enfin, une troisième fois avec les péripéties du dernier projet de résolution. CETTE POLITIQUE EN « DOS D’ÂNE » ne peut s’expli- quer seulement par l’odeur du pétrole algérien. Si pour l’Asie, l’Amérique du Sud ou encore l’Europe la straté- gie américaine demeure lisible, il n’en est pas de même pour l’Afrique dont une bonne partie, notamment celle qui nous concerne, est en apparence laissée à la « sous- traitance » française. Ce ne serait plus le cas. L’écono- miste et alter mondialiste Samir Amin porte sur la politique américaine dans la région un regard assez troublant. Le projet de Washington ne serait autre que la création d’un « Sahélistan « isla- mique » [qui] permettrait la création d’un grand Etat couvrant une bonne partie du Sahara malien, mauritanien, nigérien et algérien [et pourquoi pas marocain] doté de ressources minérales impor- tantes ». D’où le tiède soutien des Etats Unis à l’intervention fran- çaise au Mali. SAMIR AMIN NE PRODUIT PEUT-ÊTRE LÀ QU’UNE VUE DE L’ESPRIT, mais force est de constater qu’Américains et islamistes font un curieux bon ménage. Là où les islamistes s’installent, les Américains suivent. Soit sous pré- texte de les combattre comme en Afghanistan, soit pour les soutenir comme en Syrie, soit pour leur faciliter « au nom de la démocratie » l’accès au pouvoir comme en Egypte et en Tunisie как происходит продвижение сайта