Deux ans de Tebboun et on regrette déjà Bouteflika
Nous avons vécu 20 ans avec l’Algérie de Bouteflika. Quand il était président on pouvait espérer que son successeur fut plus propice à une entente avec le Maroc. Son successeur est arrivé il y a deux ans et on regrette déjà Bouteflika.

Abdelmajid Tebboun.
- Qui aurait cru qu’un jour on regretterait Abdelaziz Bouteflika. Bien sûr, on peut dire beaucoup de choses sur le personnage mais au moins, lui, il tenait bien son rang en tant que chef d’Etat. Il était un ennemi du Maroc, certes, mais il avait un comportement conforme à son statut de président et d’ennemi. Et tous les grands chefs de guerre le diront, il y a des ennemis qui forcent le respect. Même quand ils sont battus au terme d’une bataille difficile, ils impressionnent par leur combativité, leur prestance et leur courage.
- Avec Abdekaziz Bouteflika, nous avons passé un bon bout de temps ensemble, il était devenu très familier chez les Marocains malgré la position de son pays contre l’intégrité territoriale du Maroc. Évidemment, il s’agit pour nous d’une guerre politique (espérons qu’elle ne dégénère pas) et il n’est pas question de la perdre. Au contraire, la politique menée par le Maroc a engrangé plusieurs succès en Afrique et dans le monde aux dépens du pouvoir algérien qui, sous Bouteflika, restait respectable, durant les deux premiers mandats au moins. Le troisième et le quatrième ont connu des remous, l’annonce du cinquième a causé la fin de l’équipe Bouteflika. Quoi qu’il en soit, l’ancien président était un vieux routier de la politique internationale, bien qu’on puisse lui reprocher de rester confiné dans une vision Est-Ouest des relations internationales.
- Depuis décembre 2019, l’Algérie a eu, au terme d’un processus électoral largement contesté et en tout cas très peu suivi, un nouveau président, un bouteflikiste convaincu qui était même pour le cinquième mandat. Sur le plan professionnel, on a l’impression que Abdelmajid Tebboun plane sur son nuage de l’Algérie nouvelle dont aucun algérien n’a vu la lueur deux ans après l’installation du nouveau président. Au contraire, tout s’est compliqué depuis, avec des pénuries graves, jamais connues auparavant, des retards de salaires dans la fonction publique, des difficultés technologiques (mauvaise connexion internet, coupures d’électricité...)
- Ce n’est pas le plus grave. Avec Tebboune, les Algériens se sentent humiliés. Leur président n’a jamais rencontré ni reçu un chef d’Etat important; n’a jamais lancé un grand projet, n’a brillé nulle part. Et quand il fait une intervention publique ou « organise » une interview, il se révèle dans toute sa splendeur. Sur le fond, il est toujours sur son nuage et sur la forme, il fait un peu moins qu’un humoriste mais c’est déjà beaucoup pour un président. Si bien qu’à la fin, on fini comme on a commencé, sans rien apprendre. Les phrases ne sont pas terminées et le vocabulaire est enrichi avec ses fameuses ponctuations gutturales et ses borborygmes. A l’entendre, on croirait qu’il peut et qu’il est en train de résoudre tous les problèmes de l’Afrique et du monde arabe. Il a certainement des idées pour résoudre les conflits mondiaux mais il se garde de les révéler certainement pour ne pas embarrasser ses homologues (les chefs d’Etat ne vont pas aimer être homologues d’un tel président). En tout cas, deux choses sont sûres, il peut chasser « l’entité sioniste » et donner au peuple palestinien son État indépendant. Il a déjà commencé par l’octroi d’un joli pactole à Mahmoud Abbas, toujours président de l’autorité palestinienne. 100 millions de dollars pour deux mots prononcés par le Palestinien « la direction sage de Tebboune ». Désormais le président a le certificat de bonne gouvernance. Très maigre consolation pour Tebboun qui voulait arracher ne serait-ce qu’une petite phrase en faveur du Polisario. Comment dépenser 100.000.000$ pour des nouilles.