
Ce qui s’est passé à Beni-Mellal est inquiétant à plus d’un titre. Un courant politique a organisé et encadré des émeutes au cours desquelles des agences bancaires ont été saccagées, une vingtaine de policiers blessés et des établissements publics brûlés.
Ce n’est pas une manifestation qui a mal tourné, c’est un courant politique qui a incité à la violence et qui l’a encadrée, et ce courant s’appelle le Salafisme. Ces Salafistes mêmes dont on a libéré les théoriciens par une grâce royale. Les Salafistes de Béni-Mellal ont quitté le mouvement du 20 Février, jugé trop modéré et ont créé un mouvement baptisé le 1er Ramadan.
Selon des informations concordantes, ils s’apprêtent à en faire de même dans tout le Maroc. Cette flambée de violences, alors que le gouvernement du PJD est installé, intrigue. Les chefs salafistes ont tous eu des mots encourageants à l’égard de Mustapha Ramid. Alors, pourquoi leurs disciples se déchaînent-ils ? Des interprétations sur la base du complot se font jour.
Ainsi, pour les uns, ces mouvements sont utilisés par le PJD dans ses tractations. Une sorte de "après nous le déluge". Pour d’autres, au contraire, ce sont des secteurs de l’Etat qui les manipulent en vue de faire échouer l’expérience. Qu’on nous permette de n’accorder du crédit à aucune de ces deux interprétations.
La première est oiseuse parce que le PJD n’a aucune raison de se tirer une balle dans le pied, ou plutôt dans la tête. La seconde est inacceptable par la raison, les hommes de l’Etat n’ayant pas l’habitude de jouer avec le feu. Alors, il faut chercher d’autres explications à cette forme de radicalisation à laquelle on assiste. Des courants, contre les institutions, avaient cru pouvoir instrumentaliser le 20 Février.
Des courants, contre les institutions, avaient cru pouvoir instrumentaliser le 20 Février. Un an après, ils se sont rendu compte que la contestation n’allait pas dans le sens de leurs désirs.
Un an après, ils se sont rendu compte que la contestation n’allait pas dans le sens de leurs désirs. Ils ont décidé de prendre leur propre chemin. C’est le cas d’Al Adl Wal Ihsan, responsable des événements de Taza, et des Salafistes qui ont encadré les événements de Béni-Mellal. La hantise de ces mouvements, c’est la consolidation de la construction démocratique. En Egypte, les Salafistes se sont présentés aux élections et ont recueilli 25% des voix.
Leur slogan n’a pas changé : «l’Islam est la solution, la démocratie doit dégager». Là où le bât blesse, c’est dans le manque de clarté dans les choix de l’Etat, dans ses rapports avec ces courants régressifs, incapables d’intégrer le jeu institutionnel.
Il n’y a pas de ligne de conduite claire, définitive. Après 2003, les arrestations ont été massives. Depuis quelque temps, après les relaxes, les Salafistes ont pignon sur rue. Ce grand écart est à la fois troublant et inutile. L’Etat de droit reste la solution.