Société
Médias et Vaccination: Quels enjeux pour la santé publique ?
Les médias n’ont jamais été autant sollicités pour informer et sensibiliser le grand public que durant la crise sanitaire Covid-19. La question de la vaccination en tant que priorité de santé publique est au cœur de cette mobilisation.
Hayat Kamal Idrissi
La vaccination, un moyen efficace de prévention
« Médias et vaccination: Quels enjeux pour la Santé Publique ? », c’est le thème du webinaire organisé, ce mardi 23 novembre 2021, par le Global Institute for Disease Elimination (GLIDE) et Global HealthStrategies (GHS), en collaboration avec MSD Pharmaceuticals avec la participation du Ministère de la santé et l’OMS. « Une session d’information qui intervient dans un environnement submergé par la désinformation, où il est crucial de veiller à ce que les médias, en tant que relais premier d'information et de sensibilisation, disposent de données fiables pour fournir des informations précises sur l’intérêt de la vaccination », annoncent les organisateurs. Une rencontre qui s’est focalisée d’ailleurs sur la question de la vaccination en tant que priorité de santé publique mais aussi comme moyen de prévention hautement efficace.
Vaccin anti-cancer
Si la crise sanitaire liée à Covid-19 constitue en effet un contexte adéquat pour relever l’importance de la vaccination dans la prévention, les intervenants du wibinaire ne se sont pas limités pour autant à la lutte anti-pandémique. « La pandémie a rappelé l’intérêt et l’importance de la vaccination dans la lutte contre le coronavirus, mais il ne faut pas oublier qu’elle constitue également un moyen de lutte efficace contre d’autres maladies notamment le cancer du col de l’utérus », note Dr Mohamed Benazzouz, responsable du Programme national de vaccination au ministère de la Santé et de la Protection sociale.
Considéré comme l’une des plus grandes menaces de santé publique, le cancer du col de l’utérus (CCU) est en effet dans la ligne de mire du deuxième plan cancer 2020-2029 visant son élimination d’ici 2030. Rappelons que 13,2 millions de femmes marocaines de 15 ans et plus sont à risque de développer un cancer de ce type. « Nos taux d’incidence et de mortalité sont les plus élevés d’Afrique et du nord et c’est le 2ème cancer chez la femme au Maroc. Nous enregistrons un nouveau cas toutes les 4 heures et un décès toutes les 8 heures à cause du CCU », présente Dr. Youssef Chami Khazraji, Coordinateur de projets à la Fondation Lalla Salma.
Campagne vaccinale imminente
Des chiffres effrayants et une lourde menace qui peut être éliminée grâce au programme de vaccination anti-papillomavirus, rassure de son côté le responsable du Programme national de vaccination au ministère de la Santé. Prévu pour 2020, le lancement de cette campagne de vaccination anti-cancer du col de l’utérus a été finalement mis en stand by au déclenchement de la pandémie Covid-19 comme l’affirme Benazzouz.
Un ambitieux programme qui cible dans un premier temps les filles de 11 ans, scolarisées et non scolarisées. D’après le responsable, cette campagne de vaccination sera lancée dans les semaines à venir à travers le Royaume. Ceci selon un protocole incluant deux doses à 6 mois d’intervalle. L’Objectif de couverture vaccinale de la première année du lancement est 60% pour les deux doses. Rappelons que le cancer du col de l'utérus est causé par une infection persistante au papillomavirus humain HPV.
Acceptabilité
Directement dirigé contre une infection sexuellement transmissible, le vaccin anti-CCU a nécessité une étude d’acceptabilité chez les parents des filles cibles, apprend-on auprès du représentant du ministère de la santé. « L’acceptabilité chez les mères a été de l’ordre de 76,8% tandis que chez les pères 68,9%. Les principales raison des mères étaient la prévention du cancer du col et le bien être de leurs filles (95%) », explique Benazzouz. Des taux et des positions qui sont plutôt positifs par rapport à un nouveau vaccin et surtout au nouveau concept d’un vaccin anti-cancer.
Recommandée chez l'adolescente en prévention du cancer du col de l'utérus, la vaccination anti-CCU a fait son apparition en 2006. Le vaccin Gardasil est indiqué pour la prévention du cancer du col de l’utérus et des verrues génitales. Il protège plus particulièrement contre quatre types de papillomavirus (HPV) 6, 11, 16 et 18, responsables de ces maladies. Les HPV 16 et 18 sont en cause dans 70 % des cancers du col de l'utérus. Ceci dit les gynécologues recommandent aux femmes, même vaccinées, de poursuivre le dépistage du cancer du col de l'utérus par des frottis réguliers, car les vaccins ne protègent pas contre tous les HPV. Notons que les virus HPV touchent aussi les hommes et peuvent causer des cancers de l'anus, du pénis et de la gorge. La vaccination est recommandée à l’adolescence car la contamination par le HPV se fait le plus souvent dans les premières années d'activité sexuelle. Il est donc nécessaire de vacciner les jeunes filles avant qu’elles ne soient infectées.