IA. L’Afrique en danger d’exclusion numérique
Jalal Charaf, directeur du numérique et de l’intelligence artificielle à l’UM6P, alerte sur le risque croissant d’inaccessibilité aux technologies d’IA pour les Africains. Il appelle à une démocratisation massive de ces outils. Pour lui, l’IA doit servir à résoudre les défis du continent, pas à creuser les inégalités.
Mounia Kabiri Kettani
L'UM6P lance l’initiative Africa 100. L'objectif est de former 100 millions d’Africains à l’IA et aux technologies avancées.
Lors de la 2ᵉ édition du DeepTech Summit organisée par l’UM6P, Jalal Charaf, directeur du numérique et de l’intelligence artificielle à l’UM6P, a alerté sur le risque croissant d’inaccessibilité aux technologies d’IA pour les Africains. Il appelle à une démocratisation massive de ces outils. Pour lui, l’IA doit servir à résoudre les défis du continent, pas à creuser les inégalités.
« Peut-être que demain, nous n’aurons plus accès aux meilleurs outils. C’est déjà en train de se produire. » L’avertissement lancé par le directeur du numérique et de l’intelligence artificielle à l’UM6P Jalal Charaf, résonne comme un signal d’alarme dans l’écosystème technologique africain. Il a plaidé avec force pour une démocratisation urgente et massive de l’intelligence artificielle (IA) sur le continent.
Selon lui, la situation est encore gérable, mais fragile. « Aujourd’hui, nous sommes à égalité. Nous achetons tous les mêmes outils. Demain, ce ne sera peut-être plus le cas. » D’où la question-clé : comment démocratiser l’accès à l’intelligence artificielle ?
À l’UM6P, une réponse s’esquisse. L’université a donné à ses étudiants et à son personnel un accès complet aux outils d’IA les plus avancés. Mais Charaf reconnaît les limites du modèle : « Ce n’est pas durable si cela ne sort pas du campus. Peut-on recréer l’UM6P partout ? Non. Nous n’en avons pas les moyens. »
Africa 100. Une ambition continentale
C’est pour cela que l’université lance l’initiative Africa 100. L’objectif ? Former 100 millions d’Africains à l’IA et aux technologies avancées, en s’appuyant sur des partenariats avec des institutions comme Harvard et des bailleurs de fonds internationaux. L’accent sera mis sur la diversité géographique, sociale et disciplinaire pour faire émerger des solutions africaines à des problèmes africains. « Les prochaines solutions viendront de jeunes. Ils ont probablement des idées auxquelles nous ne pensons même pas », affirme Charaf. Et d’insister : « Ce que nous faisons ici, à l’UM6P, c’est tester. Il faut maintenant passer à l’échelle. »
Du rêve américain au rêve africain
Pour Charaf, croire en la capacité de l’Afrique à transformer l’IA en levier de développement n’a rien d’utopique. « On a beaucoup parlé du rêve américain. Il est temps d’avoir un rêve africain. Cette technologie peut le rendre possible, mais seulement si elle est accessible à tous. »
Son message est aussi une mise en garde : « Si nous ne maîtrisons pas l’accès à ces outils, nous ne pourrons pas les utiliser pour résoudre nos propres problèmes. Personne d’autre ne le fera à notre place. »
L’IA, rappelle-t-il, ne résoudra pas seule les enjeux liés à l’eau, à la santé ou à l’agriculture. Mais utilisée à bon escient, elle peut amplifier les efforts locaux, révéler des talents invisibles, et accélérer la réponse aux urgences du continent.
La science au service du terrain
À travers son approche, Jalal Charaf défend une vision profondément enracinée dans la réalité africaine : faire de l’université un hub d’expérimentation, mais aussi un moteur de diffusion. « Il ne s’agit pas de construire des supercalculateurs dans chaque village. Il s’agit de donner accès à la technologie, même à distance, à ceux qui ont faim de solutions. »
Et pour cela, il faudra revoir la formation. « Nous devons bâtir un pipeline de talents maîtrisant à la fois la science, la technologie et l’entrepreneuriat. » L’UM6P travaille ainsi à décloisonner les disciplines, pour faire émerger une génération d’innovateurs hybrides, capables de comprendre aussi bien les algorithmes que les réalités du terrain.
Un pari d’équité
« Nous ne devons pas copier. Bien sûr, il faut utiliser. Mais nous devons avoir notre propre vision, adaptée à nos contraintes et à nos rêves », insiste Charaf. Pour lui, ce n’est pas qu’une question d’argent ou de puissance de calcul : « C’est une question de volonté. »
Dans un monde qui se recompose autour de l’IA, l’Afrique n’a pas le luxe de l’attentisme. Elle a, peut-être plus que les autres, celui de l’audace. Encore faut-il que l’accès à la technologie ne devienne pas un nouveau privilège réservé à quelques-uns.
« Peut-être que demain, nous n’aurons plus accès aux meilleurs outils. C’est déjà en train de se produire. » L’avertissement lancé par le directeur du numérique et de l’intelligence artificielle à l’UM6P Jalal Charaf, résonne comme un signal d’alarme dans l’écosystème technologique africain. Il a plaidé avec force pour une démocratisation urgente et massive de l’intelligence artificielle (IA) sur le continent.
Selon lui, la situation est encore gérable, mais fragile. « Aujourd’hui, nous sommes à égalité. Nous achetons tous les mêmes outils. Demain, ce ne sera peut-être plus le cas. » D’où la question-clé : comment démocratiser l’accès à l’intelligence artificielle ?
À l’UM6P, une réponse s’esquisse. L’université a donné à ses étudiants et à son personnel un accès complet aux outils d’IA les plus avancés. Mais Charaf reconnaît les limites du modèle : « Ce n’est pas durable si cela ne sort pas du campus. Peut-on recréer l’UM6P partout ? Non. Nous n’en avons pas les moyens. »
Africa 100. Une ambition continentale
C’est pour cela que l’université lance l’initiative Africa 100. L’objectif ? Former 100 millions d’Africains à l’IA et aux technologies avancées, en s’appuyant sur des partenariats avec des institutions comme Harvard et des bailleurs de fonds internationaux. L’accent sera mis sur la diversité géographique, sociale et disciplinaire pour faire émerger des solutions africaines à des problèmes africains. « Les prochaines solutions viendront de jeunes. Ils ont probablement des idées auxquelles nous ne pensons même pas », affirme Charaf. Et d’insister : « Ce que nous faisons ici, à l’UM6P, c’est tester. Il faut maintenant passer à l’échelle. »
Du rêve américain au rêve africain
Pour Charaf, croire en la capacité de l’Afrique à transformer l’IA en levier de développement n’a rien d’utopique. « On a beaucoup parlé du rêve américain. Il est temps d’avoir un rêve africain. Cette technologie peut le rendre possible, mais seulement si elle est accessible à tous. »
Son message est aussi une mise en garde : « Si nous ne maîtrisons pas l’accès à ces outils, nous ne pourrons pas les utiliser pour résoudre nos propres problèmes. Personne d’autre ne le fera à notre place. »
L’IA, rappelle-t-il, ne résoudra pas seule les enjeux liés à l’eau, à la santé ou à l’agriculture. Mais utilisée à bon escient, elle peut amplifier les efforts locaux, révéler des talents invisibles, et accélérer la réponse aux urgences du continent.
La science au service du terrain
À travers son approche, Jalal Charaf défend une vision profondément enracinée dans la réalité africaine : faire de l’université un hub d’expérimentation, mais aussi un moteur de diffusion. « Il ne s’agit pas de construire des supercalculateurs dans chaque village. Il s’agit de donner accès à la technologie, même à distance, à ceux qui ont faim de solutions. »
Et pour cela, il faudra revoir la formation. « Nous devons bâtir un pipeline de talents maîtrisant à la fois la science, la technologie et l’entrepreneuriat. » L’UM6P travaille ainsi à décloisonner les disciplines, pour faire émerger une génération d’innovateurs hybrides, capables de comprendre aussi bien les algorithmes que les réalités du terrain.
Un pari d’équité
« Nous ne devons pas copier. Bien sûr, il faut utiliser. Mais nous devons avoir notre propre vision, adaptée à nos contraintes et à nos rêves », insiste Charaf. Pour lui, ce n’est pas qu’une question d’argent ou de puissance de calcul : « C’est une question de volonté. »
Dans un monde qui se recompose autour de l’IA, l’Afrique n’a pas le luxe de l’attentisme. Elle a, peut-être plus que les autres, celui de l’audace. Encore faut-il que l’accès à la technologie ne devienne pas un nouveau privilège réservé à quelques-uns.