Hausse des prix du Transport maritime. Quels impacts sur le Maroc?
Le prix des conteneurs explosent, importateurs et exportateurs en subissent les conséquences

Le prix des conteneurs dans le transport maritime explose et les chargeurs subissent de plein fouet une hausse qui impacte à la fois les importations et les exportations marocaines. Le consommateur est aussi pénalisé.



Téléviseurs, climatiseurs, téléphones portables...les prix des biens de l’équipement en provenance de l’Asie flambent sur le marché. Le directeur général d’une société spécialisée en climatisation, Ismail Kettani parle d’une hausse des prix variant entre 7 et 20% selon les marques et l’origine des climatiseurs importés. Pour les TV, Omar Badis, gérant d’un espace dédié à la vente de l’électroménager, parle d’une augmentation de 30% sur le marché des téléviseurs, surtout les petits pouces. «Un téléviseur 32 pouces coûte 35% de plus par rapport aux tarifs de l’année dernière », précise t-il.

Chère pénurie

Cette révision à la hausse des prix s’explique par l’explosion du prix du transport commercial maritime observée au niveau international. «Dans le secteur commercial maritime, c’est la loi de l’offre et la demande qui prime. Et depuis la crise du Covid-19, les échanges mondiaux ont repris, mais les conteneurs et les capacités maritimes ne sont pas au rendez-vous », explique Mohamed Frata El Idrissi, président du collège des experts maritimes du Maroc (CEMM). Pour importer un conteneur de climatiseurs depuis la Chine par exemple, un opérateur a dû débourser 17.000 dollars alors qu’il ne payait que 3.000 avant covid, soit presque le triple. Mohamed Frata El Idrissi parle même d’un quadruplement des prix des conteneurs 22 pieds passant de 2000 à 10.000 dollars. Un sondage réalisé par l’observatoire marocain de la compétitivité logistique auprès de 54 acteurs marocains du commerce extérieur montre que 80% des entreprises exportatrices confirment avoir subi une augmentation des tarifs de location des conteneurs. Ce pourcentage est plus important chez les entreprises importatrices. 89% de ces entreprises ont connu des augmentations des tarifs et 54% des entreprises exportatrices ont vu leurs tarifs augmentés de moins de 50%. L’étude révèle aussi que plus de 43% des importateurs ont vu les prix augmenter de plus de 150% et 28% ont subi des tarifs de plus de 200%. « Ces entreprises traitent essentiellement avec l’Asie et l’Europe et les effets de la pénurie de conteneurs ont touché beaucoup plus les importateurs que les exportateurs », souligne l’OMCL.

Double pénalisation

Les opérateurs doivent faire face aussi au retard de livraison. D’après l’OMCL, 87% des entreprises sondées ont connu des retards de livraisons et 47% ont vu les délais de leurs exportations s’allonger par rapport à la situation normale. En gros, le retard oscille entre 15 et 30 jours pour 36% des importations et dépasse 50 jours pour 6%.

Un pavillon national, une nécessité

Selon les experts, la situation pourrait encore durer. « Et le Maroc qui n’a plus de flotte maritime commerciale, doit subir la tendance mondiale », regrette Mohamed Frata El Idrissi. D’après lui, entre 1975et 1986, la flotte de commerce est passé de 10 à plus de 70 navires et le pays comptait plus de 20 compagnies maritimes. Tous les besoins du Maroc étaient alors couverts à 25% ». « L’arrêt de mort a été ainsi signé dans les années 90 quand le Maroc s’est engagé dans le processus de libéralisation du secteur au moment où les tarifs au niveau national dépassaient de 35% ceux pratiqués sur le marché à cause particulièrement de la fiscalité qui constituait un réel hic pour les opérateurs », ajoute l’expert. Aujourd’hui, les entreprises sondées par l’OMCL plaident pour la mise en place d’un pavillon national qui réduirait la dépendance vis à vis des armateurs internationaux. A défaut, « il faut ouvrir un débat avec ces armateurs quitte à proposer des incitations les encourageant à servir la ligne Maroc correctement. Les opérateurs proposent en outre de simplifier davantage les formalités administratives en douane et accélérer les procédures pour qu’ils puissent récupérer ou expédier plus rapidement leurs marchandises