Politique et quota féminin : entre militantisme réel et opportunisme factuel
Les femmes parlementaires se voient à peine dans la masse de leurs pairs hommes
Comparé aux autres pays du Maghreb, le Maroc est considéré comme étant un pionnier quant à la participation politique féminine. Surtout après l’essor considérable enregistré dans le royaume depuis que la réforme institutionnelle a été instaurée en 1996. A titre indicatif, la représentation législative féminine est passée de 2 sièges sur 353 en 1999 à 35 sièges en 2002 soit 11%, puis à 67 en 2011 (17,3%) pour atteindre 81 sièges, soit 20,5%, en 2016. Malgré tout, les résultats actuels ne sont aucunement à l'image du principe d'équité escompté.

La progression du taux de la représentation législative féminine marocaine reste faible comparée à la Tunisie, par exemple. Cette réalité doit pousser les partis politiques à se remettre en question par rapport à leur degré d'engagement et aux mécanismes installés. Il est aujourd’hui nécessaire que le principe de l'équité entre hommes et femmes soit respecté dans le cadre du projet sociétal devant accompagner le nouveau modèle de développent.

Dans ce sens, depuis le 11 février 2021, les listes législatives féminines nationales sont remplacées par des listes régionales, ce qui devra, en principe, favoriser l'émergence d'une élite politique féminine en dehors de l'axe de Rabat-Casablanca, en permettant à des compétences féminines d'optimiser leurs chances de se voir représentantes et porte-paroles de leurs régions.

De quelles femmes parle-t-on ?

Au-delà de tous les mécanismes visant la promotion d'un aspect purement quantitatif, l'aspect qualitatif semble ne pas être pris en considération.

La liste régionale des femmes risque de connaître le même sort que la nationale. Et pour cause, les décideurs politiques peuvent facilement imposer des militantes de Rabat ou de Casablanca au sein de la liste régionale de Marrakech-Safi ou d’ailleurs. Il se pourrait aussi que des membres de bureaux politiques, des responsables de la supervision des régions se jugent aptes à figurer parmi la liste des régions qu'elles supervisent.

Le pire des scénarios serait que lesdites responsables régionales lancent une guerre sans merci pour évincer les compétences féminines qui représenteraient des menaces potentielles aux yeux de certains(es) ambitieux(ses). Les relations personnelles ou familiales, ajoutées aux machinations et les fourberies politiques mesquines où des femmes incompétentes se dresseraient contre des femmes compétentes afin de servir leurs intérêts personnels en dehors de toute considération qualitative pourraient vouer à l’échec le principe de l'équité territoriale.

Pour anticiper par rapport à tous ces risques, il serait judicieux d'installer des règles éthiques qui protégeraient le principe de l'équité et de la compétence pour que les meilleures se lancent dans la course électorale et la gagnent.