Ramadan et covid. le consommateur change de comportement
Ramadan, quels effets sur les prix des produits alimentaires ? Sur la consommation elle-même dans une période marquée par une crise sanitaire sans précédent? Comment le comportement du consommateur a changé lors des deux derniers mois du jeune ? …Explications du président de la fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), Ouadie Madih.
Mounia Kabiri Kettani
Les habitudes de consommation des ménages changent au cours mois du ramadan
« Les habitudes de consommation des ménages changent au cours mois du ramadan », affirme le président de la fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), Ouadie Madih. Pour les deux derniers ramadan qui coïncident avec la crise sanitaire, « on constate des changements de comportements au niveau de la consommation par rapport aux années précédentes », juge t-il. Explications : «le pouvoir d’achat du consommateur est en baisse drastique. Certains consommateurs impactés lourdement par les effets de la crise, qui ont fait objet de licenciements ou d’arrêt d’activité suite aux restrictions imposées, ont été obligés de revoir leur habitudes de consommation », note Ouadie Madih qui ajoute par ailleurs que même les consommateurs dont le pouvoir d’achat est le même, la crise a engendré une évolution des mentalités et a impacté leur comportement. «Bon nombre de marocains sont devenus avertis et plus raisonnables dans leur mode de consommation. Ils n’achètent que ce dont ils ont besoin », insiste Ouadie Madih. Par rapport aux prix, «il y a certes une hausse due à l’augmentation de la demande sur certains produits jugés nécessaires pour le ramadan. Mais nous sommes loin des flambées de l’année dernière ou encore celles les années d’avant », souligne Ouadie Madih. Pour lui, « les fournisseurs sont eux-mêmes impactés par cette crise et donc ils n’ont plus cette faculté d’augmenter les prix de manière exorbitante comme c’était le cas avant. Covid oblige de revoir ses calculs et sa stratégie tarifaire pour pouvoir écouler ses stocks et être plus accessible ».
Prix et consommation, radioscopie du HCP
La dernière enquête sur les dépenses en consommation réalisée en 2013/2014, la dépense de consommation par ménage s’apprécie de 16,3%, en moyenne, durant le mois sacré de ramadan. Près de 82% de cette hausse est attribuable aux dépenses alimentaires. Les ménages dépensent, en moyenne, plus d’un tiers de plus en alimentation (+37%) en comparaison aux autres mois de l’année. Cette augmentation de la dépense alimentaire touche toutes les catégories de la population et s’accroît au fur et à mesure que l’on avance dans l’échelle du niveau de vie (varie de 22,5% à plus de 40% entre les deux classes sociales extrêmes). Les produits qui contribuent le plus à cette dépense supplémentaire sont les fruits (+163%), les viandes (+35%), les céréales (+35%), le lait et les produits laitiers (+47%). Le HCP note aussi le changement des habitudes des ménages, notamment en matière de consommation alimentaire, constitue le principal facteur de transmission de l’impact du mois sacré sur l’évolution des prix à la consommation. En gros, l’augmentation conjoncturelle des prix à la consommation des produits alimentaires est estimée à 0,6% pour l’ensemble du mois du jeune. Et la deuxième quinzaine du ramadan affiche une hausse plus accentuée des prix à la consommation alimentaires par rapport à la première (0,8%, au lieu de 0,4% respectivement). « Les produits les plus touchés sont les poissons frais, les œufs et les agrumes. Les prix des poissons et des fruits de mer subissent, ainsi, une hausse d’environ de 5,6% et 5,8%, respectivement, au cours de la première et de la seconde quinzaine du Ramadan », souligne le HCP qui ajoute que « l’impact de la venue du mois sacré sur les œufs et les agrumes atteint +2,5% et +2,3%, respectivement, pour tout le mois de Ramadan. Les prix des fruits frais s’apprécient, pour leur part, de 1,9%. En revanche, les effets du ramadan sur les prix de la viande rouge, de la volaille et des légumes hors tomate sont peu significatifs ».