Distribution alimentaire. Des circuits sous tension, des prix sous pression
Le Conseil de la Concurrence alerte sur les dérives dans la distribution alimentaire, où marges opaques et pratiques rigides freinent la baisse des prix. Dominé par le commerce traditionnel, le secteur souffre d’un manque de transparence qui pénalise le consommateur. Le régulateur appelle à moderniser les circuits et rééquilibrer les rapports entre fournisseurs, distributeurs et PME.
Mounia Kabiri Kettani
Selon le Conseil de la concurrence, jusqu’à 34 % du prix final des produits alimentaires sont captés par les intermédiaires, contribuant ainsi à l’inflation.
Dans un avis rendu public récemment, le Conseil de la Concurrence dresse un diagnostic sans complaisance des circuits de distribution des produits alimentaires. Cette analyse, focalisée sur les produits laitiers, les conserves végétales et les produits céréaliers comme le couscous et les pâtes, met en lumière des pratiques tarifaires peu transparentes et des marges commerciales opaques qui pèsent lourdement sur le pouvoir d’achat des Marocains.
Une structure déséquilibrée
Premier constat : le commerce alimentaire au Maroc reste très majoritairement dominé par le circuit traditionnel, qui capte près de 86 % du chiffre d’affaires du secteur. Plus de 80.000 petits commerces y écoulent la majorité des produits alimentaires, des produits frais aux denrées non périssables. Ce modèle pèse lourdement sur la structure des prix. Dans de nombreux cas, les épiciers appliquent uniformément le prix du produit leader à toute une gamme, sans distinction de tarif d’achat. Résultat : pour le consommateur, aucun bénéfice de la concurrence entre marques. Entre 2021 et 2023, le tarif de cession du beurre variait de 7 DH/kg entre marques, mais son prix de vente restait figé à 84 DH/kg, quelle que soit l’étiquette.
Marges en hausse, transparence en baisse
L’avis du Conseil met l’accent également un comportement asymétrique sur les prix : les hausses sont répercutées immédiatement, tandis que les baisses tardent à se traduire en rayon.
Entre 2021 et 2023, les marges brutes ont fortement augmenté, tant dans le commerce traditionnel que dans les grandes surfaces. Les marges brutes ont explosé : +44 % pour les produits laitiers dans les grandes surfaces, +18 % pour le concentré de tomates dans le commerce traditionnel. Même en 2023, lorsque les prix d’achat ont amorcé une baisse, celle-ci ne s’est que partiellement répercutée. En clair, la chaîne de distribution absorbe les bénéfices de la baisse sans les restituer aux consommateurs.
Une des pratiques les plus critiquées reste celle de la marge arrière, ces remises et ristournes négociées en dehors des factures. L’analyse du Conseil révèle qu’elle peut parfois dépasser la marge avant, avec une moyenne de 11,5 % dans les enseignes classiques. Cette pratique, opaque pour le consommateur comme pour certains fournisseurs, confère un pouvoir excessif aux distributeurs et déséquilibre les relations commerciales.
Des circuits différenciés... mais concentrés
L’analyse par famille de produits révèle des dynamiques spécifiques. Le lait pasteurisé, distribué via un circuit court, connaît peu d’intermédiaires, mais son prix reste stable malgré une hausse du coût à la production. En revanche, les conserves végétales ou les pâtes alimentaires, moins périssables, empruntent un circuit long, multipliant les intermédiaires et les marges. Par exemple, sur le marché du lait UHT, les prix de vente en épicerie sont quasiment les mêmes quelle que soit la marque, malgré des écarts de tarif de cession pouvant atteindre 1,47 DH/L. Pour le beurre, l’écart a doublé entre 2021 et 2023, atteignant plus de 16 DH/kg entre le prix fournisseur et le prix consommateur.
Moderniser, réguler, équilibrer
Pour le Conseil de la concurrence, il est urgent de moderniser les circuits, renforcer la transparence des prix, et rééquilibrer les relations entre producteurs, distributeurs et consommateurs. Une meilleure régulation des marges arrière, un encouragement actif des circuits courts, et une plus grande inclusion des PME dans la chaîne de distribution figurent parmi les recommandations phares. Il ne s’agit pas seulement de corriger des distorsions, mais de restaurer un climat de confiance dans un secteur stratégique, où chaque dirham pèse dans le panier des ménages.
Une structure déséquilibrée
Premier constat : le commerce alimentaire au Maroc reste très majoritairement dominé par le circuit traditionnel, qui capte près de 86 % du chiffre d’affaires du secteur. Plus de 80.000 petits commerces y écoulent la majorité des produits alimentaires, des produits frais aux denrées non périssables. Ce modèle pèse lourdement sur la structure des prix. Dans de nombreux cas, les épiciers appliquent uniformément le prix du produit leader à toute une gamme, sans distinction de tarif d’achat. Résultat : pour le consommateur, aucun bénéfice de la concurrence entre marques. Entre 2021 et 2023, le tarif de cession du beurre variait de 7 DH/kg entre marques, mais son prix de vente restait figé à 84 DH/kg, quelle que soit l’étiquette.
Marges en hausse, transparence en baisse
L’avis du Conseil met l’accent également un comportement asymétrique sur les prix : les hausses sont répercutées immédiatement, tandis que les baisses tardent à se traduire en rayon.
Entre 2021 et 2023, les marges brutes ont fortement augmenté, tant dans le commerce traditionnel que dans les grandes surfaces. Les marges brutes ont explosé : +44 % pour les produits laitiers dans les grandes surfaces, +18 % pour le concentré de tomates dans le commerce traditionnel. Même en 2023, lorsque les prix d’achat ont amorcé une baisse, celle-ci ne s’est que partiellement répercutée. En clair, la chaîne de distribution absorbe les bénéfices de la baisse sans les restituer aux consommateurs.
Une des pratiques les plus critiquées reste celle de la marge arrière, ces remises et ristournes négociées en dehors des factures. L’analyse du Conseil révèle qu’elle peut parfois dépasser la marge avant, avec une moyenne de 11,5 % dans les enseignes classiques. Cette pratique, opaque pour le consommateur comme pour certains fournisseurs, confère un pouvoir excessif aux distributeurs et déséquilibre les relations commerciales.
Des circuits différenciés... mais concentrés
L’analyse par famille de produits révèle des dynamiques spécifiques. Le lait pasteurisé, distribué via un circuit court, connaît peu d’intermédiaires, mais son prix reste stable malgré une hausse du coût à la production. En revanche, les conserves végétales ou les pâtes alimentaires, moins périssables, empruntent un circuit long, multipliant les intermédiaires et les marges. Par exemple, sur le marché du lait UHT, les prix de vente en épicerie sont quasiment les mêmes quelle que soit la marque, malgré des écarts de tarif de cession pouvant atteindre 1,47 DH/L. Pour le beurre, l’écart a doublé entre 2021 et 2023, atteignant plus de 16 DH/kg entre le prix fournisseur et le prix consommateur.
Moderniser, réguler, équilibrer
Pour le Conseil de la concurrence, il est urgent de moderniser les circuits, renforcer la transparence des prix, et rééquilibrer les relations entre producteurs, distributeurs et consommateurs. Une meilleure régulation des marges arrière, un encouragement actif des circuits courts, et une plus grande inclusion des PME dans la chaîne de distribution figurent parmi les recommandations phares. Il ne s’agit pas seulement de corriger des distorsions, mais de restaurer un climat de confiance dans un secteur stratégique, où chaque dirham pèse dans le panier des ménages.