
Quelle PME ne rêverait-elle pas de disposer d’informations clés, et surtout facilement exploitables, non seulement pour mieux percer dans son secteur d’activité, mais pour mieux se défendre vis-à-vis de ses concurrents, aussi géants soient-ils, et vis-à-vis de ses créanciers ? Ce rêve est déjà une réalité en Italie. Le Maroc pourrait suivre.
Osservatorio Italiano (Observatoire italien). Cette appellation pourrait laisser penser qu’il s’agit de l’un de ces nombreux organes qui gravitent autour du monde économique pour se donner une raison d’être. Or, il s’agit d’un portail dont le seul objectif est de venir en aide à la PME en lui fournissant l’information pertinente, le soutien et la force de frappe dont elle a grand besoin pour être bien armée dans la jungle des marchés. C’est un organe inédit de veille et d’intelligence économique alternative dont les membres et les bénéficiaires sont les PME elles-mêmes, qui ne peuvent s’offrir le luxe de se payer les services fort onéreux et exclusivistes de grands cabinets conseil et autres bureaux d’études. Travaillant dans la plus grande discrétion, Osservatorio Italiano a permis à des PME, selon Michele Altamura, son initiateur, de gagner 120 procès contre des banques dont certaines sont les plus puissantes de l’Italie. Ce n’est pas tout. Cette « petite fourmi » a permis à l'entreprise italienne «La Distributrice» de tenir tête au gouvernement croate. Au terme d’un feuilleton judiciaire qui a duré pas moins de 8 ans, cette PME a obtenu gain de cause le 20 octobre dernier. Débouté par la seule force de l’intelligence économique prodiguée par Osservatorio italiano, le gouvernement croate a été condamné à payer 6 millions d'euros à la distributrice qui a été pourtant lâchée par les politiques et le gouvernements italiens. Sans fanfaronner, la fourmi poursuit son travail de terrain. Elle a une autre victime à sauver : le « Made in Italy ». Une campagne est déjà en préparation contre l’utilisation abusive des symboles nationaux italiens dans le marchandising et également contre la contrefaçon. Ses armes sont redoutables : l’information ciblée, l’anticipation et un savoir-faire technique désormais reconnu. Le fondateur de L’Observatoire italien, Michele Altamura a pu développer en 2013, à travers son autre ONG dédiée aux PME : Etleboro, un logiciel dit « Système Economique Monétaire » (SEM) qui permet aux « petits patrons » de suivre de très près toutes leurs opérations bancaires. Cet outil est utilisé même par des avocats et des experts qui veulent mieux se défendre face aux banques et d’autres entités financières. La devise d’Etleboro est parlante : on croit mourir pour la partie, mais on meurt pour les banques. C’est donc pour limiter les dégâts que les outils techniques de cette ONG sont mis au service de L’Observatoire dans la guerre de l’intelligence économique.
Après la Bosnie Herzegovine et d’autres pays des Balkans, Osservatorio Italiano creuse son sillon, depuis déjà un an, pour grandir au Maroc, avant de tisser sa toile dans tout le Maghreb. Se présentant comme étant un petit laboratoire, cet organe de défense et d’information de la PME veut jeter des ponts entre les petites et moyennes entreprises italiennes et marocaines qui peuvent contribuer, ensemble, à la création d’un business responsable, parfois mieux que des multinationales ou de grandes entreprises dont certaines sont habituées, partout où elles s’installent, à la prédation à outrance.
La démocratisation de l’intelligence économique est donc en marche.