Essaouira
Grotte de Bizmoune. Une fenêtre ouverte sur la vie d’il y a 150.000 mille ans
Le communiqué rappelle que 32 coquilles de gastéropodes marins ont été découvertes façonnées dans la grotte ainsi que des artefacts fabriqués à partir de coquilles de Tritia gibbosula. Remontant respectivement à 142.000 et à 150.000 ans, ces pièces archéologiques constitueraient les plus anciens éléments de parure découverts à ce jour et témoigneraient d’un comportement symbolique très ancien chez l’Homo sapiens.
Au vu de l’importance de cette extraordinaire découverte, une journée d’information a été organisée par le ministère de la Jeunesse de la Culture et de la Communication, l’Association Essaouira Mogador et Essaouira Innovation Labo. Des scientifiques ont expliqué à cette occasion aux médias et aux différentes parties prenantes locales les implications des secrets que vient de révéler la grotte de Bizmoune.Cette étude qui a apporte un éclairage inédit sur l’évolution de l’humain a été publiée dans la revue Science Advances.
On apprend que la Province d’Essaouira, un territoire densément peuplé depuis des milliers d’années, compte de nombreuses grottes, sites de surface aussi bien sur le front atlantique, en montage qu’en plaine. Sa carte archéologique est très dense.
Les coquilles façonnées étaient portées comme colliers, bracelets ou attachées aux vêtements, la couleur rouge peut signifier le sang (= la vie) ou les liens de parenté.
Ces coquilles peuvent avoir plusieurs significations : Indices de relations très fortes entre les membres du même groupe ou d’autres groupes et/ou Langues et/ou présence d’identités : les plus anciennes sont des preuves du comportement symbolique humain.
Les objets sont porteurs d’une valeur symbolique. Contrairement à la fabrication d’un outil, la symbolique nécessite sa transmission par le langage articulé. Interagir et communiquer avec d’autres groupes devient plus facile par la présence de langues.
Par ailleurs, la présence d’artefacts similaires dans différents sites en Afrique du Nord, en Afrique du Sud et au Levant, posent la question des mouvements de Populations sur de longues distances.«Cette parure est l’une des premières illustrations d’une forme de langage. Cet ‘‘outil de communication’’ si l’on puis dire et les traces d’argan et de thuya vieux de 150.000 ans confirment la place d’Essaouira dans la formidable histoire de la terre et de l’humanité», commente le Conseiller Royal André Azoulay, cité dans le communiqué.
Pour Abdeljalil Bouzouggar, professeur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine au Maroc et chercheur associé à l’Institut Max Planck en Allemagne, en utilisant et en diffusant des objets de parure, Homo sapiens à Bizmoune a écrit, pour la première fois il y a 150 mille ans, une grande partie de l'histoire du comportement symbolique de toute l'humanité.
Les recherches déjà entreprises montrent également une flore très variée et une faune fossile très riche. «Le contexte paléo écologique des niveaux de Bizmoune joue un rôle extrêmement important pour l’évolution animale et l’occupation de la grotte», ajoute Philippe Fernandez, chercheur au CNRS en France.
Steve Kuhn, professeur à l’Université d’Arizona, abonde dans le même sens : «Ces découvertes nous montrent que les mots à caractère social de ces humains étaient en train de se développer, ils apprenaient surement à interagir et même à coopérer avec des peuples différents. Essaouira est connue comme un lieu où divers peuples vivaient en paix. Les preuves de Bizmoune nous disent cela a vraisemblablement été le cas il y a 150.000 ans.