Entretien: "L’impact covid a été beaucoup moins dramatique que ce qui était attendu"
Hassan Cherif Kettani

Impact covid-19 sur le secteur immobilier, redémarrage de l’activité, ambitions du groupe….le point avec le président d'un groupe immobilier, Hassan Cherif Kettani

LObservateur.info : Quelle évaluation faites-vous des répercussions de la crise pandémique sur le secteur immobilier ? Ce qui a été fait jusque là est-il suffisant pour relancer le secteur ?

Hassan Cherif Kettani : La crise du covid est une crise inédite qui a balayé tout ce qu’on prouvait prévoir en matière de gestion des risques. Généralement, je pense que nous avons bien géré cette crise compte tenu des moyens disponibles à travers les aides et les crédits accordées aux entreprises qui ont permis de sauver des milliers d’emplois. Pour l’immobilier, les quelques mesures mises en place telles que la révision à la baisse des droits d’enregistrement, ont permis de dynamiser les ventes des produits de moins de 4 MDH qui représentent 99% des transactions immobilières au Maroc.

Est-ce qu’on peut parler de redémarrage du secteur à l’heure actuelle ?

Au niveau du marché, certes il y a eu effet covid, mais nous avons remarqué que l’impact est beaucoup moins dramatique que ce qui était attendu. En juin, le marché a redémarré fortement même si les frontières restent toujours fermées. Il y a une demande structurelle surtout de la part de la classe moyenne. Autre facteur déterminant dans la relance, les taux pratiqués. Ces taux sont très bas aujourd’hui et ne dépassent pas les 4% alors qu’il y a 20 ans, les gens s’endettaient à plus de 12%. Les banques participatives ont permis aussi de booster le marché. L’année dernière, un crédit immobilier sur deux était accordé par une banque participative. Beaucoup de gens qui n’ont jamais fait appel au crédit bancaire, ont franchi le pas pour acquérir un bien immobilier en passant pas le système participatif. Tout cela, nous permet de dire que la relance du marché est sur la bonne voie.

Pour la relance du marché, la FNPI demande la mise en place d’une aide aux acquéreurs. Qu’en pensez-vous ?

Nous avons un challenge très précis au Maroc. Dans 20 ans, les principales villes marocaines vont augmenter de 10 à 11 millions d’habitants à travers la croissance démographique et l’exode rural . Le HCP prévoit en 2050 entre 80 à 85% d’urbains au Maroc contre près de 65% actuellement. Les 11 millions qui s’ajouteront, il faut leur préparer dès maintenant un logement adapté à leur pouvoir d’achat. On s’est battu pendant 15 ans pour lutter contre les bidonvilles. En l’absence d’alternatives, c’est un recul. On n’a pas le choix, il faut agir vite et trouver des solutions pérennes. Aider directement l’acquéreur, ou encore le promoteur...les discussions sont en cours pour trouver la bonne solution. Mais il faut dire que l’Etat a des impératifs de budget pour le moment. Difficile de lui demander alors en cette période de mettre la main à la poche. En fonction des possibilités offertes, on essaiera de trouver des arrangements pour mettre en place des mesures adéquates pour le futur.

Quel a été l’impact de cette période difficile sur vos investissements ?

Notre groupe immobilier veut aller de l’avant. Pas d’arrêt d’investissement, au contraire nous venons de lancer un nouveau projet d’appartements très haut standing à Dar Bouazza. Le montant d’investissement pour cette première tranche est estimé à près de 150 MDH et la livraison est prévue pour le troisième trimestre de 2023. D’autres projets sont aussi prévus dans le moyen standing à la fois dans le nord, le sud et la périphérie de Casablanca.